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Ducumentu
Aléria : la cave Depeille

Alanu DI MEGLIO

La cave Depeille

In vinaccia veritas

Vous avez remarqué ce grand bâtiment agricole recouvert de bombages, à l’entrée de U Cateraghju en venant de Bastia ?

On peut voir encore aujourd’hui la fameuse « cave Depeille » d’Aleria mais elle a l’aire d’un lieu déserté et sans aucun intérêt comme si l’endroit était un reproche devant l’indifférence des gens.

Ce n’est pas la même chose dans les livres ni dans l’histoire de l’Ile. Ce que nous appelons aujourd’hui les événements d’Aleria peut figurer parmi les quatre ou cinq dates les plus importantes du XXe siècle. D’ailleurs les analyses, les documents ou textes littéraires à propos de ces faits sont d’une grande richesse. On connaît la phrase répétée à l’envi : « après Aleria, plus rien ne sera comme avant ».

Il n’est pas question de réécrire l’histoire mais Aleria nous laisse une certaine amertume. Certains disent que cet événement met en branle trente ans de violence – n’oublions pas que le FLNC sera créé un an après – et d’autres voudront y voir l’explosion malheureuse mais nécessaire pour faire ressentir à un Etat aveugle et sourd l’immense injustice infligée à une île qui connaissait alors des conditions déplorables quant à son développement. Au moment des faits, Edmond Simeoni en personne refusa d’être lâché par l’Etat qui ne savait que faire et refusa tout triomphalisme ou déclaration de victoire devant les morts et les blessés.

Une île vidée et désertée, une île pobelle avec les affaires de l’Argentella ou des Boues rouges. On en était venu à un point tel que seul un coup de tonnerre paraissait pouvoir frapper la sphère médiatique pour mettre au grand jour la situation. Tout juste avant cela, ni Libert Bou ni l’Hudson Istitute n’avaient rien pu faire malgré avec leurs rapports  orientés vers un développement de la Corse tenant compte de la population dotée d’une histoire et d’une culture propres. Comme si le pays était resté vide depuis 9000 ans. Mussolini en personne n’avait pu réussir son coup de la « cage sans les oiseaux» …

Mais en définitive, quel jugement porte l’histoire ? Sur l’opportunité de faire Aleria, chacun donnera sa version. Mais à propos de la nature des causes qui entraînèrent l’occupation de  « la cave Depeille », aujourd’hui on reconnaît la disparité de traitement entre Corses et rapatriés d’Algéri quant à la dette des installations agricole et Henri Depeille ne cache plus les scandales du vin frelaté avec la célèbre« chaptalisation » qui fontionna comme un financement caché.

« In vino veritas »: en Corse le diction rend un son plus fort qu’ailleurs. En faisant la démonstration que l’on pouvait passer du scandale du vin frelaté à un vin de qualité de renommée  internationale, en tête des produits d’une conception nouvelle de l’économie, Aleria ne se sera donc pas fait pour rien.

Lochi Mondu , Albiana-CCU, 2011