1982-L’Identité culturelle corse

L’IDENTITÉ CULTURELLE CORSE

 

 

         Évoquer la production littéraire due aux écrivains de la « Génération de 1970 » ressemble fort à une gageure car des causes majeures et multiples rendent délicate l’approche de ce phénomène culturel. L’histoire politique et sociale de la Corse pendant la période écoulée, l’extrême dispersion d’une production souvent publiée à quelques dizaines d’xemplaires sur des feuilles ronéotées, le caractère souvent exclusivement oral de la création et de sa transmission, le nombre important des inédits significatifs mais d’accès difficile ou malaisé, tout accentue la difficulté de l’enquête et semble défier l’effort de synthèse.

À ces obstacles s’ajoute la situation inconfortable de l’analyste, appelé à se prononcer directement ou indirectement sur lui-même, du fait de sa participation au mouvement littéraire qu’il entend éclairer. Cette dernière circonstance aurait dû assurément nous détourner de ce projet, mais la conviction qu’on ne pourrait vraiment saisir le phénomène que de l’intérieur a en définitive mis un terme à ces hésitations. Comment croire en effet qu’un observateur extérieur aurait pu s’informer suffisamment, recueillir une foule de petits faits en apparence anodins et percer à jour les intentions générales du mouvement à l’oeuvre alors que les écrits théoriques  et les programmes sont rarissimes, que les écrivains sont dispersés et que les cénacles littéraires, si commodes pour l’analyse puisqu’ils donnent une voix et une conscience communes à des sensibilités diverses, sont tout à fait inconnus dans le milieu qui intéresse cette étude ? Il nous a enfin paru captivant –pourquoi le cacher ?- d’éclairer l’enquête actuelle, exposée aux déformations de toute recherche réflexive, par les souvenirs personnels issus d’une participation constante au mouvement, aux diverses étapes de son élaboration, tout en relevant le défi de la démarche de l’historie, tendant à l’objectivité relative.

 

         Une première constatation s’impose, qui ouvre à des questions nouvelles. Les écrivains corses interrogés pour les besoins de cette étude parlent difficilement d’eux-mêmes de leurs motivations et de leur art. Faut-il attribuer ces réticences à la prétendue réserve naturelle des Corses ? Doit-on y voir l’attitude d’une littérature militante, plus soucieuse d’actions que de discussions théoriques et peu encline aux disputes d’esthétique ? Ne s’agirait-il pas plutôt des séquelles d’une époque ou l’appartenance plus ou moins établie au mouvement de la corsitude militante suffirait à exposer les personnes à la répression ? Ne doit-on pas penser que se manifeste ainsi un réflexe de prudence, dans une période de mutation ? (1), face à une enquête qui conduit à éclairer les rapports d’une littérature avec l’ensemble de la question nationale corse ?

 

Cette dernière question indique assez dans quelle direction s’oriente la présente étude. Il s’agit moins, en effet, de porter un jugement de valeur sur cette littérature -encore que ne soit pas exclue la manifestation critique du plaisir ou des regrets issus de la fréquentation de ces oeuvres, finalité dernière de toute lecture- que de suivre, à travers la production de la dernière décennie, les affleurements littéraires de ce mouvement qui porte le nom vitupéré ou adulé d « corsitude ».

Dessiner brièvement l’indispensable historique de cette littérature ; évoquer ses difficultés de diffusion et ses chances de promotion ; tenter d’appréhender ses lignes de force sans sacrifier la diversité des oeuvres et l’originalité des auteurs ; évaluer globalement l’effort de création et les résultats obtenus : cela conduira à dresser un bilan critique de nature inévitablement littéraire.

Pourtant, c’est l’aspect politique que privilégiera l’enquête. Sera observé le problème culturel avec  son émergence première : la question de la langue telle que la pose le fait littéraire.

         La vision globale de la Corse et de son peuple anime ces oeuvres : on tentera ici d’en appréhender les contours généraux  et de définir les images, les mythes de références, bref le réseau sémiotique qu’elle offre à la création littéraire ou qu’elle reçoit de cette dernière. Une morale et une attitude philosophique se rencontrent intimement liées à la littérature corse moderne. Au-delà même des observances traditionnelles et au moment même où elle entend justifier son existence hors de toute considération morale et de toute sacralisation, cette littérature se réfère à un code assez exactement respecté –et dont elle pérennise la prégnance -sous le nom de « valeurs corses », « d’identité » », de « personnalité » de « culture » corses. Aussi faudra-t-il, après un examen minutieux, déterminer s’il s’agit de principes contraignants ou d’un charisme dynamique et fécond. Peut-être l’étude jettera-t-elle alors quelque lumière sur l’identification générale des Corses à cette image qu’ils façonnent d’eux-mêmes et sur sa traduction au plan de leur conscience nationale ???

