Hymne
Puesia
On a lancé ce vocero
enveloppant mes sens,
vous cousez mes désirs,
mon esprit s’engourdit,
vous lisez des grimoires
qui ballottent des plaintes.
Que le vocero s'arrête !
On a lancé le caracolu1
enveloppant ma tête.
Vous faites autour un cercle2
de tant de sang ancien
où ballottent l’humain
nos vieux épouvantails,
éternels.
Que le caracolu s'arrête !
On a lancé la granitula3
enveloppant mon histoire,
et vous m’avez banni
de mes songes-mémoire.
De vaines confréries
agitent leurs mystères
infernaux.
Que la granitula s'arrête !
Faites taire ces cris,
disparaître ces cercles.
Crépuscule de l'angoisse
assiégée de terreurs.
Sur la plaine des désirs
une clarté se montre
et dans l'aube limpide
ta foi va s'embraser.
Orientez la lumière
égarée vers sa gorge.
1. Sorte de procession circulaire autour du cadavre pendant laquelle autrefois les femmes poussaient des cris de douleur ou se livraient à des lamentations funèbres.
2. Cercle que décrit le caracolu.
3. Procession pascale qui porte le nom du “bigorneau”, par analogie avec les cercles que la foule décrit. Ce rite a été christianisé : la procession s’enroule et symbolise le retour à l’arbre de vie, le Christ ; puis, après cette purification, en se déroulant elle figure un nouveau départ de la création vers la vie ici-bas, vers le « siècle ».