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Les Paroles

 

...Te mira ojo a ojo Te
pide no sé qué Te mata

(Carlos Edmundo de Ory)

Que fleurisse la rose du poème !
Que fleurisse la rose
et, sur la langue pleine de feu, bourgeonnent
l’épine, le silence, la vie, les paroles !

Vois comme elles te regardent face à face,
de leurs yeux crevassés par le brouillard,
troubles comme ceux de chiens faméliques.
Vois, ce sont elles : les paroles.
Elles viennent seules ou en bandes, légères,
Filles d’un battement d’ailes déployées, de sommeils,
d’odeurs, de couleurs et d’essaims d’images nomades.

Oh mères ! Oh déesses du triomphe et de l’infortune !

Elles te bercent, te caressent et te disent qu’elles t’aiment,
elles se fondent dans ta bouche, elles boivent ton esprit,
                                                                                        elles te tuent.

(Boulogne-sur-Mer, mars 2010)
La Traductière, Paris, eté 2010