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À l'antigona

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SCENA 1

CANTU DI L’INIZIU

“ O grande Mamma, o terra generosa,
signurona maiò di tutta la Natura,
tù chì mi vulisti vergine è sposa
solu di u diu di e fureste oscure,
salva mi. U mare chjode e so porte
è u fiatu pisiu di sta furia
hè ventu è focu di passione è di morte.
O Mà, o mà, salva a to criatura ! ”
A ninfa Aretusa pricava Madre Natura.
E lacrime tufunonu a petra
cum’è un cultellu taglionu a lastra
è falonu più inghjò, duve u mondu hè tetru :
pianu pianu a pelle si fece altra :
capelli, ochji è bracce di a zitella
sò cambiati in acqua, fantasima di un’onda.
Ci corre una chjama, tira un ventulellu
Tandu a tomba parla, cù una voce prufonda...
Nisunu altru a sente : hè sola Isimena.
Pensa ad Aretusa, ninfa niscentre è pura...
Ind’è l’acqua più limpida Aretusa hè ciumbata
puru di francà si a passione impura
di u titanu Alfeu chì li si hè achjiccatu.
Per boschi, ghjargali è fiumi rughjanu i so lagni,
a terra hà trasaltatu, l’aria ne hè spaventata,
ne stinzanu u ribombu e più alte muntagne :
L’amore ùn si pò fughje : u distinu hè signatu.
L’amore dà spaventu s’ellu hè roba umana.
Isimena sunniava l’unione immateriale
di cori senza corpi, l’ansciu di un riturnellu,
l’armunia chì sfrisgia è chì ùn stringhje mai,
un sintimu suttile, un sgrignu di purtellu,
musica di una prumessa, un futuru attempatu.
Cridia un giuvanottu è po u so ritrattu,
marchjanu tremindui cù l’anima felice,
Era amore zitellu, era un amore piattu,
Suttile cum’è un sguardu chì ùn parla ma chì dice.
Ma spunta un’ombra è si pesa a teghja :
face cennu di nò Antigona chì i feghja

PROLOGU

J'ai réussi. J'ai osé. Il y a longtemps que je désirais me retrouver seule avec toi. Tout le théâtre est là, comme je l'imaginais, tendu à craquer. Vide, en apparence. L’air est saturé de drame et de souffrances, de déchirements encore lovés au fond des cœurs et de désirs au fond des corps. La seule incertitude est l’heure à laquelle ça va arriver. Il faut très peu de choses : l’étincelle d’un regard, un mot cruel -ou tendre, c’est la même chose le plus souvent- et une longue traînée d’angoisse court partout et sa flamme, longue et drue s’envole jusqu’aux cintres. Moi, à chaque fois, je crois que je n’y survivrai pas... et je reviens, à chaque fois.

Maintenant, c’est enfin l’heure de notre tête-à-tête. Toi, tu es encore tout frémissant des bruits, des mots, des rires et des pleurs. Moi, j’attends... Je suis au point précis où l’on entend les paroles qui n’appartiennent qu’à toi.

Je les écoute toutes, avide et attentivement... Je les déchiffre. Surtout quand elles portent des émotions surprises et interrompues. Je les décrypte. Je suis la grande décrypteuse des émotions inabouties, des passions qui n’ont pas eu le temps d’éclore tout à fait, vu qu'on se ressaisit toujours, à la lisière de l’abandon total.

Cette manière de parler qu'ont aux lèvres les personnages ! Ailleurs, on ne trouve guère que deux mots sur dix pour avoir et faire sens. Ici, ils sont tous précieux, les mots. C'est curieux,j’aime même entendre ma voix qui dit, et , qui en résonnant, me rend à moi-même, en quelque sorte. C’est étrange, mais ici, j’éprouve un indicible besoin de parler avec des mots neufs, autres, différents. Grandis. Ici, parler m’est aussi essentiel qu’inutile. Même le silence, ici, prend sens.

Ce soir, comme moi, toutes les personnes présentes n'ont pu s’empêcher, j’en suis sûre, de verser des larmes et de croire, avant que la lumière revienne, qu’elles étaient Antigone, la petite noiraude maigrichonne, entrée en rebellion contre son oncle le roi Créon. Ca, c’est vraiment ta magie. Tu vois, moi aussi, j'ai haï, j'ai aimé, j'ai eu peur, j’ai vécu en silence toute la tragédie d'Antigone, et celle de Créon aussi... J’ai même pleuré, je te l’avoue, quelques larmes versées à la dérobée et que j’ai laissées sur ma joue -un voisin a si vite fait de repérer le geste, même discret, qui essuie dans le noir . On se laisse toujours avoir. Au théâtre, on sait que rien n’est réel, mais tout y est si vrai, si juste cependant!

C’est bizarre, ces vieux mythes : des princes, des rois, des têtes couronnées, des héros et des dieux, des histoires de châtiments et de mystères qui nous sont étrangers et, en même temps, étrangement familiers... Une inquiétante étrangeté familière nous enchaîne à la tragédie, à ces cortèges de personnages vêtus de noblesse et d’infortune. Nous sommes dans leur lignée, nous marchons avec eux. Il y a foule sur la scène des mythes. Tout le monde concerné, impliqué. Chacun monte à son tour pour y subir son sort. Il suffirait qu’Œdipe m’appelle : j’entendrais mon nom, me lèverais, monterais, lui prendrais des mains son poignard et me le plongerais dans les deux yeux ! Quand Créon entre, je le suis et c’est encore moi quand survient Antigone. Pas seulement à cause de leurs idées. Bien sûr, elle a raison, la jeune fille, avec son amour exclusif qui dit tout, en une fois . D’une seule voix... d’une seule foi : les convictions, la liberté absolue, le respect de la personne humaine jusque par-delà la mort, un sentiment si fort qu’elle a résolu d’en mourir, parce que, si elle l’avait voulu, elle aurait pu regarder le soleil en face sans même cligner des yeux...

Quant à Créon, il n’a pas le beau rôle dans ces tourments de sentiments et de serments où la lumière du jour se fait noire plus que les ténèbres et où la mort et la destruction se parent à tout instant des traits de l’Absolu. En plein cataclysme, alors que toutes les choses humaines et divines sont bouleversées, voilà notre monarque qui se retrousse les manches pour accomplir son métier d’homme et de bon père de famille. Le roi se prive des gratifications du drame et prétend que la vie vaut la peine d’être vécue. Il étend les bras dans un geste de protection et couvre de son ombre tutélaire toute la cité de Thèbes avec toute sa population : dans une main le Code civil et dans l’autre le Code pénal : beau tableau. Un chef politique, un vrai. Dévoué corps et âme, fort, inflexible et surtout fidèle, un homme d'idéal : la chose collective, le peuple, la cité, mais -dommage !- l’époque n’était pas aux héros sociaux.

Au fond, il était comme sa nièce. “ U sangue ùn hè acqua ” dit le proverbe et, au théâtre, il s’applique à nous autres aussi. Créon et Antigone ! Ces deux-là nous engendrent par chacun de leurs mots, de leurs signes de tête et des froncements de leurs sourcils.

Je crois même qu’ils se chérissaient, l’oncle et la nièce, d’une affection d’autant plus forte qu’ils sont les parents d’Œdipe. Ils étaient prêts à avoir des égards l’un pour l’autre, des attentions, des gestes de tendresse et d’émotion. Mais attention aux paroles, aux phrases, aux mots qui sifflent comme les pierres libérées de la fronde et s’en viennent frapper d’un coup sec, en pleine tête. En plein cœur...

J’aime et je redoute les mots car ils portent en eux leur propre trahison. Nous avançons dans la vie, la gorge pleine de paroles comme les garnements bourrent leurs poches de cailloux ou de bonbons. Une fois nos poches vides, nous ne savons plus si nous avons distribué des douceurs ou des mauvais coups. Peu importe le prétexte et le style : seule la cible compte et la beauté du coup à porter. Seulement voilà. Au théâtre, ce soir ce n’était plus un jeu, mais la tragédie. La vérité. La révélation crue des forces qui nous traversent et nous mènent inéluctablement à la mort. Une fois les quelques mots fatidiques jetés, l'engrenage s'ébranle et c'est avec une jouissance terrible que nous nous entre-déchirons. La fièvre de l’entre-destruction, de l’entre-dévorement que nous procurent, toujours, les paroles de l’entre-nuire, de l’entre-haïr : et les êtres aimés jusqu'alors se découvrent tout à coup, hideux et menaçants. Ennemis... Il suffit d’une insinuation, un prénom, une syllabe, avec une mimique de regret, comme si on l’avait laissé échapper sans le vouloir. C’est fait : l’arc est bandé, il suffit d’un tour de clepsydre pour voir la foudre tomber.

Pourtant ils donnent tout, ces personnages et nous dotent d’absolus dont nous n’avons pas la force de nous croire capables, sinon dans les brefs instants d’illusion où le spectacle nous rend identiques à eux. Intenses et déplorables, enfin vivants.

Naturellement, au début, les deux petites frappes d’Etéocle et Polynice ne justifiaient pas vraiment le sacrifice d'Antigone ni celui Créon leur oncle. Ils devaient régner sur Thèbes un an à tour de rôle, mais au terme de la première année, Etéocle refuse de céder le pouvoir. C’est un putsch qui met en branle la machine infernale. Polynice s'allie à sept princes étrangers pour attaquer les sept portes de Thèbes. Les sept princes sont vaincus et les deux frères s'entre-tuent. L'histoire aurait pu s'arrêter là mais Créon le roi, pour faire un exemple, décrète qu'il faut punir quiconque menacera la cité : interdiction de donner une sépulture à Polynice. Par contre il organise d'importantes funérailles pour Etéocle. L'histoire aurait pu s'arrêter là mais la petite Antigone brave la loi et enterre son frère, parce qu’elle croit qu’elle le doit. Créon la condamne et la fait exécuter, parce qu’il croit lui aussi qu'il le doit. Il ne le voulait pas, personne ne le voulait et pourtant chacun a reçu sa part de tragédie.

En fin de compte, nous sommes tous comme eux, un peu innocents, et coupables un peu, mais foncièrement victimes.

Il y a ce soir, ici, des craquements inexplicables, des plaintes, des soupirs écrasés. Je les entends et tu dois t’expliquer. Tu n'es sans doute qu'illusion, mais l'illusion est justement le contaire du mensonge, car tu effaces les masques de notre quotidien et nous restitue la part essentielle de notre condition.

Tu craques, je t'entends, je te sens crisser partout. Les bois de tes charpentes vibrent encore de l’action représentée. Les personnages vont surgir des recoins de ton ombre et l'histoire va se continuer. Ils reviendront, les vivants et les morts, et ils se camperont face à la béance de la salle pour poser leurs éternelles questions d’homme. Ils diront leurs éternelles certitudes et nous aurons à deviner s’ils doutent eux aussi comme nous, quand les événements passent trop vite pour s’imprimer dans le regard ou quand le malheur est trop grand pour que nous sachions combien il faut aimer la vie.

Tu crisses et tu craques, j'entends mille bruissements. D’habitude, nous n’aimons pas le silence parce que nous ne savons pas d’où vient cette immense rumeur prête à submerger notre vie de tous les jours. Alors nous avons inventé une expression. nous disons : “ Ce n’est rien. C’est le bois qui travaille ”. Mais moi je sais qui travaille. C’est le théâtre, c’est l’action qui se tend de nouveau, qui prépare leur retour.

Mais, tu sais, je te ressemble. Tu es dans ma tête comme je suis, en ce moment, en ton sein, et tout à l'heure quand ils reviendront Créon, Ismène et tous les autres c'est en nous deux qu'ils seront comme dans l'imaginaire de tous ceux qui étaient là ce soir. Alors, un semblant de lueur tremblotera peut-être dans un recoin de notre propre labyrhinte. Nous fera-t-il faire un pas vers ce que nous voudrions devenir.

SCENA 2

ISIMENA, A SERVA

A SERVA : Ma cosa diventeremu s’è tù ti ci metti ancu tù ! Ai decisu ancu tù di rivultà ti ? di pisà ti contru à a lege ! Contr’à Ellu ? Ùn ti scurdà ch’ellu hè u Rè... Invece l’altri, ùn ci sò più... Ùn si sentenu più e so voce... È si ne squassa ancu u nome...