 

         Il faut d’emblée souligner l’étroite liaison entre l’histoire moderne de la Corse et la personnalité de la « Génération de 1970 ». Sans qu’il soit utile de faire ici l’historique d’événements bien connus, il convient de rappeler que durant cette décennie écoulée 1970-1980, le réveil de la conscience critique du peuple corse, la progression dialectique de sa revendication (du régionalisme à l’autonomie et à l’indépendance, de l’indépendantisme aux stratégies intermédiaires -ainsi d’ailleurs que les diverses réponses apportées par l’État et différents  pouvoirs à la volonté populaire- ont frappé les oeuvres littéraires du sceau de l’engagement, plus ou moins profondément. Or, sans avoir disparu avec le changement politique de mai 1981, ce visage s’est sensiblement transformé et, bien que l’évolution ultérieure soit imprévisible, on peut affirmer que les données de la question littéraire seront notablement modifiées. C’est pourquoi il est absolument justifié de distinguer la dernière décennie (1970-1980) comme une période littéraire à la  personnalité bien affirmée, animée de ses préoccupations et thématiques propres, même si l’on peut prévoir que la question corse n’étant pas réglée, cet ensemble sera encore largement évoqué dans l’avenir.

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         Les auteurs et créateurs réunis sous l’appellation commode de « Génération de 1970 » ne constituent pas une école littéraire fondée sur un programme issu de débats et de réflexions doctrinales. À l’origine du mouvement on trouve un regroupement de personnes qui se signalent à l’attention de l’analyse par leur participation militante aux luttes de la corsitude. Chez elles, l’activité littéraire semble avoir en général suivi un engagement politique  -au sein d’un parti ou lors de grandes actions populaires des années 1970 (2)- et mis  la création au service de l’élan nationalitaire. On peut ainsi observer que ce type moderne de littérature corse est d’abord une oeuvre engagée et, plus précisément, une oeuvre militante, étroitement organe de la révolte corse.

Dans cette première phase de la production nouvelle, les préoccupations littéraires et esthétiques cèdent à la pression des événements. Les oeuvres, souvent anecdotiques, restent encore très liées à l’actualité politique. Chez les auteurs ne semble pas encore née la conscience littéraire communautaire qui marquera les années à venir. Pourtant, à mesure que seront appréhendés par ces premiers contestataires les contours réels d’une littérature nationale, les considérations strictement militantes feront assurément place à un effort créatif beaucoup plus large. C’est alors que sans fuir les nécessités de l’engagement, la création se ménagera une ouverture que l’expression en langue corse n’avait encore jamais connue (3). Cette période féconde pour la prise de conscience du caractère et des exigences  d’une expression culturelle de la Corse contemporaine, voit alors s’ouvrir le débat autour de la question culturelle en des termes résolument novateurs.

         Quelle fonction assigner à la création corse? Comment concilier l’expression de la spécificité et le nécessaire témoignage de l’humanisme universel ?

Des programmes s’esquissent et sont indiquées de possibles orientations pour les créations futures. La littérature corse prétend alors, à partir de la réalité insulaire et dans sa langue originale, le corse, dire tout l’humain, et évitant le vieux concept de « littérature régionale », illustrer, par des oeuvres nouvelles et majeures, toutes les virtualités d’une culture nationale corse enfin réhabilitée. Ce sera le temps des définitions euphoriques et des programmes ambitieux. Ces perspectives exaltantes font d’ailleurs un peu oublier le statut réel d’une culture dominée et d’une langue minorée.

