I RITORNI DI PASQUALE PAOLI

Création dramaturgique

Scontri di 01.01.2002 - 31.12.2002

Animation-spectacle

 

Projet présenté par l’Office du Tourisme
Corte Centre Corse

Le thème dramaturgique d’ensemble est le retour de Pasquale Paoli en Corse en 1790, après la période de son premier exil à Londres. Les différents tableaux développent un texte bâti sur deux grands thèmes: d’un côté l’exil, une expérience fondamentale qui influera sur les options politiques de Paoli; de l’autre, une contradiction encore latente en lui, mais qui éclatera au grand jour entre 1792 et 1793. La conception que s’est forgée Paoli de la démocratie, liée dans une large mesure aux principes de l’Illuminismo modéré du XVIII s’oppose en effet à la politique menée par la Révolution française dans les années qui suivirent 1789.

Le texte dramatique suit de près l’ensemble des documents de première main disponibles sur la période. L’auteur, Marco Cini (Université de Pise) a en effet brassé une abondante documentation qui a réglé l’orientation de la création. Cet ensemble documentaire comprend naturellement la correspondance de Paoli, mais aussi tous les documents produits lors des diverses “Consulte” populaires ainsi que d’autres témoignages contemporains de la période.
En maintenant ainsi la fiction dramaturgique dans un cadre documentaire rigoureux, on a voulu prévenir les risques d’interprétations arbitraires ou de lectures par trop subjectives.

1- Quatre tableaux
Dans les quatre tableaux qui composent la pièce, nous voyons Paoli aux prises avec de profondes interrogations personnelles, une perplexité constante quant aux orientations politiques à suivre, une conscience aiguë du drame que traverse l’île à ce moment-là, mais aussi de la formidable opportunité que représente pour elle la Révolution française.
Dans ce climat général d’incertitude, Paoli et les personnages qui tour à tour se présentent sur la scène, se livrent à l’évocation des événements de la vie politique de la Corse entre 1789 et 1795, une chaîne d’événements qui coïncident dans une large mesure avec la biographie même de Paoli. Les deux personnages principaux sont Paoli et un jeune homme (ou une jeune femme) de Corti, avec qui le vieux Général de la Nation s’entretient des divers épisodes de son histoire.
Sollicité par son interlocuteur, Paoli se livre ainsi à une évocation qui fait revivre, de son point de vue de témoin privilégié et autorisé, les péripéties glorieuses, mais aussi douloureuses que traversent La Corse et sa population dans la période en question.
Conformément au cahier des charges rédigé par le comité de pilotage, les épisodes retenus favorisent une “remémoration” par Paoli lui-même et, tout naturellement, le texte met en relief le climat psychologique et affectif, des états d’âme divers et nuancés: nostalgie pour la richesse culturelle de son séjour en Angleterre; espérance du retour à la liberté qui s’offre à la Corse dans les premiers mois du bouleversement révolutionnaire; liesse du retour en Corse; mais aussi désillusion au spectacle des dissensions qui déchirent bientôt la Corse. Un climat qui s’alourdit à cause de la précarité de l’ordre social, de l’autoritarisme de la politique suivie par la Convention, des événements qui mèneront à la sécession du Royaume Anglo-corse et au nouvel exil de Paoli qui s’ensuivra.

Nous voyons Paoli évoquer successivement les années de son séjour anglais jusqu’en 1790, la vie élégante des salons londoniens, la fréquentation de James Boswell, de Samuel Johnson, de la jeune Marie Cosway, etc.
Le deuxième tableau met en scène le séjour à Paris, l’entrevue avec Louis XVI, dans une atmosphère qui autorise les plus grands espoirs et les projets politiques nés de l’accueil chaleureux que lui font les révolutionnaires de l’Assemblée Nationale Constituante (de Mirabeau à Robespierre).
Le troisième tableau dépeint le voyage Paris-Macinaghju-Bastia, l’entrevue avec le jeune Bonaparte et Pozzo di Borgo, les festivités populaires qui accompagnent le retour, mais aussi les premières difficultés nées lors des tentatives pour donner au département une organisation nouvelle.
Pour finir Paoli rappelle la malheureuse expédition militaire contre la Sardaigne, les désaccords politiques qui l’ont progressivement conduit à rompre avec la France de la Convention, à déplacer à Corti le chef-lieu de la Corse et à appeler les Anglais dans l’île.

2-L’animation-spectacle
Chacun des épisodes a été développé par des expressions visuelles et scéniques variées: Représentations Musique Danse Multimédia.
Chaque épisode a pour cadre un site typique de la ville dont le spectacle met en relief la valeur patrimoniale et mémorialiste.
L’animation-spectacle, construite sur un itinéraire patrimonial, développe un espace-temps qui permet l’évocation et la visite d’un parcours historique dans les sites remarquables de la cité.