ISIMENA : Il y a longtemps que j’entends les miens qui ne sont plus. Ils m’ont appelée longtemps sans que je les entende, et puis, un jour, je me suis retournée et je suis venue. Les voix venaient d’ici. Depuis, je viens près de la tombe, ouverte au ciel et petit à petit, toute la nuit se verse lentement dans la bouche de la tombe. Je couvre de mon corps étendu toute la froideur du marbre et ils me parlent. Antigone surtout. Chaque étoile, chaque rayon de lune y entre sans bruit et au matin, j’entends leurs voix.

J’y vais comme si quelque chose d’irrésistible m’y appelait. La mécanique inéluctable de leurs appels m’envoûte. Hémon, Antigone, mon père... De grands rouages silencieux qui s’entraînent l’un l’autre. Ils produisent une musique étrange, un mouvement admirable et parfait. Et soudain, je remonte le temps, je redeviens une enfant et je comprends ces voix. C’est bête, mais tu te souviens la grande clepsydre que père avait fait installer au pied du grand escalier du palais, au temps des jours heureux ?

A SERVA : Iè, chì mi n’arricordu ; pocu cunvugliu per sceglie u locu, l’altura, a forma, a misura. L’architettu scimia, ma a ci anu puru fatta... Sa silhouette élégante se détachait bien sur le feuillage sombre des grands sycomores... Oghje, cù issa guerra maladetta, isse cose sò à l’abandonu è a machja si manghja a metà di u giardinu.

ISIMENA : Eh bien ! c’est à la clepsydre que j’ai pensé immédiatement. Une idée curieuse qui s’est imposée à mon esprit. Un mouvement placide comme les heures qu’elle égrenait dans ses godets mouillés et ruisselants de bruits. C’était au temps des jours heureux. Leurs voix m’appellent. J’entends Hémon et Antigone et puis notre compagnon de jeux. Tu te souviens de ce petit esclave noir et malicieux...

A SERVA : Disgraziati à noi ! A mo figliulella si face a fronte trista è e masche pallide à girandulà per e machje di u passatu ! Hè compiu, sfinitu, scurdatu, u passatu ! Hè troppu pienu à larime è à disgrazie. Feghja oghje, u presente, u mondu di avà, a nostra sucetà chì si face, u cumandu fermu è paternu di u nostru Rè, Creone...

ISIMENA :Justement ! C’est de lui qu’elles me parlent, les voix que j’entends et les formes que j’embrasse, quand se présentent les ombres de ceux qui ne sont plus. Je ne le vois pas comme vous. Il est pour moi un tyran, et je le découvre embusqué au coin de chaque rue. Même l’air se glace d’effroi en entendant sa voix, ses pas, son nom. Les prisons sont pleines de ceux qui ont osé contredire ses ordres, faire entendre la voix de la pitié, de la concorde, de la réconciliation. Et quand les portes s’ouvrent, c’est pour les conduire à la mort. On raconte que la nuit, il parcourt lui-même les rues et la campagne, à la tête d’un groupe de sicaires assoiffés de sang. Le peuple se tait, le peuple se terre et Thèbes plie sous son joug.

A SERVA : Sì propiu inghjusta contr’à ellu ed hè u dulore chì ti face parlà cusì. U rè ci hà purtatu a pace. U populu hè zittu chì hè ricunnuscente. Ne hà una techja di soffre, u populu, vulemu gode ci a pace bella è po campà !

ISIMENA : A quoi sert la vie si c’est une vie d’esclave ? une vie pour trembler ? et feindre d’aimer le tyran qu’on abhorre ?

A SERVA : Chjuccuta ! Intestarda ! Ce n’est pas un tyran, mais un homme de cœur ! È un omu d’onore ! Hà ghjuratu di sacrificà tuttu pè a Patria è a Pace ! A ti dicu è a ti ripetu ! Tutti issi sforzi indarnu ! È dì chì ogni minutu di a mo esistenza u li aghju vulsutu dà à ella, è fà li sminticà a storia orrenda di e sgiagure di i soi. Aù ! ùn ci aghju mai pussutu fà nunda. Eiu è l’altri prima di mè. Hè scritta cusì chì sò cose duv’ellu si intreccia u sangue, u razzinu è u Pudere. A brama immensa di u Pudere. Di pisà si davanti à l’altri, davanti à l’ordine è po di sfidà. Pocu impreme cosa nè quale. Di sfidà. L’amore di a sfida.

ISIMENA : Non, l’amour de la liberté et le respect de ceux qu’il a fait périr. Le devoir de mémoire.

A SERVA : Aghju avutu modu à dà li amore è affezzione, ùn sentenu nunda. Di prima, Antigona, indispettita cum’è una mosca durante i sulleoni. Ùn hà avutu retta fintantu ch’ella ùn era sigura di esse ammazzata. È po avà, ella, a più cara, Isimenuccia, chì tuttu a purtava à a felicità. Ma quale a pudia pensà ? ! Aù ! i figlioli cum’è u babbu. Sò cum’è u babbu Edipu è cum’è tutti i nostri principi. Avete una giuvanotta bella, dolce è gentile, chì ùn pensa chè à a vita è à u tempu da vene, è po di un colpu, u celu si hè abbughjatu. Sapemu ch’è no avemu barcatu una fruntiera è ch’è no simu da l’altra parte, duv’elle stanu à l’appollu e Sfinge è e Disgrazie. Disgraziata à mè chì li possu solu amore è solu lacrime...

ISIMENA : Les ombres m’appellent et le devoir de vengeance. Ce soir, à l’heure où j’irai les retrouver, je leur dirai la bonne nouvelle. Tout est prêt. Chacun des conjurés sait où il doit agir. Si les Dieux sont avec le juste, et s’il est vrai que la vérité existe, Créon, tes heures sont comptées. Et je serai celle qui a délivré Thèbes du monstre qui lui suce le sang et fait périr les meilleurs de ses enfants ! Et lui, mon aimé, il m’aura donné, en m’aidant à terrasser le nouveau Sphynx, la plus belle des preuves d’amour...

Hè ghjunta l’ora turchina
Chì annanna a passione
A Furtuna si rinchjina
È saluta a nostra unione
Hè l’ora di u spusaliziu
Cusì bellu u sacrifiziu
Ci stringhjeremu a manu
Salleremu u nostru pattu
A memoria di l’anziani
Ci vole vede à l’attu
Senza tremu nè frizzione
Tuttu ci chjama à l’azzione
È po compia a vindetta
Sarà l’ora di riposu
Sarà l’ora prediletta
U ghjornu sarà festosu
U populu ci hà da fà festa
Teba ùn sarà più mesta
Saraghju la to cumpagna
È tù gran triunfatore
Di tè più nimu si lagnaSarai u mo imperatore
Accogli a mo prumessa
Quella di una principessa

SCENA 3

CREONE, U GENERALE, ISIMENA

U GENERALE : Innò, ponu puru minà un’altra volta s’ella li si pare ! Ùn face nunda ùn face. S’ellu era da fà, voi, Creone u rè, riferebbete listessa cosa senza anscià, senza trimà ! Ch'ellu un credinu micca ch’è vo vi stancarate è ch’omu vi si hà da vede rinchjinà. Noi, i vostri didati, sapete qual’è vo site !
Creone, un nome cordu, zeppu è tostu chì sona cum’è un castagnu scuzzulatu da a burriana. Ùn mancanu nè assalti, nè inghjulie, nè tradimenti... Nè ferite dulente à u fondu più fondu di l’anima vostra. Ma ùn sarà detta ch’elli vi anu da fà calà u capu ed a vuluntà. Site u rè è starete fermu ad aspettà altre timpeste, s’elle venenu...
S’elle venenu, ma dopu à ciò ch’è no avemu vistu, di peghju ùn pò accade.

CREONE : Di prima a maledizzione, a strage di a Sfinge è l’ora spiombate di a Pesta nera. È Ghjucasta chì si impicca, è Edipu chì si acceca, è i nimichi à e porte, è i nimichi in a cità, i figlioli chì si sterpanu.

U GENERALE : Ci vulia una regula. Iè, ci vulia.

CREONE : Micca pè a lege, nè pè a verità. Quesse sò parolle viote. Innò, era pè u populu. Per l’esempiu. Pè crede ci. Pè a dignità di i principi è di u tronu. Allora, Antigona... Era zitella…

U GENERALE : ma ci vulia. Era scritta. L’hà decisa ella, a so morte. Ùn si sfida l’ordine è à chì sfida more.

CREONE : U mo core si hè piattatu da pianghje la , ma a mo manu ùn pudia trimà, ùn devia ! chè ? quand’ella hà minatu ! chè ? È a mo voce, pudia trimà quand’ella hà cumandatu, chè ??!!

U GENERALE : Fermi, solidi è palatini. Eccu ciò ch’è vo ci devite, voi altri Rè.

CREONE : Hè vivu u dulore

U GENERALE : ma a lege ferma.

CREONE : I dui masci, à dì la franca, ùn valianu tantu è ghjuntu à conti, quale sò stati i pacarelli ? L'altri dui, Antigona è Emone, eranu nucenti nucenti, è puru anu pacatu e tuntie sanguinose di Puliniziu è Eteoculu. Issi dui curciarelli eranu propiu nucenti è mi crepa u core di pensà chì l’aghju fatti more eo... Oimè ! a mo sorte, oimè, distinu cum’è tù si cane !...

U GENERALE : Ma ci hè vulsuta cusì. Ùn anu vulsutu sente nunda. Chjuccuti cum’è petre !
CREONE : Ed eo sò statu ubligatu, chè ? sò statu ubligatu !

U GENERALE : Ci vulia cusì, ci vulia ! Pè a cridanza è per a lege.

CREONE : A mo lege... A mi anu fattà pacà caru a mo lege, andate puru. Ma era u mo duvere davanti à u populu, davanti à a patria.
O Emone, u mo figliulellu, caru di mè è di mamma ta, curciarella più chè mè. Sciagurata Euridizia... Da ch’ella hè intesu a sintenza sulenne lampata contr’à tè, o Emone, mammata hè cumu s’ella fussi andata ancu ella... luntanu... quallà, al di là di a pena, quandu a suffrenza hè troppu alta. Troppu suffrenza... stroppia a mente ! Quand’ella hè troppu maiò a suffrenza, u capu fughje, u capu si ne và...
(si vede à Isimena in fondu à a scena... Parla (recitativu)
 

CREONE : ... Ancu di grazia, ci hè Isimena. Un fiore. Isimena a meia. A mo nipote più cara. Una prumessa di avvene felice per mè, è pè u mondu. Durante l’anni aghju avutu a paura di vede rinasce in ella a maledizzione chì pesa nantu à a sterpa di Laiu è di Edipu è chì l’hà tombi à tutti. Aghju trimatu sti pochi ghjorni quand’ellu hè vultatu u veranu perchè chì u veranu face impazzì e femine.
U veranu... più veranu, più periculu... Hè sempre tandu ch’ella volta a disgrazia, purtata da u prufume di u fiore novu chì sparghje l’amore è l’alloppiu. A portanu dinò i ghjargali chì si ingonfianu di tutte e neve strutte quassù in cima à e muntagne è si lampanu à rotta di collu in e nostre cità sparte in pianure. Hè dinò tandu ch’elle si dichjaranu e vergine di u destinu, l’Eumenide furibonde è venenu à allughjà si in core à e nostre zitelle candide è pure, è nucente cum’è l’acqua tranquilla. È ùn le ricunniscimu più chì diventanu mostri è sfidanu e nostre lege umane. Cusì fù per Antigona. È cusì temia ch’ella fussi per Isimena.
Allora, sò corsu à fighjulà chì hè statu prumaticciu quistannu, u veranu. Sò andatu à rende mi contu. L’aghju sculinata in giardinu. Cum’è sempre. Era sola. Era l’alba. Pudia accade tuttu. Ùn mi vidia micca. L’aghju fighjata. Passighjava pianu pianu è ùn si sentia chè u scrimizime di a gravetta sottu à u so pede ballerinu. Hè andata una stonda è po si hè firmata, cum’è di solitu, à fighjà u rutone di a Grande Clessidra ch’è no fecimu mette tanti anni fà di fronte à u palazzu.
Era in tempu di i ghjorni felici. Soca Isimena ci pensa sempre ed hè u so ritiru è u so cunfortu.
Isimena cerca agrottu in u ricordu nustalgicu di e stonde beate. Eo, sò statu rassiguratu. Isimena ùn si hè dichjarata ed ùn ci hè penseru ch’ella si dichjarghi. (vede à Isimena chì passa senza vede lu)
Ah ! Ma eccu la, veni quì, o figliulella cara. Era in brama, sai, è mi faci tantu piacè. Veni è posa chì l’ora hè bella è ch’è no avemu tutti bisogni di reghje dopu tanti strazii. Veni chì l’ora hè bella pè e famiglie chì si stringhjenu è chì si tenenu. Veni è dì mi, cum’è tù mi dicia prima, tandu, quand’è vo erate zitelli... in tempi passatoni...(esce u generale)