C’est aussi le temps des clivages. Les événements d’Aleria (1975) joueront, à cet égard un rôle déterminant puisqu’ils mettront la  création littéraire en prise directe avec l’actualité politique la plus brûlante. Les fictions littéraires sont désormais confrontées avec le drame de l’action et toute production, toute réflexion prennent place dans un environnement qui leur donne une portée politique. Se dessine alors, avec une netteté plus grande, la ligne de partage qui sépare la « Génération de 1970 » de ceux qui ont oeuvré, de manière d’ailleurs méritoire,  pour la défense et illustration de la langue et la littérature corses depuis les années 1950.Un instant confondus dans la même lutte pour la reconnaissance de la langue corse au bénéfice de la loi Deixone (4), ces deux groupes se sont séparés dès 1972 (5) à propos de l’attitude à adopter face à l’engagement qui exige une bataille pour la culture , envenimée par les fins de non-recevoir  qu’oppose l’État aux revendications populaires. Si les uns s’engagent plus résolument encore dans la voie de la contestation, les autres préfèrent se retirer d’un terrain qui échappe de plus en plus à l’apolitisme qu’ils professent dans leur action culturelle. Or la répression ouverte de «l’Après Aleria » interpelle la conscience des créateurs corses et assigne à leur inspiration une tâche de résistance globalement acceptée, mais souvent assumée avec difficulté car elle aura pour effet secondaire de restreindre et de canaliser l’élan créateur dans les seules voies du militantisme. La jeune littérature corse, qui n’a pu encore acquérir l’ampleur que lui promettaient les programmes élaborés dans les séminaires et débats tenus dans les grands rassemblements de « l’Università d’Estate di Corti » des années 1973 et 1974, produit certes quelques oeuvres de qualité mais l’inspiration s’épuise, cantonnée qu’elle se trouve dans sa fonction militante et bientôt, vers la fin de la décennie, un essoufflement général affecte la production en langue corse.

         S’ouvre ensuite une période de remise en cause et de redéfinition où la création se met en quête de modes d‘expression nouveaux et, tirant les leçons du passé récent, précise les rapports qu’elle entretient avec l’action politique et l’engagement militant. Un effort novateur anime la culture corse, des pistes multiples sont inventoriées ; la littérature cherche elle aussi la voie principale qui permettrait à la culture nationale corse d’assumer l’intégralité de son identité. Nous vivons tous ce temps exaltant où la création littéraire est, pour un peuple menacé de disparition historique, un acte de foi en la pérennité de sa vie.

 

         On doit ajouter à cet essai de définition en forme d’historique que la « Génération de 1970 » n’est pas une Pléiade facilement dénombrable. Autour de quelques noms qui offrent une certaine régularité dans la production, un grand nombre de créateurs épisodiques, souvent auteurs d’une poignée de vers ou d’une épigramme, obscurs par ailleurs ou connus dans la Corse contemporaine pour des talents autres qu’artistiques, attestent que le phénomène littéraire a une assise assez large. Si d’autre part les intellectuels constituent dans le mouvement un noyau assez dense à qui l’on doit les essais les plus ambitieux sinon les plus beaux, la synthèse et la théorisation des initiatives et des productions, il faut souligner que les catégories socio-professionnelles les plus variées se côtoient dans cette production. On doit enfin mentionner qu’une nouvelle vague d’écrivains et de créateurs apparaît à partir de 1975, qui infléchit quelque peu l’orientation générale de l’effort de maintenance et de promotion culturelle opéré par la « Génération de 1970 ». Il s’agit de tout jeunes gens, élèves des cours de corse (pourtant dispensés dans de mauvaises conditions depuis 1973) ou issus de ces leçons et attentifs à l’apport de leurs maîtres et à la philosophie de l’action culturelle telle qu’elle se dégage de revues comme Rigiru ou A Chjamata, ou de groupes chanteurs et musiciens tels que Canta u Populu Corsu, mais assez indépendants pour conquérir dans la littérature corse d’aujourd’hui leur place originale. Plus universalistes que leurs aînés et résolument présents dans l’affirmation nationaliste corse, il vont ouvrir cette culture aux influences extérieures et tenter de réaliser la fusion entre la tradition et la modernité , vivant souvent sur le mode dramatique le déchirement culturel que leurs aînés perçoivent moins intensément, ayant généralement accès à la pratique de la langue et à l’héritage culturel sans avoir eu besoin de fournir un effort personnel pour leur corsisation propre. Il serait bien sûr trop long -et vain, en l’absence d’éléments ethnolinguistiques suffisants- d’avancer quelque hypothèse sur la naissance et la motivation profonde d’un mouvement assez ample pour marquer sensiblement le passé récent et le présent de la Corse. Qu’il nous suffise donc de noter que, sans créer un style résolument différent de celui de leurs aînés, ils imposent pourtant à la langue littéraire, un instant tentée par les séductions d’un certain hermétisme, une simplification qui la rapproche de l’usage traditionnel et vivant  et qu’ils contribuent fortement à décaper la littérature moderne d’une tradition moralisatrice et édifiante encore trop vivace. Or, jamais la littérature corse ne fut si complètement associée à la vie. Militants des associations lycéennes,  étudiantes et culturelles qui évoluent dans la mouvance nationaliste, ces jeunes gens participent à l’effort des groupes de chants et d’autres arts, qui accueillent leurs productions individuelles, stimulent leur inspiration et favorisent la naissance de pensée et d’esthétique partagées. On ne saurait trop insister sur l’importance capitale de cette jeune génération. Elle constitue le recours possible d’une littérature et, plus largement, d’une culture en quête de postérité et d’éternité. Sur elle reposent bien des charges. Elle aura à illustrer la littérature corse, à en élargir la diffusion et à lui assurer un public de plus en plus nombreux et assidu. Devant le refus de l’État d’octroyer à la Corse les conditions de sa sauvegarde culturelle, cette jeunesse sait aujourd’hui brandir  cette revendication et sensibiliser toutes les couches de l’opinion insulaire à propos des dangers de l’acculturation.  Elle partagera demain avec ses aînés la mission historique consistant à réactiver les sources de la création culturelle spécifiquement corse. Car on voit mal, quel que soit le régime politique de la Corse, comment on pourrait refuser à sa culture la reconnaissance de ses droits et l’octroi de ses moyens d’expression.

