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Ducumentu
Places

Les villes et les villages s’organisent autour de la place. On l’appelle « la piazza » en Italie. En Corse, c’est le même mot. C’est le centre et le coeur de l'agglomération.

À Pachino, en Sicile, dans la province de Syracuse, la place est un grand carré au sommet d'une colline. Toutes les rues y confluent. Autrefois les paysans venaient y battre leur blé. La place de Pachino, au début lieu de travail pour les paysans, garde, dans sa configuration géométrique et simpliste, le souvenir de son origine utilitaire.

Ici ce n’est pas un lieu de passage, ouvert et venté. Mais pourquoi un lieu clos ? Parce que la place est le lieu où l'on vit. En France on vit chez soi, à l'intérieur de la maison. Quand on sort, c'est pour se rendre dans une autre maison. En pays latin, on ne vit pas chez soi, on vit dehors : mais il faut que ce dehors, pour être lieu de vie, ressemble à un dedans. D'où le compromis de la place : lieu extérieur mais fermé, où l'on savoure la sensation d'être en sécurité, à l'abri. L'avantage de la place sur la maison, c'est qu'on y est ensemble. Le Latin a horreur de rester chez lui, parce qu'il s'y sent retranché, exclu de la chaude compagnie des hommes et des femmes. La place répond à la double aspiration vers le refuge et vers la compagnie. La place représente la solidarité entre tous les membres de la communauté.