ISIMENA : Ils disent tous qu’elle a perdu la tête, notre Eurydice...
(Isimena pare ch’ella ùn lu veca ; smarrisce senza risponde)

CREONE : (firmatu solu) Cum’ella hè scappata in furia ! Paria ch’ella seguitessi un’ombra, un nulu, un sognu, qualchì fantasima ? ( sorte cum’è per parà la)

ISIMENA (si affacca dinò, sola è stà vicinu à a tomba) : Perdre la tête ! C’est une expression bien étrange et bien révoltante pour des gens qui décapitent et tuent au nom du réalisme politique, au nom des affaires, de la cité et de la patrie. Quand Hémon a été conduit à la mort, elle n’a fait ni une ni deux, Eurydice. Elle est allée à la fenêtre de l’est, celle du soleil levant. Les prêtres disent qu’il ne faut jamais s’y exposer parce qu’il vous troue la cornée. Il pénètre jusqu’à l’âme et rend aveugle. Ce n’est pas vrai. Eurydice y est allée ce jour-là, et quand elle est retournée dans la pénombre du palais, elle avait retrouvé le sourire. Créon a voulu la prendre dans ses bras, pour apaiser sa douleur. Elle regardait au loin. Elle l’a écarté d’un geste lent, mais résolu. Puis elle a demandé sa corbeille à tricot, elle a pris ses aiguilles et s’est mise à l’ouvrage. Depuis, elle ne s’est plus arrêtée. Elle tricote tout le temps. Je m’approche et je la regarde de tout près. Vous verriez comme son regard est étrange, paisible et profond... Il n’y a plus de blanc, ni de pupille, ni d’iris dans ses yeux. Ils sont d’un bleu uniforme, comme la mer en contrebas du rempart de l’Est. Elle a retrouvé ses esprits, Eurydice et je crois qu’elle leur parle. Elle est tout le temps avec eux. Je l’envie d’être en conversation avec les Ombres de ceux que nous avons perdus. C’est pour cela que je vais me coucher sur leur tombe. Elles vont se manifester. Venez ombres, esprits de ceux que j'aime, venez éclairer notre triste monde de votre vérité, lumineuse et pure, venez me donner le courage de terminer ce que vous avez initié !!! ( s'adrumenta)

CREONE : Tuttu issu marmaru... Issu silenziu... è issa friscura di un colpu ! è issa zitella chì dorme quì ? (stupitu) : Isimena ! Cum’hè ? Hè esciuta culà, è a ritrovu quì ? Ma chì sò issi misteri ? isse magie ? Chì saranu issi visi chjosi, isse facce tetre, isse bocche cusgite ?
Tuttu issu veranu ! Isse chjame da ammulisce ci a vuluntà... da fà mi svià da u mo duvere di guvernu è di cumandu !.. ùn ci hè bisognu à vene à castigà à mè. Ùn ci sò per per nunda eo, in tuttu issu rimore, tuttu issu rimuschju !
Ùn vogliu sente nunda ! Tuppate finestre è finestrini è fate tace acelli, fiumi è fiumicelli ! Chì tutta a natura si rinchjinghi davanti à maestà reale di Teba è l’ordini di a mo lege.
Pudere ! pudere bramatu tanti anni è suspiratu ! Innò, ùn t’aghju coltu à l’arruchjata di u distinu per lascià ti fughje à a prima occasione ! À a prima sbuffulata di un veranu prufumatu chì desta tutti i vespaghji, indispettisce u core di i giuvanotti è impenserisce a fronte di e zitelle innamurachjite di i so sogni !

SCENA 4

CREONE, U GENERALE

CREONE : Bona ! Dice ch’elli averianu vistu qualcosa, i to suldati !

GENERALE : Vistu, vistu... Vistu, ùn si pò dì, à dì la franca, ch’è no abbiimu vistu qualcosa... Hè più un’impressione, hè più cosa si dice...

CREONE : È chì si dice ? Stu populu si imbriaca di vinu è di diciulimi ! Ma chì avaranu à intrischjà in e so cantine piene à puttachji ?

GENERALE : Iè, propiu, hè ciò ch’o dicu sempre eiu. Per disgrazia, a truppa frequenta e cantine... Ma ùn li si pò interdisce ! Senza cantine, a truppa saria sempre in rivolta contr’à l’ordini.
Allora e cantine ? Meza bastunata. Ma hè ghjusta ch’ellu hè megliu à ùn andà ci... Avia un’urdunanza ! un tippu cum’ellu i vole, una perla. Nisun difettu, ma e cantine, sempre infrugnatu custindi. Eo li dicia sempre : ùn corre per isse cantine, pensa à pena à mette in zecca invece di sbrusgià. È bè, quessu, o sceffu, s’ellu era statu astutu è risparmià una cria nant’à a paca, è bè oghje si guderia una ritirata scuccagnata. A so casetta in campagna, un ortu cù e so fave è i so miloni, in carciula u mannarinu è una sciocca à u piottulu. Invece nò, hà spulatu hà spulatu è avà...

CREONE : Hè strana, ma o mi sbagliu o cerchi l’avvinte chì ci hè qualcosa chì vi frastorna. Parla chì sai di pudè parlà. Lasciaisse chjachjare è dì issò ch’è tù devi dì... A sai chì aghju sempre datu capu è crianza à u parè di i mo ministri è cunsiglieri. L’armata, ancu ella, ti hà a so parte in un guvernu cum’ellu ci vole. Allora, parla senza frizzione...

GENERALE : Ùn hè micca faciule à dì. Noi, militari, ci vene megliu àassaltà una piazza forte chè à dà l’impressione di tradisce o palisà... In più chì nunda hè siguru...

CREONE : Ùn ci hè penseru da avè. A mo sola primura hè u bè di stu paese è, per quessa, sò prontu à cappià tuttu u restu. Allora, mi pare chì quelli chì sò cù mè, chì travaglianu cù mè, ch’elli mi possinu fà cunfidenza...

GENERALE : Sò cose delicate... L’armata hè fatta pè a guerra è simu in pace...

CREONE : : À puntu ! Hè tempu è ora di fà la finita cù a guerra è di circà à purtà à tutti duv’è no vulemu andà. A pace si face è à chì tace, ùn face pace !
GENERALE : U pruverbiu hè ghjustu è a vostra parolla dinò, o Maestà. Ma noi, i militari, ùn vuleriamu micca cumprumette à nimu. Nomi propiu, ùn ci ne hè. Hè piuttostu una voce chì corre... I partiti è i contrapartiti : dice chì ci hè in a cità à chì diciuleghja è à chì si lagna !

CREONE :À chi si lagna ùn hè macagna ! Basta ch’elli rispettinu e lege ! Pè u restu omu hè liberu, ancu di criticà !

GENERALE : Eh, ma diciuleghjanu in piazza, movenu e vechje storie, si infieriscenu... è si sà, quandu si rimuschja trà e vechje zirme, colla amarezza, rancore è stizza !

CREONE : U passatu, a memoria ! sempre listessu prublemma. Ùn hè ch’ellu ci vogli à scurdà si di tuttu ma, pè i ricordi, ci sò i mumenti più favurevuli chè oghje. Oghje hè u presente è l’avvene chì sò più da curà. Dumane, quand’ella sarà assigurata bella bè, a pace, vogliu esse eiu u primu à celebrà a memoria di i nostri guai è guarisce isse vechje ferite...

GENERALE : Ùn simu micca à cose generale. Ci hè un’antra cosa. Hè più grave. Ci vurria à malfidà vi. Ùn hè cosa spuntanea. Dice chì ci hè qualchissia chì manipuleghja pè daretu.

CREONE : Quale hè ? S’ella hè vera, ùn ci vole à tricà.

GENERALE : Sò cose delicate... Ùn vuleriamu micca cumprumette à nimu, dicenu chì sò in dui. Un anzianu schjavu ch’è vo averiate fattu tumbà è chì ùn hè micca mortu. I suldati chì u devia scannà ùn anu micca avutu u curagiu, l’anu lentatu è u zitellu hà ghjuratu un ghjornu di vindicà si è di tumbà à voi.

CREONE : Fole vechje è puttachji di carrughju !Ùn si pò reghje s’omu stà à sente è stà à sente ancu i schjavi fughjiti !

GENERALE : Iè, ma a ghjente ci hè per stà lu à sente.Và da cantina in cantina, da carrughju à carrughju, da casarella in casarella è move ghjente. Pare ch’ellu hà accoltu un’armata di l’ombra è ch’elli aspettanu u mumentu favurevule... Saria vicina l’ora...

CREONE : Un cumplottu ! Una cunspirazione ! Arrestate mi li tutti quanti, è u so sceffu in persona ! U vogliu vivu ! Vogliu ch’ellu capisca quant’ellu costa di rivultà si contru à mè, u rè di Teba è a so lege Santa ! Andate è ùn tricate ! Vi ne rispundite nantu à a vostra persona ! Quandu si assalta a lege di Teba, si mena à mè !

GENERALE : O Maestà, ùn hè micca u più bellu, ùn hè micca ! U più tremendu ùn l’avete ancu intesu... Pare ch’ellu ùn hè micca solu... À cantu ci saria una donna...

CREONE : A lege ùn cunnosce nè omu nè donna ! À chì hè culpevule deve esse ricircatu, aguantatu è ghjudicatu !

GENERALE : Ma ùn saria micca n’importa quale... una persona di cundizione... giovana... guasi una zitella...

CREONE : Guasi una zitella ! una giuvanotta nobile ! Oimè ! O sorte ! À chì novi castighi ci vulerai purtà ? !

GENERALE :Una di u palazzu... Una principessa trista... Ultima vistica di una famiglia nobile, antica è disgraziata..

CREONE : Mi metti u core in pena è u capu in timpesta...

GENERALE : È u populu cumpatisce, è u populu si accoglie, è u populu a crede.... Anu pigliatu a so pretesa u più di i suldati è di l’uffiziali...

CREONE : Ùn ci ne hè ma chè una. Sola, disgraziata è trista... Pussibile ?... Isimena...

GENERALE (rinchjinendu si è andendu si ne): L’ete detta voi, maestà, l’ete detta voi...

U CORU : A ci farà u Rè dopu à stu colpu chì li mena in capu ? Dopu avè persu moglia, figliolu è nipote. A ci farà à truvà un sensu in stu mondu chì li scappa, u pudere chì li sfila trà e mani cum’è l’acqua di u tempu, a ci farà à tene morsu è cridanza per isse lege ch'ellu hà fattu ellu, è ch’ellu vole impone cum’è ordine di u Mondu ?
Vecu tanti nuli bughjicosi accumpulà si sopra à u so capu ! Teba, Teba, sarà scritta quassù chè tù ùn devi pate chè sciagure è supplizii ?

VOCE
Prima :
In issu tondu bellu strettu
Viaghja l’anima impaurita
Nisunu sarà prutettu
Quandu a lege si hè incrispita
Ùn ci hè arma nè agrottu
U distinu hè un fangottu

Segonda :
U distinu hè fangottu
Creone si ne hè avvistu
U pudente hè galiottu
Di catene hè pruvistu
À l’anima facenu strinta
A so vita hè un’accinta

Terza :
Di spaventu hè un’accinta
U fretu li vene à dossu
Anu modu à fà la finta
I rè ghjunghjenu à la fossa
Una spelunca funesta
À chì tomba à chì arresta

SCENA 5

CREONE, U GENERALE, I GUARDIA

CREONE : Innò, nimu mi farà ingolle chì u cumpulottu hè natu quì, in casa meia, trà i mei, quelli chì mi vedenu, chì mi cunnoscenu, chì mi sentenu pianghje quandu sò solu è chì a notte, cunfidente discreta di tutte e disgrazie pò vede pianghje un Rè !

U GENERALE : Pocu impreme ch’ellu si secchi l’ochji o ch’ellu dormi senza rimorsu. Conta più u ritrattu chì u populu hà di i so patroni chè ciò ch’elli sò in veru.

CREONE : Ed eiu ? chì pensanu di mè ? chì dicenu ?

U GENERALE : A pulitica hè un’arte delicata, o Maestà... I populi sò ingrati... Ùn cunoscenu chè i fatti...

