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Ducumentu
La Sicile aujourd’hui

LES FREINS AUX INITIATIVES

 

L'initiative privée est très souvent freinée par l'habitude de recourir à l'Etat-providence et paralysée par l'immobilisme de la bureaucratie administrative. Non seulement les chefs d'entreprise du secteur privé sont dépourvus de tout pouvoir, mais leurs projets — et parfois même leur vie - courent de grands dangers s'ils choisissent de prendre des risques. Un homme un peu trop entreprenant se heurte rapidement à l'inertie de l'administration ainsi qu'à la coutume des pots-de-vin. La mafia réclame aux chefs d'entreprise le pizzo (tribut) qui leur garantit la tranquillité. Les plus récalcitrants des hommes d'affaires ne tardent menaces de mort par téléphone.

Les grands marchés publics, qui constituent le moyen par excellence du gouvernement central pour stimuler l'économie, sont corrompus par un système de pots-de-vin, de dessous-de-table et de fausses factures. L'écrivain Frederick Raphael décrit la Sicile actuelle comme « un modèle de corruption, de mauvaise gestion et de brutalité ». En parcourant l'île, on trouve partout des autoroutes inachevées, des musées in restauro depuis vingt ans, des projets d'urbanisation abandonnés, autant de puits sans fond dans lesquels sont engloutis les deniers de l'Etat !

Il n'est pas rare que des conseils municipaux soient dissous pour faits de corruption. En 1983, cinq mille citadins de Gela ont investi l'hôtel de ville et mis le feu aux dossiers administratifs pour protester contre une gestion déplorable de la municipalité. Ce conseil fut de nouveau suspendu en 1992 après que ses membres ont été accusés de complicité de meurtre.