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DELIQUESCENCE


À José Saborit

 

Œillet éclaté, blanc et distant,
lèpre inverse du ciel vous êtes,
hauts nuages de juin.

Quelle joie sonore lui fait cadeau
de cristal accordé
votre écume innocente à notre matin,
et d’où nous arrive cette émotion,
si mystérieuse et pure,
qui naît de vous observer au jour de l’homme?

Formes brèves d’un rêve vous êtes,
confirmation légère de ces yeux
qui vous regardent flotter
secrètement
sur le faîte creux de la vie.

Déliquescence pure et noble vous êtes,
nuages blancs et sereins,
bonheur immotivé
sous le cuivre enflammé de ce soleil impassible.

Comme nous-mêmes vous êtes,
et pour cela vous regarder nous ébranle,
hauts nuages de juin:
fumée nette d’un temps où, ensemble, nous brûlons.