CREONE : A patria ristaurata, i nemichi è furesteri rimandati in casa soia, e piazze publiche torna piene à ghjente...

U GENERALE : Ùn ci facenu casu... Sò attenti à ciò chì manca...

CREONE : I mercati fiuriti, pieni à mughji è à rivindarole...

U GENERALE : Ùn li danu capu. E cose di a pace parenu nurmale...

CREONE : Nurmale, a pace ! Una cunquesta di ogni ghjornu, di ogni stonda, una vittoria permanente da strappà à l’abitudine ch’è no t’avemu di tazzà ci, un sforzu cuntinuu contr’à a pazzia di l’omi, a gattivezza di i dii...

U GENERALE : O Maestà, quessa hè ghjistema !

CREONE :Innò chì hè verità ! Sò a forma divina, quassù, di ciò ch’ellu hè l’omu quì, oghje chì ghjè oghje, è ch’elli sò stati quelli chì facenu tuttu issu sussurru quaiò... Tè ! zittu ! state zitti tutti ! I sentite cum’elli sgrinfianu, cum’elli grattanu, cum’elli ruspanu... Volenu vultà quì !

U GENERALE : O Maestà, chì i dii ci perdonghinu !

CREONE : Ch’elli ci lachinu curà i nostri affari d’omi, d’omi vivi ! State vi ne quassù ! è voi state vi ne quaghjò. Ùn ci hè postu per voi nantu à stu mondu !

U GENERALE : Ma u populu ci crede è onora i so morti !

CREONE: Ch’ellu credi è ch’ellu onorghi, ma ch’è no campimu per oghje, micca per eri o per l’altreri. Ci hè un paese da ricustruisce. Simu stati anni è anni in guerra. È certi ne facenu i so tornaconti!

U GENERALE : L’armata hà listessu parè. Si sente dì chì dopu i veterani, parechji suldati anu da esse smubilizati...

GUARDIA 1 : (da parte è sottu voce) Tè le ! (face e corne !) S’ella dura a tregua, simu lecchi, ci anu digià calatu l’indennità di campagna...

GUARDIA 2 : (da parte è sottu voce) è a prima di risicu ùn starà tantu à piglià listessa strada !

GUARDIA 1 : (da parte è sottu voce) Oh ma, s’ellu face più chè più, viderete : ùn ci sarà più nè rè nè pudere chì valghi !

GUARDIA 2 : (da parte è sottu voce) Hè passatu u tempu chì Marta filava : i rè sò belli è boni, ma simu suldati ed hè a guerra u nostru stantapane ! ed eiu ùn sò decisu à lascià mi caccià u buccone...

CREONE : Di fatti, a tregua hè stata pruchjamata da più di un annu. S’ella mi riesce, da quì à sei mesi hè pace definitiva. Vogliu fà di Teba un giardinu...

GUARDIA 1 : (da parte è sottu voce) Un cadinu sì !

GUARDIA 2 : (da parte è sottu voce) È a tregua una pulitica di merda...

U GENERALE : A truppa s’inchieta, o Maestà, i veterani chì sò stati smubilizati si cuncoglienu di notte tempu è avemu digià arrestatu l’agitatori...

CREONE : Cuntinuate à arrestà ! Ma ùn fate male à nimu. Anderaghju à vede li, parleraghju, spiicheraghju. S’ellu ci vole, anderaghju in ogni prigione, in ogni cellula, in ogni casa è li parlaraghju ad unu ad unu. Sò siguru ch’elli capisceranu u duvere, a lege, a pulitica, a mo pulitica, ciò ch’ella vole a pace...

U GENERALE : L’avvenimenti correnu, a situazione cambia da un’ora à l’altra... Ùn si piattanu più pè parlà contru à voi...

CREONE : Ch’elli parlinu puru ! Ch’elli si sfochinu ! Basta ch’elli ùn agiscanu !

U GENERALE : Agiscenu... agiscenu !... Si ne chjappa ad ogni ora... Sò troppu numerosi. Ùn ci hè più manerà di ragiunà li, oramai. Tutte l’ore mi facenu u raportu, è à tutte l’ore crescenu i cunghjurati. À puntu. Eccu l’uffiziale...
(In fondu à a scena si vede affaccà un uffiziale, seguitatu da a serva d’Isimena chì pare attunita è anafantata. L’uffiziale è u generale parlanu inseme ; l’uffiziale sorte ; a serva stà ; u generale volta versu à Creone)
 

CREONE : Allora, chì dicenu ? chì ci hè ? À chì ne simu ?

U GENERALE : E nutizie sò gattive... sò pessime... A funa strappa. Tuttu si ne và di male. Dice chì u borgu di l’este hè in sussurru ; a truppa ùn ci pò più nunda ; si ò chjosi in u castellu

CREONE : I rispunsevuli ! i capi di a rivolta ! Pigliate ne unu è tuttu pianta !

U GENERALE : À puntu, maestà, ne anu chjappu unu... o piuttostu una... À sente dì i guardia, quand’elli si sò lampati contr’à a banda in rivolta, sò tutti scappati. Hè firmata ella sola, hè venuta calma calma è hà portu e mani da fà si ammanittà.

CREONE : Una tonta.... Allora simu salvi. I cunnoscu issi muvimenti di e folle in sussurru. A ghjente diciuleghjanu ma per move si propiu, hè un altru par’ di manighe. Ci vole i capi per move u populu, il faut des meneurs ! Quessi custì sò ghjente cum’è l’altri è po un ghjornu, scimiscenu è si dichjaranu ! Basta pocu : dui scalzacani chì passanu : i chjamanu, i facenu piantà ; piglianu un caratellu viotu, u rimberscicheghjanu, ci collanu nantu è lampanu un discorsu infiaratu. Parlanu, parlanu... I gnoccari si accoglienu in giru. Si imbriacanu di parolle, si infieriscenu è volenu stirpà mezu mondu. Hè tandu ch’ellu ci vole à intervene ed esse duru ancu per ùn vulè la !
Le meneur ! le chef ! U capu di i rivultati ! Cacciate li u capu è si ne vulteranu in casa, orechji pendiconi, pianamente è bè. Purtate lu quì è annunziate in ogni catagnu chì tenimu i capi di a rivolta è chì da ora in quà, à chì ùn rientre in casa soia, averà listessa sorte.

GUARDIA 1 : (cù guardia 1) Bona, s’ella gira ùn pò girà chè bè !

GUARDIA 2 : (à voce alta) Era ora ! Eccu li i nostri sceffi ! È viva Creone ! È viva Teba ! È viva a Patria !

U GENERALE : Hà da esse difficiule. Tuttu si cumplicheghja... Ùn si pò agisce... A persona chì hè stata arrestata ùn hè micca n’importa quale...

CREONE : A lege hè listessa per tutti ! Un guvernu chì face differenze segondu l’origine hè un Pudere cundannatu...

U GENERALE : Hè chì quessa custì, a vostra nipote... a principessa... Isimena...

CREONE : A mo nipote... Isimena... Oimè !...
(piglia è và à pusà, cù aria attunitu è ammazzatu da a surpresa è a pena, mentre chì U CORU dice l’illusione di Creone ma ancu quella di Isimena)

U CORU

Hè scuppiata a vindetta
Di i Dii immurtali
Creone hè à e strette
L’avvene hè più chè fatale
Ùn vale à sbattulà
A mannaghja hà da falà

Ma crede sempre à u Pudere
À a salvezza di u Statu
Ùn cunnosce altru piacere
Altra Fede, altru passatu
Ogni manera vole pruvà
Ma a mannaghja hà da falà

Ùn cunnosce a giuventù
A crede debule è mischina
Ma Isimena ùn hè più
In a bambace di zitellina
Contr’à a lege hà fattu sfida
Hè a so scelta : ùn hè scimita.

U rè ùn hà chè spagliaventi
Castighi, pene è supplizii
Prumesse di gran turmenti
È gran minaccia di ghjustizia
A zitella ùn lu sente più
A so arma hè a so giuventù

Un’arma chì mai salvò
Chì hà da tumbà solu à sè stessu
À a morte vole dì di nò
Ma crede è fà ùn hè listessu
O cusì schiettu u so amore
Ma u core ùn hè ingannatore ?

GUARDIA 1 : (cù guardia 1) Hè scimitu Creone ! Disgrazia o disgrazia ! Feghja cum’ellu ride ed hè serenu !...
(Di fatti, Creone chì era trafalatu in u tronu reale, si pesa dirittu è decisu è dà i so ordini)
 

CREONE : Alè, in furia ! Fate mi entre à Isimena, a mo nipote (ride), tamantu periculu chì minaccia u Pudere è u mo tronu ! Alò, sbrigate vi, chì ci saria da campà si di a risa s’ellu ùn ci fussi tuttu issu passa è veni di ghjente sureccitati pè i carrughji di a nostra bella cità !

U GENERALE : Una cunspiratrice quantunque, o Maestà...

CREONE :A mo nipote, signor generale, a mo nipote...

A SERVA : Una zitella, o Maestà, una zitella giovana è cusì nucente !

CREONE : Zitti è lacate fà à mè ! Ùn vi stupite nè di ciò ch’o diceraghju nè di u spaventu ch’o li aghju da mette à dossu. Ma li ghjuverà per lezziò ! E zitelle è e femine si devenu primurà di ciò chì arriguardà u so sessu, a so età ed a so cundizione. A pulitica è u guvernu di a Cità di l’Omi sò cose troppu grave è serie da pudè si cunfà cù l’oziu è i capricci d’isse capilegere chì t’anu sempre u latte nantu à e labbre.
Belle cridanciule sò, è pronte ad innamurichjì si di u primu pullastrone chì vene à cuntà li chì u so ziu hè un tirannu è ch’elle buscaranu amore è gloria s’elle tombanu issu mostru ch’elle anu in casa !
Cù Antigona era un’altra cosa, ma Isimena.... Alè, fate entre à Isimena è lasciate mi fà !

SCENA 6

CREONE, ISIMENA, U GENERALE, I GUARDIA, A SERVA

CREONE : Alò, alò,soca hè tempu di Carnevale, chì mi avete mascaratu a mo nipote cara in cunspiratrice ! Alò, Cappiate la ! Cacciate li isse catene è alluntanate vi ne ! .... Alluntanate e vostre mani da rustichi è lacate la rispirà...
Andemu à noi, a mio niputuccia più cara ! Ma chì sarà issa cumedia ? Chì mi intreccianu di una cunspirazione contr’à mè, contr’à u Statu, Teba, a nostra Patria ? Allora, ai cridutu di pudè fà tuttu à l’appiattu ? Ai cridutu di pudè almanaccà sola sola una cunspirazione ?

ISIMENA : Non, je ne suis pas seule. Vous avez perdu, mon oncle. Aujourd’hui, le peuple tout entier gronde. C’est un torrent qui monte, mon oncle. Entendez-le gronder. Il va vous emporter, vous et vos lois iniques. Votre pauvre petit pouvoir a perdu la partie. Vous n’étiez qu’un roitelet et vous avez voulu égaler la puissance légitime des vrais rois. Mais vous avez perdu désormais.

CREONE : Zitta, scrianzata chì ai persu tù ! Sì stata palisata ! Indegna ! Una principessa di sangue nobile chì corre, di notte tempu, per e cantine è i carrughji...

ISIMENA : Vous voilà bien, les potentats sans grandeur, préoccupés de respectabilité plus que d’estime et de respect véritable ! Pour une cause juste ! J’ai rusé, j’ai feint de me désintéresser du pouvoir, de la vie, de ne pas entendre les appels du printemps, de ne pas voir les signes de la vie qui nous appelle à renverser les despotes, à nous dresser contre des lois injustes, faites pour et par des tyrans comme vous. Eh bien ! j’ai réussi, nos partisans sont prêts et au moindre signe, la révolte...

CREONE : Tu seras morte avant ! En ce moment-même, mes gardes pénètrent chez tous les conspirateurs. Nous avons tous leurs noms !

ISIMENA : Il y en a d’autres ! Un autre groupe s’est organisé dans le faubourg du Sud et un autre encore dans le faubourg de l’Ouest. Il est conduit par un vaillant capitaine, un prince au visage de dieu, à ce qu’on dit...

CREONE : Zitta ! Sò tuttu ! Ancu ciò ch’è tù ùn sai tù ! Un anzianu schjavu ch’aghju lampatu fora da u palazzu tanti anni fà, un servu nigrachjolu. A mi anu dettu i mo agenti...

