Versione :

Lorsque je cuisine

Lorsque je cuisine, c’est comme si tout courait un risque
et j’éparpille le sel et j’ai des manies
à chaque allumette. Que faire alors? Je mets des disques,
et Bach et Beethoven me tiennent compagnie.

S’élance, fantastique, le vol du violon
sur la casserole avec l’eau qui frappe,
et les mélodies sont un tourbillon
qui éclabousse la table, en salissant la nappe.

C’est bizarre! Tant de notes, en va-et-vient,
vont droit à mon cœur lorsque je suis occupée,
mais si, en les écoutant, je ne fais rien de rien,
je n’y fais pas attention, distraite, la tête tournée.

Qui sait si la recherche de Dieu est ainsi,
et tandis qu’on se consacre à des vétilles
banales, quotidiennes, plus près de nous il veille
et, si on réfléchit, on l’appelle et le prie,
et si on ne lui pose pas de questions, il répond
plus volontiers que si on le tente à propos.