 

         Pour la compréhension du phénomène étudié, il est donc essentiel d’en relever le point d’ancrage historique. La littérature corse contemporaine naît-elle insensiblement de la « Santa cruciata »,  de « Lingua corsa » et de « U Muntese » (6) ? Faut-il la rattacher plus haut à l’oeuvre réalisée par A Muvra et L’Annu corsu dans l’Entre deux guerres? Sans nier l’influence de l’un ou l’autre de ces mouvements et de ces revues, nous établirions une filiation plus directe avec l’esprit de A Tramuntana et plus fortement encore de A Cispra (7). Nous croyons en effet que le régionalisme quelque peu désuet de la littérature de maintenance née après la seconde guerre mondiale, et le cyrnéisme bridé aux dimensions félibréennes qui récupère avant 1939 une partie du sentiment national corse ne ressemblent que d’assez loin au mouvement des années 1970. Il ne nous semble pas non plus que l’on doive  retenir l’idée d’une filiation issue du corsisme souvent revanchard de la satire muvriste. Cette dernière nous paraît davantage comme le jaillissement d’un ressentiment né de l’état d’abandon où est laissée l’île après l’hémorragie humaine et économique de la Grande guerre. Elle ne représente pas l’expression d’une entreprise ayant prétendu, à travers l’édification d’une littérature moderne, populaire et originale, imposer la reconnaissance des droits culturels de la nation corse.

         Au contraire, l’oeuvre de A Tramuntana avait été résolument novatrice. Comme nous le dit Fernand Ettori »in Corsica, u talianu era mortu, è u francesu mortiferu. U meritu di Santu Casanova fù di capilla è di vulè fà a lingua corsa patrona è maiori in casa soia.” Mais il appartenait à Saveriu Paoli è à Ghjacumusantu Versini d’étendre et de théoriser la pensée politique incluse dans la revendication linguistique mue par la génération de “Ziu Santu”. Dans un étude liminaire de sept pages de l’unique numéro de A Cispra ces derniers énoncent leur dogme de l’Autonomisme avec une hardiesse de conception et une liberté de pensée qu’une formulation souvent désuète et l’euphorisme de leur plume ne parviennent pas à rendre caduques (9).

C’est à cette conception politico-culturelle que se rattache indéniablement le mouvement de la corsitude actuelle car tous deux lèvent sur la personnalité culturelle l’hypothèque à laquelle A Muvra  et L’Annu corsu assujettissent la Corse, celle-là par la toscanité, celui-ci par la francité. Quant aux écrivains, A Cispra leur assigne une tâche éminente ; héritiers du patrimoine culturel le plus authentique, ils sont les plus à même d’annoncer le nouvel évangile ; « U Vangelu, a Bona Nova di a resurizione prossima » (10) la renaissance de la Nation corse. Ils seront les chantres du  mouvement corsiste qui, appuyé sur les premières productions de la revue littéraire éclipse largement les jeux de « a Pulitica, sta vechja streia chì si suchja a forza di a nostra razza muribonda » (11).