ISIMENA (da sè à sè):Un esclave noir ! chassé autrefois du palais ! quelle pensée vient éclairer ma mémoire...

CREONE : U piglieremu ancu à ellu, ùn ti ne fà ! È murerà ! Ai da more ancu tù, O Isimena, bench’è tù sia a mo nipote, bench’è tù sia figliola di rè. Aghju fattu more a to surella. Ùn sapia ch’o ti feria more ancu à tè ?

ISIMENA : Oui, je le savais.

CREONE : Soca ai cridutu chì d’esse a figliola d’Edipu, a figliola di l’orgogliu d’Edipu bastava da ch’è tù fussi sopra a lege ?

ISIMENA : Non, je n’ai pas cru cela..

CREONE : Cala l’ochji è sta bassa ! ... O l’ochji turchini ch’elli anu i figlioli d’Edipu ! L’ochji turchini. Nimu in Teba l’hà cusì. Ochji di acciaru è di mare immensu. U veculu di i dii. Ochji di orgogliu. L’orgogliu d’Edipu. Sì l’orgogliu d’Edipu è quellu d’Antigona. Iè, ti credu avà chì l’aghju ritrovi in fondu à i to ochji.
Ai calculatu tuttu. Una bella meccanica almanaccata per tè. Pè a to Gloria, cum’è vo dite voi, quelli d’Edipu ! Ti sì vulsuta ghjuvà di mè ! Cridia ch’o ti devia applicà a lege è tumbà ti ! Ti hè parsu una fine naturale per tè, cù l’orgogliu ch’è tù ai ! A disgrazia umana, per voi hè una cosa troppu bassa. Troppu poca. Cù l’umanu vi sentite à u strettu, quelli di a vostra famiglia ! À voi, vi ci vole à esse à tù per tù cù u distinu è cù a morte. È po tumbà u vostru babbu, è po chjinà vi in lettu cù a vostra mamma è fà li l’amore. Vi campate chè? Vi campate cù e parolle chì vi cundannanu ? È u più semplice, dopu, hè di crepà si l’ochji è di andà pè e strade à dumandà a limosina.
È bè nò. Hè finita a cagnera. Teba avà hà dirittu à principi cumuni, senza storie, è dumane camperà felice è serena. L’aghju decisa cusì.
Ma chì credi, a passione l’aghju ancu eiu ! A sola cosa hè ch’ella ùn mi porta à catastrofa nè terramoti, ma à a strada diritta di quelli chì ùn volenu fà i passi più larghi chì l’infurcatura data li da quelli quassù !
Simu ghjente discreta ma chjuccuta, noi, quelli chì tenimu cara a Patria. Ùn demu capu chè à i ghjorni senza storia, chì i mercati sò aperti è e rivindarole vantanu i frutti di u so ortu cume s’elli fussinu e mele in oru di l’Esperide ! Eiu, sò Creone è fora di esse u rè, ùn vogliu avè un penseru più altu chè quelli di i mo cumpatriotti. I pedi l’aghju in terra, e mani l’aghju ficcate ind’istacca è postu chì sò rè, aghju decisu una cosa semplice semplice. Emu da fà ch’ellu sia stu mondu un pocu menu assurdu, s’ellu si pò. Un hè micca un affarone. Hè un mistiere di rè cumunu, senza storie. Postu ch’o sò quì à fà u rè, aghju da fà u mo mistieru.... È dumane s’ellu mi scala da issi monti qualchì messageru cughjosu è sudatu ghjuntu à annunzià mi ancu ellu ch’ellu ùn hè tantu siguru di quale mi hà fattu, u manderaghju à spassu. Teba hè stata arruinata da anni è anni di guerra è ci hè tantu da fà. Cù i mo ministri emu decisu ch’ella turnerà capitale di u Mare Terraniu. Cum’è in tempu di una volta. È tandu, si infatta ch’ùn aghju mancu un minutu pè drami, tragedie, destinu è malasorte cum’elli piacenu à voi...
Allora stà à sente issò chì ti dicu avà.
Sì Isimena, sì a figliola d’Edipu cum’è l’altra. L’orgogliu, tuttognunu sà ch’è u vi lasciate da genitori à figlioli cum’è un tesoru da fà cresce è multiplicà. Ma à mè ùn mi garba è ùn ci vogliu entre.
Ùn ci hè tantu, tuttu què si saria finitu cù dui pattoni. Allora aghju da squassà tuttu : u cumplottu, e corse di notte tempu, e cunspirazione è tuttu u restu... Ùn ti vogliu fà more ! Fà ti more ! Ùn ti sì micca fighjata, o muccicò ! Ti rigalu a vita, ti rigalu. È a pace.
Credi mi puru, o figliulè : nunda vale a pace.
Asgiu di a mo casa, quantu ti vali ! Ai da vultà ti ne in casa subitu subitu, (li insegna una porta), è po fà ciò ch’aghju dettu è stà ti zitta. Di u silenziu di quill’altri, mi ne occupu eiu. Alè, vai ti ne. È ùn mi fucilà micca cù l’ochji cusì. Và bè, mi pigli per qualchì rusticacciu. Ma s’o ti parlu cusì hè chì ti tengu cara quantunque malgradu u to caratteracciu è a cunspirazione ch’è tù vulia almanaccà. Ùn ti scurdà chì a to prima puppatula, a ti aghju rigalata eiu chì ùn hè tantu.
(Isimena parte in a direzzione opposta)
Pianta ! Duve ti ne vai per di custì ?

ISIMENA : Vous le savez, mon oncle...

CREONE : Ma à chì ghjochi ?

ISIMENA : Ce n’est pas un jeu, mon oncle et vous le savez bien

CREONE : Ùn ghjova à nunda à castigà si, à strazià si anima è core. Ùn pachemu à bastanza cusì ?

ISIMENA : Si c'était à refaire, vous feriez la même chose. Antigone aussi. Seulement elle, sans doute, est en paix maintenant.

CREONE : Ma cumu poi dì isse cose custì ? ! Cù a morte ùn si busca nè pace, nè nunda. Cù a morte, si busca a morte ; puntu è basta !

ISIMENA : Tout ça pour asseoir votre maudit pouvoir, pour ne pas perdre la face, parce qu'il le fallait, à ce que tu prétends !!!

CREONE : È chì ci pudia fà, eo ? ! Hè cusì a tragedia. Fala secca è mena in capu. Senza pietà. Chjappi ch’è no simu in issa mascina maladetta, ùn ci surtimu mai à bè, ed ognunu ci tene a so parte funebre è murtale. Eo cum’è l’altri. È dinò tù, ancu s’è tù ti voli mette da cantu è lavà ti ne e mani. O piuttostu, innò. Ci hè una differenza primurosa trà quelli d’Edipu è quelli di Creone. Di famiglia simu parenti stretti, ma di idee ùn ci venimu nunda. Eo aghju sceltu a pace, l’amore di patria è u guvernu bonu è semplice. Invece voi, più ci hè sciagure è più gudite.
(prova à allusingà la, a piglia in braccetta è face dui passi)
C’est toute la différence entre la reine Eurydice et moi d’un côté et vous, Œdipe Jocaste et leurs petits garnements ! Ùn t’arricordi quand’è no andavamu à passighjà in muntagna. S’è no ghjunghjiamu à un infurcatoghja, noi, poi esse sigura ch’è no scigliamu u chjassu lindu è siguru chì sente u mansu è u castagnu, invece voi, pigliavate i troncacolli è l’accurtatoghji più periculosi... Emone, u tintarellu, pianghjia chì ti vulia seguità...

ISIMENA (ritirendu si): Moi, je n'ai rien choisi de tout cela. Je n'ai rien demandé et pourtant le malheur m'a frappé autant que les autres. Toi, tu as voulu ce pouvoir, Antigone a choisi de le refuser mais moi, j'ai subi, j’ai tout subi. Je n’ai fait que subir vos traîtrises. Vous avez été des traîtres. Oui, vous avez trahi les enfants que vous étiez ! Qui, de nous, aurait voulu de cela, enfant ? Personne ! Et c'est vous qui l'avez fait.

CREONE : Ma chì mi parli di zitelli ? ! Credi chì guvernà u pudere ti lascià postu pè e fole è e cininate ? !

ISIMENA : C’est bien là ton erreur, mon oncle. Tu as tué l’enfant que tu portais en toi !

CREONE : Ma sì scimita o traparli ?

ISIMENA : Oui, l’enfant que tout être humain porte en lui et qui parle quand on n’écrase pas ses lèvres sous les mains monstrueuses de la force et du pouvoir... Vous souvenez-vous, mon oncle, du petit domestique maigre et noiraud qui vous regardait avec des yeux remplis de crainte quand il vous arrivait de pousser, père et toi, jusqu’à l’aile du palais où se tenaient les femmes et des enfants ?

CREONE : Magru è nigrachjolu. Cum’elli sò tutti falsi, i latri, i traditori. Magru, fine è neru, un culore di notte, un culore pè e spie...

ISIMENA : Il courait nous prévenir, et tout se taisait. Les conversations enjouées, les chuchotements complices, les éclats de rire étouffés, la joie réprimée au fond de nos poitrines et les refrains que nous osions à peine sussurer entre nos dents parce que vous aviez décrété que dans la maison royale il ne fallait que majesté et gravité.
Il courait nous prévenir. Vous l’avez cru esclave, il était notre confident. Notre compagnon de jeu. Notre héraut : “ Les voilà, les voilà ! ”. Je l’aimais. Nous nous aimions.

CREONE : Ed hè perciò chì ci hè vulsutu à sbarazzà ci ne. Ci vulia...

ISIMENA : Il le fallait ! Nous n’étions déjà plus des enfants... quand vous arriviez dans vos pas d’ordre, d’armes et de punitions ! Nous nous terrions dans la peur que vous nous inspiriez : nous étions redevenus des petits de rois et de princes et tout rentrait dans l’ordre. Dans votre ordre. Pourtant nos cœurs chantaient dans nos poitrines et nos regards continuaient à se conter les histoires que vous aviez interrompues.
D’autres fois, ne pouvant nous prévenir, il nous laissait des petits billets tout froissés, dissimulés sous les grosses pierres qui bordent le vestibule : “ ils ne vont pas tarder ”, “ Ils reviennent ”, “ ils sont là ”. Et il y ajoutait toujours un petit dessin espiègle, le trait rapide d’une caricature ou nous reconnaissions sans mal l’un ou l’autre des potentats qui avaient fini par usurper la place du père et de l’oncle que vous n’étiez déjà plus ni pour Hémon, ni pour Antigone et moi.

CREONE : Chjachjare dopu cena, storie di criature, cininate è basta ! I principi si devenu preparà da chjuchi chjuchi à ciò ch’elli anu da turnà un ghjornu. Ùn ci hè tanti cari di mamma : l’altu distinu ùn si pò cunfà cù e frizzure di a zitellina. I principi un ghjornu ti anu a storia da fà.

ISIMENA : A storia ! Il faudrait, à vous entendre, n’avoir à l’esprit que l'histoire, un mot vide où retentit la longue litanie des grandes erreurs humaines. Vous n'avez pas seulement été capables de vous souvenir de votre enfance, de vos propres rêves. On ne peut rien retenir de l'histoire si l'on s'oublie soi-même !
Un jour, il a disparu. Vous deviez l’avoir chassé, ou étranglé, ou emmuré vivant, lui aussi...
J’ai cru qu’il ne vivait plus parce que je n’ai plus entendu son rire chanter en moi. Pourtant, bien des semaines après sa disparition, j’ai retrouvé l’un des petits billets écrasé sous un des galets du vestibule. Un morceau de papier tout sec et crissant comme une souris momifiée. Les paroles en étaient effacées, mais le dessin était encore visible. Un gros monarque ridicule, une panse effrayante sur des membres grêles et fragiles. J’ai souri. Vous passiez. Vous vous êtes arrêté et, soupçonneux, vous m’avez demandé, pourquoi ce sourire sur mes lèvres. Je n’ai pas répondu, mais depuis je n’ai plus su sourire.

CREONE : Soffru quant’è tù soffri tù, soffru. Ti pare ch’o ùn mi penti di nunda, di e cose ch’o sò statu ubligatu à fà ?

ISIMENA : Tes remords ne m'apitoient pas ! Maintenant, nous n'avons plus rien à nous dire… Il te faudra, tout comme moi, parler avec les morts.

