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Ducumentu
L'eau d'Orezza

UNE EAU QUI S'AFFICHE

La toute première affiche représentait un aigle impérial. Sans doute un clin d'œil à   Napoléon III qui avait fortement soutenu le développement de l'eau fer­rugineuse de Castagniccia.

Discrète, l'eau d'Orezza prend néanmoins plaisir à s'afficher et ce depuis fort longtemps. Hormis celles du début qui jouent sur d'autres références comme l'aigle napoléonien, les affiches vantant les vertus de l'eau pétillante se caractérisent par un élément récur­rent, un visuel féminin qui n'est pas sans rappeler une certaine Colom­ba mais varie, tant dans la forme que dans le fond, d'une époque à l'autre. L'affiche de Pierre Ribe­ra réalisée en 1891 représente une jeune femme corse posant près de la fontaine très ombra­gée, vêtue de noir et d'un fichu blanc, le sourire aux lèvres. Sur celle de V. Lorant-Heinbreonn en 1911 apparaît une jeune femme vêtue somptueusement et res­plendissante de beauté, mise en scène dans un décor théâtral. Quant à celle très graphique d'An­dreani (1950), elle est épurée, y figu­rent une bouteille d'eau d'Orez­za et deux personnages dont une femme à la silhouette élancée.

Pour marquer le lancement du premier produit de la gamme des eaux aromatisées, une nouvelle affiche a fait son appari­tion en fin d'année dernière sur les supports publicitaires; elle sera également l'un des moteurs de ce 150e anniversaire. Elle reprend le visuel féminin mais revu et corrigé par l'illustratrice Agnès Gojon qui avait également signé la précédente affiche. Contemporaine tout en jouant sur le passé, cette oeuvre, pein­te à la gouache dans un style graphique proche de la bande dessinée, rappelle la grande époque des affiches dessinées avant qu'elles ne soient détrônées par les photographies. Une époque que regrette Agnès Gojon car "l'impact du dessin est plus fort" estime-t.-elle.

Basée à Nice, cette dernière connaît bien la Corse pour avoir passé sa jeunesse à Ajaccio. Elle a souhaité donner une image dif­férente de ce personnage féminin emblématique, ici accompagné d'une petite fille, qu'elle charge d'une grande symbolique à travers justement un sourire franc. "J'ai voulu donner à ce dessin une connotation de fraîcheur et de gaieté", souligne l'artiste.

Tournée vers l'avenir, cette affiche entend délivrer un message résolument optimiste via cette jeune femme souriante qui prend le contre pied de l'image d'Épinal de la femme corse. Avenir également sym­bolisé, en forme de clin d'œil par la présence d'une petite fille qui montre, avec le lancement de la gamme "savurite" que la famil­le s'agrandit.