Sans proclamer la prééminence du culturel sur le politique, la « Génération de 1970 » se montre pénétrée de l’insigne valeur de la culture... Ainsi l’éditorial du n°11 de Rigiru (12) affirme que la revendication des Corses pour une reconnaissance en tant que peuple s’est surtout illustrée dans le domaine culturel :

“Da sparghje ista rivindicazione ghjuvonu manifestazione in più manere. In lu campu puliticu, di sicuru, ma u più forse in lu campu culturale”.

Plus bas, en cherchant les preuves de l’existence actuelle du peuple corse qui fonde la légitimité  de la revendication de la corsitude, l’éditorialiste emploie la métaphore de la vapeur d’eau qui laisse sur le miroir le souffle de la vie ;

« Accorre chì l’ansciu ch’ellu si vega à nantu à u spechju. È à mè mi pare chì oghje u spechju menu torbidu, quellu chì ci manda u nostru ritrattu limpidu è paratu, ch’ellu sia spechju di a cultura”.

Ainsi, par delà les services d’inspiration autonomiste ou régionaliste qui occupent la scène entre 1914 et 1973 (13) la « Génération de 1970 » a réalisé le premier point d’un programme dont plusieurs décennies d’incertitudes politiques ont différé l’application, de même d’ailleurs que les vicissitudes attachées à l’existence historique de ces petits peuples que l’on dit minoritaires. Cependant, malgré ce pont jeté sur un hiatus de soixante années dramatiques, la signification de l’affirmation culturelle d’aujourd’hui est profondément différente des réalités évoquées dans A Cispra, ne fût-ce qu’à cause des mutations profondes intervenues dans la société corse depuis 1914.

G.Thiers

NOTES

(1) : Cette rédaction est de janvier 1982.

(2) : Il va sans dire que cette remarque est générale. Il ne s’agit point de nier la valeur universelle et authentiquement humaniste de telle oeuvre, de tel poème ou de telle image, mais de constater seulement qu’avant cette seconde phase de la production des auteurs corses modernes, la littérature corse reste limitée à des dimensions folkloriques et passéistes.

(3) : On peut citer les manifestations et initiatives du F.R.C. et de l’A.R.C.

(4) : Votée en 1951, cette loi qui prévoit une heure de langue corse hebdomadaire dans le 1er degré et une épreuve facultative au Baccalauréat, n’a été étendue au corse qu’en 1973.

(5) ; C’est à cette date que cesse la parution de U Muntese, le méritant « Mensuel des traditions et du dialecte ».

(6) : Le terme est utilisé à diverses reprises par l’éditorialiste d’ U Muntese, pour désigner l’oeuvre et l’orientation philosophique de la revue. On aurait tort de ne voir que de la grandiloquence dans une expression qui révèle un attachement profond et sincère à la culture corse, même si les conditions de sa survie et de sa promotion ne sont pas perçues dans leur totalité.

(7) : À lire avec profit.

(8) : Rigiru n°11, maghju 1978 : « U veru Santu Casanova ».

(9) : Le terme de « race corse », ne reposant sur aucune considération ethnique ni génétique doit s’interpréter ici comme la formulation impropre du concept actuel de « peuple ».De même l’appel à « l’élite corse », l’idée d’une littérature forgée sur le modèle des grandes littératures sont la marque de conceptions de l’époque en fait de culture. Quant à l’autonomisme de A Cispra, c’est un nationalisme qui inclut nettement le principe de l’autodétermination  et de la libre collaboration des nations. Parlant des rapports avec la France, Paoli précise : « Autonomie n’implique pas francophobie. La France est -après la Corse- la plus belle « Patrie » (donné comme synonyme de « Nation » dans ce manifeste) du monde. Nous comptons sur son incomparable intelligence pour avoir d’elle, le jour où nous en serons dignes, la faculté  de préparer dignement nos destinées. »

(10) : A Cispra, p.2

(11) : A Cispra, ibidem, p.2

(12) : Rigiru, maghju 1978 , p.2

(13) : Cette date de 1973, arbitraire comme tout repère historique, est celle de la naissance de la revue Rigiru. Il ne nous échappe pas, bien sûr, que cette sensibilité à l’émergence du fait culturel a pu animer telle page de journaux comme Arritti ou Populu corsu, mais la nouveauté réside dans le fait qu’il anime l’esprit et les travaux de la revue qui se veut avant tout littéraire.