CREONE : Listesse parolle. Site tutte listesse. A to surella dicia listesse parolle. U mondu vole andà pattu pattu, ma voi ùn ne vulete patti. Filicate, fruchignate in e cose vechje, circate in i lochi di u murtizzu.
À chì hà fattu malfatte accunsente à scurdà si di a malfatta ; à chì hè statu vintu di quellu chì l’hà vintu ; à chì hà vintu hè prontu à sminticà a so vittoria, e bischizze, e maledizzione, l’odiu tetru, u rimbeccu sanguinosu. U mondu senza voi saria prontu à andà senza vindetta. L’umanità sana sana cerca à pattighjà, à fà la finita, à allenà e corde di a tragedia, ma vi affaccate voi è lampate tuttu in pianu. Basta un paghju di femine pronte à fà storie è tuttu riprincipia...

ISIMENA : L’humanité, le bonheur ne s’achètent pas au prix du silence, de l’abandon, mais de la justice, de l’hoinneur...

CREONE : A ghjustizia, l’onore ! Vai puru ! Hè cù issi sogni ch’ellu si mette u Statu in periculu, l’Omu, a Famiglia. L’onore è a ghjustizia torcenu a strada di l’Omu felice.
Ma chì credi ? Pensi ch’o ùn l’avessi vista, a ghjustizia di Antigona. Da ch’o sò turnatu rè, sò statu sempre svegliu, à l’aguattu, sempre, a visticà ghjornu è notte i fatti di quelli chì minacciatu l’ordine di e nostre sucetà. Una notte seguitavamu unu chì ci era statu palisatu cum’è un pussibule cunspiratore...
Era longu à u fiume chì andava, mutu è tetru cum’elli sò i draghi è tutti l’animali fantastichi chì giranu da quand’ellu si ciotta u sole à sin’à l’alba. Un nulu torbidu piatta a faccia spaventosa di a luna... Avemu seguitatu issu omu è ad ogni volta ch’ellu piantava, vicinu à una leccia, un pentone o i cannicci chì scuppitteghjanu pediendu ci nantu, è bè tandu, à pena più in là, di latu, in u bughju scuru, vidiamu una forma umana chì piantava ancu ella. À manu à manu una sbuffulata hè ghjuntu à spazzà u nulu è a notte si hè schjarita i colpu. Hà palisatu a faccia di quella chì andava di notte tempu, nantu à u chjassu di e malfatte, di i crimini è di l’assassini. Era ella ! Ella ti dicu ! Antigona ! A to surella !

ISIMENA : Mensonge : ! Mensonge éhonté dont je ne perçois ni la cause ni l’intention, si ce n’est de briser qui vous résiste et vous tient tête dans votre rêve insensé de convoquer le monde à vos pieds, et d’humilier votre nièce, reste pitoyable de la race légitime des rois de ce pays !

CREONE : Stà zitta è stà à sente. Era ella, ti dicu ! Era un pezzu ch’o sapia chì e forze di a notte facenu listessi segni à chì hè criminale è à chì si dice nucente. Era ella ! Omi nucenti, in stu mondu ùn ci ne hè ! Era ella ! Tutti complici, tutti rei è culpevuli, s’elli ùn ci fussi lege è ordine à mette li regula ! Impone li u rispettu di i soli valori chì permettenu di campà unu cun l’altru, senza amore, senza calore, a ti facciu cuncessa, ma cù l’idea di tramandà a vita, a fiacculella di a vita, quandu chì e forze scatenate di a sorte è di a tragedia prumettenu solu sangue è distruzzione.
Era ella, andava è sapia ind’ella andava. Dopu à una stonda simu ghjunti à un pagliaghju abbandunatu è, decisa, si hè ficcata indrentu senza fighjà nunda à l’ingiru. Aghju mandatu i suldati appressu à u cunspiratore è sò firmatu solu vicinu à u pagliaghju. Mi sò avvicinatu pianu pianu è l’aghju visti tremindui inseme. Era ghjunta à ritruvà lu...

ISIMENA : Antigone, un amant ! Vous me faites pitié !

CREONE (chjama i guardia) : Alè, pigliate la è purtate vi la via ; ùn la possu più sente !
(Isimena esce seguitata da a serva. U rè li mughja ste parolle ch’ella ùn sente)
Iè, Antigona avia un amicu, un amante ! Mi sulleva di ùn esse ubligatu à palisà ti avà qual’ellu era. Quand’è tù l’amparerai, ti ai da pente di ùn esse micca stata sorda è ceca ancu tù !
(dopu à una stonda, cù una risa amara) Ancu eiu, stanotte aghju ricevutu una visita. Era Ella...
A Morte. Aghju intesu u so ansciu chì mi venia nantu, vicinu vicinu. Un rispiru pisiu è umidu, cum’è a terra umule è croscia. Si hè fatta chjassu trà mezu à a ghjente è mi hè ghjunta à davanti, chì mi circava. A faccia spaventosa di a Gurgona... Hè venuta lesta lesta è si avvicinava di più in più furia. Mi si era chjappu l’aggrancu di tutta a mo persona. Si hè fatta precisa è netta ed à misura ch’ella si avvicina. Allora mi sò infurcatu davanti, decisu è fermu. Tandu a faccia si hè fatta stretta stretta, cum’è una lama è po dopu à l’ultimu, hè sparita di un colpu in mè stessu, ed hè statu cum’è s’o a mi avia surpata à l’indrentu di mè. Tandu mi sò svegliatu ed aghju vulsutu tirà un mughju. Mughjà, rende fora a voce, a cosa ch’o avia inghjuttitu. Ma ùn a ci aghju fatta. Ùn mi hè venutu nunda nantu à e labbre. Nè sonu, nè mughju, nè piantu nè voce alcuna. Credu ch’aghju a morte à dossu. L’aghju à dossu. Una stampa nera è ghjacciata chì mi si stà in traversu à l’anima.
Perchè chi isse maghjine ùn mi cappianu mai, cum’è s’ellu ùn bastessi u dulore ? Mi si hè sempre appesa l’altru u dulore, l’angoscia di a stonda fatale, a strappatura. A morte si ghjoca cù mè. Ma ùn ti sarà faciule, o Morte, a ti dicu eo ! L’altri si sò lampati à capu avanti, vittime offerte. Invece à mè, ci vulerà ch’è tù mi venga fora di corpu è di gola, è ch’è tù straziessi à piglià mi !

O cusì cruda la lege
Chì stringhje omi è cose
Nera più chè nerapece
Un distinu spaventosu
Creone si hè rivultatu
À tempu si hè cundannatu

Isimena hè cundannata
È pianghjerà a so sorte
Hà cridutu di esse amata
Ma l’hà da sente più forte
U dulor di tradimentu
Sarà lu so gran turmentu

Ùn cunnosce issu turmentu
Chì ùn porghje speranza alcuna
Nè pace nè gudimentu
Chì ùn schjarisce a Furtuna
È chì l’hà da lacà sola
Puverella di sta fola

SCENA 7

CREONE, ISIMENA tenuta da I GUARDIA, U GENERALE, A SERVA

Sò davanti à u cadaveru di Euridizia. Sentenu u racontu ch’ella face a serva

GUARDIA 1 : Ùn si pudia mancu pensà. Una cosa strana. À u ghjustu ùn si pò dì cum’ellu si hè passatu. Ma quale hà datu l’ordine ?

A SERVA : Era notte bughja. Ùn si sentia un zittu.

GUARDIA 1 : Ogni tantu qualchì mughju tiratu da a banda di u borgu di u Nordu. Un ribellu...

U GENERALE : Sò entruti l’ultimi in a mossa, quelli di u Nordu. Era guasi finitu, ma ùn a sapianu. Ùn sapianu nunda. Eranu stati mossi da unu ch’elli visticavanu da un pezzu i nostri indicatori.

GUARDIA 1 : Dicenu ch’ellu era unu d’issi furesteri... un Africanu... un schjavu neru...

U GENERALE : Andavanu è girandulavanu in tutti i catagni. Si intuppavanu in tutte e muraglie. Parianu topi chjappi in a so tupaghjola.

A SERVA : Era notte calda è u mare rughjava più chè mai. Sò andata per chjode a finestra. U celente di un colpu si hè alluminatu.

GUARDIA 2 : I guardia si eranu impustati nantu à e muraglie. Hè u so postu, ùn hè vera ? À u signale, l’archeri anu tiratu e so frezze.

U GENERALE : Sò maneschi i nostri archeri. Ogni frezza tocca u segnu.
CREONE : U signale ? ! Quale hà datu u signale ?

GUARDIA 2 : Ci era pocu rimore. A rivolta ind’è l’altri borghi era stata digià spenta.

GUARDIA 1 : Piuvia frezze da tutte e parte. In pocu tempu ùn si hè intesu più nunda.

U GENERALE : I cunghjurati eranu spariti. È finita a cunghjurazione.

CREONE : Ùn eranu micca l’ordini. Aghju dettu d’imprigiunà. Micca di ammazzà. È mi avete traditu.

GUARDIA 2: Qualchissia hà datu l’ordine. Senza l’ordine l’armata ùn hà mai busgiatu.

U GENERALE : Qual’hè statu, ùn a sò, ma ci vulia, o Maestà, ci vulia. I cunghjurati cuntrullavanu tuttu u quartieru ed avianu arrubatu l’arme di i guardia chì si eranu sbandati pè a campagna.

GUARDIA 1 : À un mumentu datu ci ne hè unu chì hè venutu à intuppà nantu à mè. Ah ! ùn hà avutu tempu à nunda ! Hà sburlatu l’ochji è hà fattu per parà si. Aù ! L’aghju infilzatu cusì. Hà spalancatu a bocca. Mi hà sputatu tuttu u so sangue à dossu.

CREONE : Ùn eranu micca l’ordini. L’avete assassinati.

U GENERALE : Eranu dapertuttu.

CREONE : L’avete tombi. L’aghju visti. Un fiume di sangue pè i carrughji di Teba. Eo, ùn aghju tombu à nimu. Simu nucenti noi, i rè, i principi. Avemu in carica a vita, micca a morte. I rei, site voi. Ci vole à stà à sente. L’ordini. I Cumandi. Hè a Lege. Hè a Sorte. Quelli Quassù. Aghju intesu chjamà è sò esciutu nantu à a terrazza. Ci era una Sfinge piatta ind’è l’ombra turchina. Mi hè saltata à dossu. L’aghju à l’indrentu avà, è mi strappa l’anima. Hà l’unghje di ferru è mi sgranfia cù e so sgrinfie.

A SERVA : A finestra. U lume turchinu, di un colpu, si hè spartu nantu à u mondu. Da parte d’Este u mondu s’allumina. Sò andata à chjode e tendine. Troppu lume per dorme. Troppu lume per ripusà. Luna tonda, luna piena. A regina Euridizia. Oimè ! Impiccata.

CREONE : Quale chjamava ? è dì, ma quale hà chjamatu ?

ISIMENA : L’ai tomba tù, cù i to ordini, e to frezze. Tes ordres sont des ordres de mort. Elle était toute droite, comme un pilier qui aurait voulu soutenir toute la nuit. Contre toi et le mot de mort que ta bouche crache sur Thèbes. Elle était transpercée par la lumière. Des flèches partout. Le corps troué de flèches et de rais de lumière. Exsangue. Il n’y a plus une goutte de sang dans cette ville.

U GENERALE: Qualchissia hà mughjatu : “ Aiutu ! aiutu ! Hè Euridizia, a regina. L’anu tomba ”. Mi sò avvicinatu. Cridia duie frezze, invece eranu l’achi di u so ghjumellu di lana. L’achi ficcati ind’è l’ochji. Unu è l’altru. Dui ruscelli di lume turchinu chì si portanu appressu tuttu u mare d’Este.

A SERVA : U sole ùn si piserà ma’più sottu à a muraglia di l’Este. Si hè annigatu u sole sottu à a muraglia di l’Este. A regina si hè tomba.

CREONE :Innò, innò, bugie, bugie ! Ùn si hè tomba ! Hè un pezzu ch’ella hè morta, Euridizia. A sera ch’ellu hè sparitu Emone, u nostru figliolu caru.
Tutti bugiardi ! Tutti culpevuli. E vittime, simu noi. I rè. I principi. Quelli chì stanu à u cumandu. Ma ùn cumandemu.

ISIMENA : Sous les remparts de l’Est s’est allumé un grand feu. Un incendie tout bleu. Il a jailli de l’eau. C’était un volcan sous-marin qui crachait du feu tout bleu.

