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DU BROUILLARD

 

I

Le brouillard met sous les arbres
des îles de pluie,
et, par la condensation,
la physique pénètre dans le poème,
comme par le bleu d’un matin
qui s’élève sur le monde immobile,
brossé d’une nuit
d’arbres bacchantes
avec des animaux de vent roulant sur les terrasses.

Le brouillard met sous les arbres
des ombres de pluie.

II

Miroir corpusculaire, maison en boue,
restitue à nos yeux des livres lus jadis,
d’anciennes rues de villes lointaines,
des formes du moi qui nous font sentir égarés
dans le labyrinthe de crevasses et de poussière
où nous renvoient si souvent les ailes
de la chimère, fondues.