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Conversation
Historique des fouilles

Le souvenir de la cité antique de Mariana ne s’est pas éteint au cours des siècles et ses vestiges ont été maintes fois évoqués depuis le Bas Moyen Age.

Les premières découvertes datent de la fin du XVIIIe siècle et concernent l’archéologie navale. En effet, le 17 avril 1777 lors du creusement du canal de dessèchement reliant le Golu à l’étang de Biguglia les géomètres du Plan Terrier ont mis au jour les vestiges d’une épave préromaine (VIe siècle avant J.-C.) en parfait état de conservation.

Conscient du potentiel historique, les insulaires ont, dès le XIXe siècle, entrepris quelques fouilles archéologiques. Ainsi, le musée de Bastia possède un certain nombre de poteries mais, les premières véritables recherches archéologiques ne datent que de l’entre-deux-guerres. Depuis, plusieurs campagnes de fouilles se sont succédées à Mariana.

En 1936 et 1937,  Louis Leschi, directeur des Antiquités de l’Algérie, et Albert Chauvel, architecte en chef des Monuments Historiques,  entreprennent un travail de repérage du site et de ses alentours. Ils réalisent une série de sondages afin de donner une idée de l’orientation et de l’état de conservation des édifices. Ce sont les premiers à établir un compte rendu de leurs recherches accompagné d’analyses précises concernant Mariana.

A la fin des années 50, les campagnes de fouilles reprennent sous la direction de Geneviève Moracchini-Mazel. Elles se déroulent de 1958 à 1990 et sont incontestablement, à ce jour, les plus riches et les plus révélatrices. Elles permettent de dégager la basilique et le baptistère paléochrétiens de Mariana ainsi que le sanctuaire de San Parteo. Ce dernier se trouve en dehors de l’enceinte de la ville romaine dans une zone cimétériale reliée aux nécropoles du Palazzettu et de Murutondu qui ont également fait l’objet de fouilles minutieuses. Les travaux de Geneviève Moracchini-Mazel se sont aussi intéressés à l’habitat antique situé à proximité de la basilique ainsi qu’à une autre nécropole repérée à la périphérie est de Mariana au lieu-dit I Ponti.

La campagne suivante a été réalisée par Patrice Alessandri au cours de l’année 1994 lors du creusement d’une tranchée de 800 mètres de long allant de San Parteo à la cathédrale de la Canonica et qui était destinée à recevoir une canalisation d’assainissement. Les résultats de ces fouilles confirment que la zone cimétériale de San Parteo était reliée aux nécropoles de Palazzettu-Murutondu. Mais, étant donné l’étroitesse de la zone fouillée, les vestiges découverts se résument à quelques sépultures et à des ensembles bâtis comprenant du mobilier céramique, des métaux, de la verrerie et quelques monnaies.

Dans le cadre de travaux de restauration et de valorisation du site antique, une campagne de relevés est entreprise à la même époque. Cette opération a été également menée dans le but de renseigner les chercheurs désirant mettre en place les fouilles à venir. Elle constitue une sorte de préambule à une reprise de l'étude de Mariana. 

En 1998, Philippe Pergola avec la collaboration de Daniel Istria dirige une prospection-inventaire sur les communes de Lucciana et de Borgo. Cette démarche s'insère dans un projet d'étude de la colonie romaine. Les résultats de ces travaux laissent présager l'existence d'une ceinture de nécropoles autour de la cité ainsi qu'une concentration d'habitats dans la zone de piémont à l'ouest de la ville.

En 1999 et en 2000, Philippe Pergola entreprend une série de sondages limités à Mariana même et dans les environs de la cité avant de commencer en septembre 2001 une fouille programmée dans la partie sud des anciennes fouilles de G. Moracchini-Mazel. Cette opération se renouvelle chaque année durant les mois de septembre et d’octobre dans le cadre d’un Projet Collectif de Recherche intitulé « Mariana et la basse vallée du Golo de l’Age du Fer à la fin du Moyen Age ».

Enfin, en Février 2004, le Labiana associé au Cerpam de Mariana et l’association Curtis réalisent des prospections géophysiques sur le site antique et médiéval de Mariana. Cette intervention s’est portée sur une parcelle privée située à environ 300 mètres au nord de la cathédrale de la Canonica. Ces dernières ont eu pour but de contrôler les premières découvertes (1936-1937) et de préciser notre connaissance notamment sur les monuments publics, l’emplacement du forum encore inconnu. Ainsi, cette radiographie du sous-sol, très concluante, a permis d’évaluer le fort potentiel archéologique enfoui. C’est maintenant à l’archéologue d’interpréter les images en fouillant aux endroits stratégiques.