CREONE (andendu si ne, cumu s’ellu seguitava à Isimena chì hè firmata custì) Hè zirlatu da u mare ed era cum’è un vulcanu marinu chì sputa focu turchinu. Tuttu turchinu : u celu, l’ochji, u mare è u mo core. Ti ricordi, o Isimè, u maestru di dissegnu quand’ellu vi dicia: (u riface, tonu didatticu) u turchinu hè culore fretu. S’elli vi piacenu di più, ci avete u rossu, u giallu, tutti i culori caldi. Caldi caldi, i culori, caldi caldi ! Quale vole i culori caldi ?

SCENA 8

ISIMENA, A SERVA

A SERVA : Aiò, o figliulella, chì hè sempre tempu à salvà ti, s’è tù a voli. Creone u rè avale stà megliu. Hè statu u dulore. Cridiamu ch’ellu era scimitu. Avà hè turnatu in sè. Hà parlatu di tè è si hè lacatu puru scunvince. Basta ch’è tù sia ragiunevule. Accetta di vultà in u palazzu è ripiglià a vita cum’è prima. Hè a sola cundizione. Una principessa, figliola di u rè di prima è nipote di u rè di avale... . È po Creone u rè, hè stancu. Faticatu. Troppu sciagure, troppu strapazzi, troppu disgrazie. Hà bisognu di affezzione. Di cura è di riposu.

ISIMENA : Je deviendrais donc une garde-malade ! Une gentille petite princesse qui attendra que rentre le roi après une dure journée de labeur de roi : des innocents emprisonnés, des opposants égorgés, un peuple sous le joug ! Pendant que je laverai ses mains souillées du sang des innocents, je lui réciterai les fables de nos poètes pour soulager son cœur ? ! Je lui chanterai les airs mélodieux de notre Thèbes pour éloigner l’effroi et les remords qui rôdent toujours sur le sommeil de l’assassin ! Et qui le rendent fou, à ce qu’on dit, à ce qu’on voit !

A SERVA : Puttachji è storie inventati da l’opposizione. U to ziu hè severu, ma ghjustu. È po avà si vole scurdà di tuttu. Ci vole à cuntentà lu. Hè un omu generosu. Ùn sò cum’hè ch’è tù u vedi cusì ! Ùn hè omu sanguinariu è feroce. Hè un omu stancu, faticatu, troppu carcu à penseri. Cù tanti morti in giru. Hè un rè dolce è amante pè u so populu. Sopra à tuttu i chjuchi, i puverelli.
Hà dettu ch’ellu ùn vole più sapè di a cunspirazione nè di u restu. Basta ch’è tù accetti di vive, sì cuntenta ?... Beatu Creone è ringraziatu u so nome per seculi è seculi. Senza ellu, ci vulia à andà à a morte, ci vulia !

ISIMENA : Et les autres ? et les humbles qui ont cru en moi, qui ont baisé ma main en rappelant les noms d’Œdipe et de Jocaste, leurs souverains aimés ? Et tous ceux qui croient que le Pouvoir est mauvais ? Et le souvenir d’Antigone et d’Hémon ? Et la vengeance que j’ai promise à leurs fantômes ?

A SERVA : Per elli, ùn poi più nunda ! A vindetta ùn vole dì nunda ! S’è tù i vendicheghji ùn vulteranu micca quantunque.

ISIMENA : Ce n’est pas la vengeance accomplie qui importe, mais la vengeance promise et la fidélité qui est due à ce que l’on a dit.

A SERVA :Per Antigona, a possu ancu capì. Ma cun Emone, ùn erate chè prumessi.

ISIMENA : J’avais quand même un mari. Tu m’as percée à jour et tu sais pourquoi je veux partir d’ici. Pour les rejoindre, elle et lui. Ma sœur et mon mari. Oh notre mariage n’a duré que tout le temps des regards que nous échangions, enfants, lorsqu’arrivaient mon père Œdipe et oncle Créon, avec leurs gros pas d’hommes d’ordre et de pouvoir. Antigone et moi, nous baissions les yeux comme doivent faire tous les petits princes, avec leurs bons principes et leur bonne éducation. Lui, il avait de la chance parce que personne ne se soucie des petits esclaves. Il nous faisait des signes dans leur dos. Nous le regardions à la dérobée, et nous étouffions des rires dans nos gorges. Nous riions de leurs mines graves et de leurs gestes imposants gesticulants au-dessus de leurs robes drapées d’or et d’opulence...
Un jour, Antigone ne nous avait pas rejoints, je ne sais pourquoi. Elle boudait souvent, Antigone et alors nous n’étions que nous deux. Nous nous étions glissés sous la grande roue de la Clepsydre du parc. En escaladant la chaîne qui les portait, les godets laissaient échapper quelques gouttelettes d’eau claire qui bruinaient un peu sur nos têtes. Le bruit régulier du mécanisme nous remplissait peu à peu de sa cadence hypnotique. Tout d’un coup, nous les vîmes là. Plantés dans leurs sandales à la hauteur de nos yeux. Nous ne les avions pas entendus venir. L’effroi m’avait saisie. Je l’ai regardé. Pendant qu’il me rassurait en posant son index sur mes lèvres, les gouttes d’eau qui tombaient de la clepsydre s’accrochaient au bout de ses boucles brunes. Son visage et son cou luisaient.
Après cela, il a disparu. Je crois que l’oncle Créon nous avait aperçus. Il a surpris nos regards, il l’a fait disparaître et je ne l’ai plus vu.

A SERVA : Tintarella, a mo ciuccia... Sia forte, sia curagiosa, cum’è tù sì sempre stata. Sì una donna avà. È poi sente e cose di l’omi fatti. Sai quant’elli sò bugiardi l’ochji ch’è no avemu zitelli. Hè gran dulore di dì ti e cose cum’elle sò. Nanzu more cù issu segretu chì ùn averia francatu u cateru di e mo labbre. Ma troppu pesu, troppu segretu è troppu dillusione si prepara per tè.
Dunque hè per quessa ch’è tù voli more... da ritruvà l’amore di dui ciuffi neri è u ricordu di a carezza di un surrisu ? Ùn hè micca cusì.
Ùn sai nunda, ùn sai nunda. Ti anu piattu ch’ellu ùn hè micca sparitu.
Si hè piattatu durante l’anni chì Creone si era inchietatu di troppu amicizia trà un schjavu è duie principesse. Hè cusì. U Rè si pentia di mandà lu à a morte ma era ubligatu. Hè cusì, micca amore trà i principi è l’altri. Hè cusì.
Allora, l’hà fattu mandà à tumbà da un guardia, ma era un zitellu è u suldatu ùn hà avutu curagiu à scannà un nucente. Li hà dettu : “ Alè, via, via ! ”. Allora quellu hè scappatu è si piattava. Creone è a so pulizza u circavanu. Ma ellu, si pudia alluntanà ? Si pudia alluntanà ? Si pò alluntanà u fiume da u so fiuminale o l’acula da a so teppa ? Si era piattu è aspettava ch’ella venissi Ella . Sia forte è curagiosa. Ùn ti la vulia dì, ma ùn devi more per a fantasima di un amore falsu. Sia forte... Si vidianu di notte tempu... Eranu passati l’anni. Ùn eranu più zitelli zitelli...

ISIMENA : Si vidianu ? Cù quale ? Parla, ma parla !
A SERVA : Tintarella, a mo culombula nucente... Era ella, andava è sapia ind’ella andava. Escia da u palazzu è andava longu à u fiume neru. Dopu à una stonda ghjunghjia à u pagliaghju abbandunatu è si ficcava indrentu senza fighjà nunda à l’ingiru. Una volta l’aghju visti tremindui inseme. Antigona era ghjunta à ritruvà lu... Era ella ! Ella ti dicu ! Antigona ! A to surella !

ISIMENA : Antigona ! Oimè !
(esce currendu)

SCENA 9

CREONE, U CORU

Hè a scena di a pazzia di Creone. Di prima u Rè si tene infurcatu di pettu à à a grande rotula di a clessidra. L’attitudine hè di sfida. À u principiu si vede ch’ellu cerca à qualchissia è po si capisce ch’ellu crede di avè lu scupartu sottu, propiu à gallu di u terrenu. Allora li si lampa à dossu è u scorre da agguantà lu. In listessu tempu scoppia in scaccanate di risa scema, orrenda. In i so muvimenti bruschi, lampa à una à una e pezze chì cumponenu u meccanisimu di a clessidra. À l’ultimu, si presenta di fronte à u publicu è stringhje forte a fantasima ch’ellu hà puru agguantatu. Tutta a so persona sprime un versu di gudimentu feroce. Face u gestu di ammazzà. Seccu.
Eccu ! Voilà ! C’est fait ! Induve sò pueti è storichi ? Où sont-ils ! Alè, avvicinate vi ! N’ayez aucune crainte car la tragédie est terminée. Vi aghju da fà vede qual’ellu hè Creone ! Le roi Créon ! a storia di u mondu mi colla da a terra in e ghjambe è corre in e mo vene. Les Anciens m’appelaient Chaos ! (ride...) L’air que tu respires, l’air pur, limpide et transparent, è po l’altri trè elementi, l’eau, la terre et le feu, eh bien, autrefois, tout était mêlé, entremêlé, un magma informe. Un gros tas de vie qui attendait dans un recoin de la Création! C’est là que je vins, je survins, j’advins !, et la masse se défit pour gagner de nouveaux espaces. A fiara di u Focu pigliò cima ! Tout près de cette Flamme vient prendre place l’Air alors que l’Eau et la Terre se fixent au milieu de la Vie. Tandu, eiu ùn sò più statu quellu pastone senza forma nè faccia et j’ai repris l’aspect, les membres, la chair et le corps du dieu que je n’ai jamais cessé d’être. Un diu. Le dieu. Je porte encore sur ma face la trace de cette confusion originelle des principes. Per davanti o per daretu, di face ou de dos, di facciaspinu o di spinufaccia, je suis Le Même !. Mais il est une autre raison de cette singularité qui étonne.! Tout ce qui est autour de Moi, le Ciel, La Mer, Les Nuées et La Terre, tout m’obéit. (ride) Hè a mo banda ! Mon troupeau, e mo pecurelle. Je les tiens ! J’encadenasse et je décadenasse. C’est notre main divine qui ouvre et notre main qui ferme. A moi seul est confiée la garde du vaste monde. Les gonds du grand portail ne tournent que sur mon ordre. S’il me plaît de laisser sortir la Paix, je lui lâche la bride sur le cou et elle s’en vient paître dans vos contrées. Mais si je ne veux pas, ce ne sont que carnages et torrents de sang répandus partout! Même le dieu des dieux, roi de l’Univers, ne va que grâce à moi. Toute porte a deux faces qui regardent l’une les passants, l’autre les divinités du foyer. L’huissier assis devant la porte voit tous ceux qui entrent et tous ceux qui sortent. Eh bien, moi, portier de l’Univers, je regarde en même temps l’Aurore et le Couchant, l’Est et l’Ouest, la Guerre et la Paix, le Monstre et la Mort, le Ciel et les Enfers, la Vie et la Mort ! (quand’ellu dice issa parolla, casca seccu)
Dopu à un silenziu si alza u cummentu cantatu da u coru
LAIU... GHJUCASTA... EDIPU... PULINIZIU... ETEOCULU... ANTIGONA... EMONE... CREONE... ISIMENA... OIMÈ ISIMENA

Sò stati tamanti signori
Figlioli di sterpa divina
L’avianu carchi à onori
A so Furtuna è u Distinu

Anu assaltatu a muntagna
Chjamata Olimpu di e Putenze
Si sò risi di a macagna
Chì pesa in capu à a a scridanza

Si sò impastati di orgogliu
Vulianu esse immurtali
Cinti d’alloru è d’erba vogliu
Anu leccu u colpu fatale

Creone disse : “ Eccu a lege :
Sparghjite la per issi rughjoni ”
Ma si scorda chì l’omu fece
Sempre chjassu à e so passione

È tandu cresce a ghjelusia
Si imbuffa in core l’aquilone
Tandu si affacca a pazzia
Tomba ghjudiziu è ragione

Strappa a meccanica di a vita
Strughje amicizia, fede, rispettu
S’apre un abissu infinitu
Ci s’affonda a mente più schjetta

SCENA 10

ISIMENA, A SERVA
 
Isimena entre in furia, spannata, cù l’alegria in tutta a so persona.

