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Ducumentu
Sur l'Etna

L’'ascension jusqu'au sommet de l’Etna exige une bonne condition physique et beaucoup de prudence car il s’agit du plus grand volcan actif d'Europe (environ 3 300 m, l'altitude variant avec les éruptions). Les randonneurs expérimentés peuvent s'aventurer, à leurs risques et périls, à condition de s'être renseignés sur l'état des pistes et les prévisions du temps. Il faut se représenter qu’on ne peut aller au devant d'un front de lave sans guide.  On peut aller, avec des guides agréés, observer en toute sécurité un amoncellement de scories, un cratère éteint, ou en action, ou encore une coulée de lave en fusion (fronte lavica). Un bon moyen consiste à prendre le téléphérique jusqu'au refuge de Sapienza et de suivre une visite guidée qui inclut une excursion en minibus puis à pied jusqu'au sommet. On peut louer sur place tous les équipements et vêtements nécessaires.

Lorsque l'on atteint, en voiture, les contreforts du volcan, il faut suivre les indications Etna-Sud qui conduisent au point d'accès le plus méridional, en passant par Zafferana Etnea, sur le versant est. Distant de 500 m à peine du cratère de Monte Calvarina, Zafferana connaît encore de fréquents glissements de terrain et quelques éruptions furtives. Ce village se remettait à peine du tremblement de terre de 1984 et de l'éruption de 1986 quand, en 1992, durant un long mois, il fut menacé d'être englouti par une coulée de lave. Les plus puissants hélicoptères américains, appelés au secours, larguèrent d'énormes blocs de béton afin de détourner le fleuve incandescent. Sur le trajet de la coulée, l'inscription Colata Lavica 1992 rappelle ces instants dramatiques.

Depuis 1997, la majorité des éruptions se produisent dans le cratère sud-est. En février 1999, de Catane, on pouvait voir les lueurs menaçantes du magma. Les cendres vol­caniques se déversèrent sur la côte près de Giarre et Riposto. En février 2000, le cratère se fendit en deux dans une formidable explosion de boules de feu et de magma en fusion projetés à plus de 600 m de hauteur.

De Zafferana, à mesure que l'on s'élève vers Sapienza, sur la route panoramique de la casa Cantoniera, la forêt et les plantations d'agrumes cèdent le terrain à de vastes étendues dénudées. Ce décor désertique, émaillé de scories figées dans les plis du magma solidifié, prend en hiver des teintes étrangement bleutées sous la neige. Perché à 1 800 m d'altitude, le rifugio Sapienza, refuge-hôtel géré par le Club alpin italien, a été reconstruit à la suite de l'éruption du 9 avril 1983.

C'est de ce point élevé que part le téléphérique vers le sommet. Au cours du trajet, on aperçoit différentes traces des éruptions. A l'arrivée, les visiteurs peu entraînés se contenteront d'admirer le panorama avant de se réfugier au café pour suivre, sur des écrans vidéo, les films sur les différentes éruptions de l'Etna. Seuls les marcheurs chevronnés peuvent accé­der à la Torre del Filosofo, l'observatoire d'Empédocle. On raconte qu'en 433 av. J.-C., le philosophe d'Agrigente aurait sauté dans le cratère pour prouver que les gaz éruptifs pouvaient le porter. D’autres affirment qu’il s’agissait plutôt d’un saut métaphysique dans la mort. Mais comme l’on remarque qu’on retrouvé au bord du gouffre une de ses sandales, on peut aussi penser qu'il y est tombé par accident : c’est si rêveur, un philosophe !.

Le panorama du haut de l'Etna varie selon la présence et la force des éruptions, mais aussi selon l’heure, entre le lever et le coucher du soleil. L'écrivain anglais Evelyn Waugh raconte avoir vu l'Etna «au sommet brillant se reflétant, comme dans un miroir, sur une nuée de fumée grise alors que l'horizon s'éclairait de rose ardent avant de s'évanouir sous un ciel gris pastel. Rien de ce que j'avais vu auparavant, ni dans la nature, ni dans l'art, n'était plus émouvant ».