Non ! Je ne vous en veux plus, mon oncle. Désormais tout s’éclaire pour mon cœur qui exulte. Je retrouve en même temps et la vie et l’espoir. Non, désormais, je n’ai plus à fuir la promesse du bonheur... La folie a emporté le roi Créon et le tyran n’est plus, à ce qu’il paraît, qu’une pauvre chose qui se perd en paroles inintelligibles. Toutes les informations que je reçois convergent. Elles disent que Créon a été renversé et que les révoltés sont entrés dans la salle du trône. Thèbes est en liesse. On danse dans les rues. La royauté n’existe plus et c’est le peuple qui commande, aujourd’hui. Une forme de pouvoir nouvelle, une chose inouïe. Une grande merveille. Le peuple devenu roi. Un conseil prend toutes les décisions. A sa tête, mon amour.
Et cette œuvre s’est faite grâce à mon amour. Créon a tout avoué. Il a révélé toute la vérité. En inventant de toutes pièces l’histoire des rendez-vous d’Antigone avec le beau chef rebelle africain, sa duplicité faisait coup double : discréditer ma sœur et son souvenir, ruiner la popularité de mon héros et le priver du soutien qu’il trouvait chez nos partisans.
Politique, intrigues, pouvoirs. Calcul et intérêt. Vous avez été puni, Créon, parce que les dieux châtient le mensonge. Tout était faux et toi, ma pauvre nounou, ton amour de l’ordre et ton dévouement pour tes maîtres t’ont fait croire ce que mon cœur n’a jamais cru...
Mon amour est donc ici, tout près. Il m’attend. Il sait que je ne suis pas loin. Il suffira d’écarter cette tenture et il m’apparaîtra beau comme l’avenir et fdèle comme le passé.
O toi qui me connais, te semblait-il croyable
Que le triste jouet d’un sort impitoyable,
Un cœur toujours nourri d’amertume et de pleurs,
Dût connaître l’amour et ses douces douleurs ?
Au moment de le retrouver, je sens à mes côtés l’ombre douce de ma chère Antigone. J’entends, dans ma mémoire monter le chant que tu nous chantais parfois, lorsque le jasmin hissait ses senteurs jusqu’à la fenêtre de la tour de l’Est, et que, l’été approchant, le jour s’attardait ici en murmurant, à l’unisson de la chanson que faisait l’eau dans la clepsydre :

Sì statu sognu squisitu
tù, dilettu di u moi core
riturnellu appannitu
incordi sempre l’amore.

Cridia di avè ti persu
per isse stonde zitelline
a mo brama era spapersa
cum’è spechju in pulvina.

Sì vultatu à l’ispensata
à rinchere a nostra vita
nant’à u mondu si hè spannata
una luce infinita.

U mo sguardu ti si avvinghje
cum’è cullana di basgi
a speranza chì ci accinghje
face batte i cori ad asgiu.

Ùn staremu ma’più piatti
sprichja una nova nascita
i ghjuramenti sò fatti
ùn ci n’hè, più bella lascita.

SCENA 11 

A SERVA, U GENERALE, è à l’ultimu i guardia.

Cambiamentu sulenne. Si sentenu rimori di lotta, mughji di paura è evive. Schjamazzi è silenzii subitanii. Di prima ci sò A Serva è u Generale è dopu à una stonda entre Isimena, muribonda
 

A SERVA : Chì disgrazia, oimè, chì disgrazia ! U palazzu hè intrunatu ! Si sentenu tutte. À chì spunta dice a soia. U rè scimitu ! A rivolta ! U capimachja di a rivolta, u innamuratu dilettu di a mo figliulella, l’anu chjappu è l’anu scapatu! Ed ella chì hè smarrita ! Quale l’hà vista, è dì ! Ai la vista ?
L’armata avaria ammazzatu i ribelli. Ed ella chì ùn si trova ! Oimè ! Parla, signor generale ! parla mi è caccia mi di penseru !

GENERALE :Simu in pienu cunvugliu ! Ogni minutu porta un messagiu novu, ma dopu à parechje ore d’incertezza, a situazione hè più chjara, per furtuna. A rivolta hè per compie si. L’armata si impone. I suldati tenenu e pusizione più impurtante. U pudere hè salvu è u cummandu siguru !

A SERVA : Allora, hè vera, i cunghjurati anu fiascatu ? È u capirivolta, u giovanu africanu !

GENERALE : Guasi guasi riescianu... Eranu preparati, urganizati, cummandati. U so sceffu hà riesciutu à armà tuttu u borgu di l’Este. Dopu, ùn si sà cumu, ma si hè ficcatu ellu stessu in u palazzu... L’anu vistu cullà e scalinate di marmaru cum’è un fulmine. Digià curria una d’isse fole chì nascenu è crescenu pè i carrughji : a vuciata dicia ch’ellu l’accumpagnava un diu, Marte in persona, cù e so arme luccichie, è i mo suldati si pigliavanu di paura. Eranu pronti à rende l’arme è à scappà. Aghju vistu ch’ùn ci era una segonda ad aspittà. Sò corsu à u palazzu cù una manata di guardie siguri. Tutte e porte eranu spalancate. Ci simu lampati à rotta di collu sinu à a sala di u tronu. Era ora.
Creone era custì. Era solu. Ridia... Iè, u rè hè vultatu di cerbellu... Scaccanava. L’omu li si era impernatu davanti. A spada sfuderata... Ùn sapia chì fà. Cridia di impettà si à un nimicu fieru è ùn ci era, di fronte, chè un tontu liatoghju. Ùn simu stati tantu. I guardia li si sò lampati à dossu tutti inseme. È po si sò scartati per compie lu. U mi anu lacatu. L’aghju scannatu eo. I so partisgiani si sò subitu sbandati. Di quelli chì eranu custì ùn ne hè firmatu mancu unu vivu.
Ogni tantu a risa scema di Creone stanciava è tandu chjamava : “ Isimena ! Isimena ! Fate vene à Isimena ”. Vulia parlà. Ma a principessa, aghju intesu dì ch’ella era digià morta anch’ella... Amparendu a morte di u so amicu, si saria lampata pè a finestra di l’Este...

A SERVA : Tintarella, l’aghju cerca tutta a santa nuttata, sin’à l’alba, quand’ellu hè sprichjatu u sole, propiu sottu à a muraglia.

ISIMENA (chì entre tandu) : Non, je n’ai pas encore péri, mais l’heure approche. Ah quel comble de joie ! je vais enfin sentir le calme du trépas.

A SERVA : Ah ! innò, fà la per mè, ùn mi lascià ancu tù, o figliulella cara. Ti aghju circatu tantu ed avà ùn ti cappiu !
O quanti morti, quante disgrazie ! Voi, omancu, i sgiò, nobili, pudenti, sapete tuttu, i mutivi d’issi desastri unu à pressu à l’altru. Pudete accunsente o ricusà i cumandi di u Distinu. Invece per noi, noi i puveretti, hè bughjura sulenne : ùn ci capimu nunda ! Ùn ci avemu chè u dulore è a pena ! I mo figlioli cari : Eteoclu, Puliniziu, Antigona è avà tù, quattru anghjulelli !

ISIMENA : Des monstres, des démons, nous sommes tous maudits ! Mais les dieux enfin, m’ont prise en pitié ! (porghje una buttiglietta di velenu) Et de tous les présents qu’ils m’avaient prodigués, ce poison est celui qui m’était réservé. Je l’ai bu et j’expire...
A la fin je respire, et le ciel me délivre
Des secours importuns qui me forçaient à vivre.
Maîtresse de moi-même, il veut bien qu’une fois
Je puisse de mon sort disposer à mon choix

(casca secca è A Serva pianghje)

GENERALE (avvicinendu si à A Serva chì tene accumbracciatu u cadaveru d’Isimena, per purtà li cunfortu) : Pianghji la puru, ma ùn ti siccà l’ochji di lacrime chì ùn ci pudemu fà nunda, noi. Era scritta cusì è ciò chì hè scrittu hè ubligatu à stalvà. Oramai hè compia a tragedia. Firmemu noi. Ci hè statu u scempiu, ma noi simu sempre quì. Simu quelli di a vita, noi. Servi o manuali, mercanti, suldati o generali, ma ghjente di populu, incapaci à incurdà torna a tragedia. Nantu à noi, ùn tene micca a tragedia. Ci sguilla à dossu, ci sguilla. Hè cum’è a prima neve di nuvembre. Fala è po passa. Ùn ci hè di megliu chè a ghjente di populu da fà fughje a tragedia.
( à i guardia) Suldati, avemu fattu u nostru duvere. Simu suldati è à un suldatu li tocca à agisce è basta. Ùn cerca à capì. I cunghjurati sò stirpati à sin’à l’ultimu. A regina Euridizia assassinata da ùn si sà quale o allora si hè tomba da per ella... A principessa Isimena...

A SERVA (iniziendu un voceru interrottu subitu) : Oimè !

U mo fiore delicatu,
Fiatu di una cialamella
Ma chì ghjornu sciaguratu
Chì si hè tomba una zitella...

A vita hè un ansciulellu
S’ellu stancia tuttu tace
Tirghi sempre u ventulellu
Tandu a vita si face

Cum’hè ch’ùn ai vulsutu
Issu grombulellu di pace
Avia da avè lu tenutu
Issu biocculu di bambace...
 

Oimè ! A tintarella ; da veru ùn hà gosu mai nunda. Di prima a mamma, u babbu, i fratelli è po ancu Antigona... Oimè ! Quand’elli anu dettu ch’ella avia un amicu Isimena, di prima ùn l’aghju vulsuta crede...

GENERALE : Nimu ci cridia. Ma dopu, ci hè vulsutu à apre l’ochji...
Ind’è sta casa, ùn sò cosa li piglia à e zitelle. Andà à circà l’amore cù un schjavu, un furesteru, ti rendi contu ? Hè a maledizzione di a tragedia... A maladia di i sgiò, di i principi : u Distinu !
Ancu di grazia, noi, ghjente pupulana, a ci franchemu...

A SERVA : Iè, ma u nostru rè, Creone, vultatu di cerbellu, scimitu ?

GENERALE: Scimitu, ma vivu ! È rè. Sempre. A cità hè ferma. L’armata, i ghjudici, i magistrati, ognunu à u so postu. Teba camperà. Creone cumanda...

A SERVA : Ma a pazzia ! ùn sà mancu ciò ch’ellu dice.

GENERALE: S’ellu ùn la sà ellu, saperemu capì. È s’è no ùn capimu noi, chjameremu i preti. Hè a so arte, u so mistieru, a so funzione di capì e cose chì l’altri ùn capiscenu. In quantu à i morti, femu li interri è onori. Ognunu à u so postu. I vivi cù i vivi è i morti cù i morti. Hè scritta cusì.

A SERVA (attente à qualcosa chì l’altru ùn percepisce): issu rimore... i morti cù i morti... ùn si vede nunda... vede, ùn si vede, ma si sente... Tè, state zitti à pena, mì, mì, mì ? senti ? ( rimori cunfusi) Isse martellate... Issu cantu cum’è di un bancalaru... senti ? dicenu ch’elle sò l’anime perse chì giranu... Vene da issa banda custì, da e parte di a clessidra... L’anime ficcanu chjodi è cavichje... Ma trascinanu tavule custì. Ne trascinanu è ne trascinanu è po avà colla un incendiu in u Parcu, ma ùn ci hè nimu. Si sente scaccanà è ùn si vede à nimu...

GENERALE : Zitta, à chì ùn vede, ùn crede è nemenu hè ubligatu à sente ! Campemu è ùn circhemu à capì... A mascina hè firmata, ma basta pocu à rimette la in ballu, a meccanica maladetta...

A tragedia hè cuccagna
Per rè, principi è signori,
Sò turmenti è sò lagni,
D’omi soli sò terrori,
Angosce è penseri pagni,
Ma ricamu à fili d’oru

A nostra, a vita, hè macagna
Senza gloria è senza onori
Ogni stonda, ogni catagnu
Trà lu nasce è lu more
Ùn ci porghje alcun guadagnu
Chì campemu per ùn more

Ma vale più un’unghjicula
Un minutu, una seconda,
U passu di qualchì furmicula
Chè isse lotte di giganti,
Un surrisu, a voce amica
Ch’omu stinza à lu mondu

Chì a vita hè patrimoniu
Da curà cum’è divizia
Un rigalu di matrimoniu
Sminticheremu a tristizia
Dumane ne turnerà sonniu
Speranza di una ghjustizia

Alò, eccu un’altra petra,
Un cantellu, un amore,
Una voce à son’di cetra,
A sola brama ch’occorre :
A vita mai più tetra,
Pudere senza Terrore,
Forza sì, micca Furore.

FINE

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