 

Pasquale Paoli

Premier tableau:
De caractère classique, il est fondé sur la représentation et le jeu d’acteurs.
Le point de départ du parcours (place) est défini par un espace délimité par des torches, et comprenant en arrière-plan un rideau léger (6mX3m) bleu (ciel symbolique) mobile et découvrant une reproduction tirée de l’iconographie paoline. Un épisode fondamental de la geste emplit la perspective de ce premier tableau.
En face apparaît Paoli qui contemple cette image de sa vie (première modalité du personnage). Regard qui prend du champ lorsque le personnage se déplace entraînant derrière lui le public, manifestant par là sa décision de demeurer spectateur et guide durant l’événement-spectacle. Une citation du texte apparaît sur le tableau en surimpression.
Puis le tableau se décompose en plusieurs fragments , découvrant la présence de comédiens qui en soutenaient l’armature. Un deuxième P.Paoli (situé dans la fiction) apparaît, mis en scène avec d’autres personnages liés à l’épisode londonien. Tirant parti des balcons situés sur la place/le parcours, mise en scène avec textes dits par des comédiens figurant les personnages de cet épisode.

Deuxième tableau:
Il utilise le procédé des “statues vivantes”, peintes couleur bronze, pour mettre en scène des personnages importants de l’histoire paoline (références: Versailles, Paris). D’abord parfaitement immobiles, ces statues s’animent pour devenir enfin musiciens qui interprètent une pièce originale, composée spécialement pour la circonstance sur des thèmes tirés du texte dramatique. Sur ce temps “musical” de l’événement-spectacle s’intercalent de brèves interventions de comédiens.

Troisième tableau:
La dominante est chorégraphique. Une troupe de danseurs y donne un ballet construit sur le thème du voyage et mettant en œuvre costumes et accessoires appropriés au thème et à l’époque. A la fin de cette évolution, la place se remplit de figurants (thème: liesse populaire). Des moments de jeu théâtral et textes courts (brefs fragments tirés du texte dramatique) complètent cette évocation. Des séquences (courtes fictions mettant en scène des passages du scène) préalablement filmées sont projetées sur les façades des immeubles.

Quatrième tableau:
Le langage multimédial en constitue la charpente et la dominante stylistique. Ce quatrième tableau est essentiellement composé de:
• projections de scènes préalablement filmées et reproduites en synchronie avec les mêmes extraits joués in vivo par des comédiens;
• images de synthèse et “murs d’images” utilisant façades et remparts, agrandissement de textes;
• échos et réitérations de mots-clés tirés du texte.
Sur le dernier site du périple, cet affichage es conservé tout au long de la nuit, comme l’empreinte prolongée du spectacle, ainsi que du message de Paoli.

 



CARNET DE ROUTE

L’événement culturel prévu au projet a un caractère affirmé, susceptible d’aider à la découverte des richesses (patrimoniales, historiques et touristiques) du site de Corti.
Le spectacle vise à fournir tous les éléments pour une animation de qualiét à partir de 2002, éventuellemn, reproductible au moment où la fréquentation du site de Corti offrira le meilleur écho à une initiative qui se veut ambitieuse tout en restant adaptée aux moyens locaux.
Il intègre l’idée que les lieux que propose le site cortenais sont des éléments essentiels de l’événement culturel et touristique à construire. Leur exploitation sera donc étroitement liée aux événements et aux personnages mis en scène dans la fiction.
Evénementiel estival et de plein air, il se veut esthétique, attrayant et porteur d’animation populaire et festive.
L’intention qui le sous-tend doit souligner l’importance (locale, nationale, internationale) des événements qui gravitent autour de la grande figure de Paoli et de son œuvre. Historiquement véridique, il doit aussi développer une vision culturelle positive et dynamique.
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Le texte livré fin 2001 respecte la structure indiquée lors du lancement du projet (quatre grands tableaux). Servant de base tout au long de la période. Il doit donc contenir, de manière concise et organisée en vue d’une exploitation artistique originale et typée, la documentation historique et les orientations sémantiques vérifiées par le conseiller en histoire, Le Professeur Jean-André Cancellieri, ainsi que par le comité d’organisation.
Le projet scénographique livré au début 2002 indique dans le détail, outre le cahier descriptif des choix artistiques opérés, l’aménagement des lieux et les procédés et moyens techniques nécessaires à la réalisation du spectacle.
Il respecte les contraintes exposées ci-dessus aux différents niveaux :
- topographiques et de sécurité (sur indication du porteur de projet)
- historique (sur vérification du comité d’organisation)
- artistique (avec obligation d’utiliser de manière originale les ressources habituellement mises en œuvre pour ce type d’événement)
Il précise les orientations à suivre dans les différents domaines de la réalisation (décors, costumes, musiques, lumières et son).
L’équipe de réalisation peut faire appel au conseil des auteurs du texte et du projet scénographique.

 



Eléments dramaturgiques et scénographiques

pour la mise en œuvre du projet

 

Le texte
Il est destiné à accompagner les différentes étapes de l’événement visé.
Il a par conséquent une forme modulaire, fondée sur un découpage chronologique et spatial nettement indiqué, de manière à pouvoir offrir des développements dramaturgiques et scénographiques ultérieurs. Ainsi sera rendue possible la variation des épisodes traités et des sites exploités, tout au long du programme.
Il est aussi référentiel et représenter une vision culturelle qui souligne l’importance (locale, nationale, internationale) des événements qui gravitent autour de la grande figure de Paoli et de son œuvre. Le texte visé a donc plein statut de fiction dramatique, mais dans le respect de l’interprétation historique et des travaux scientifiques qui font autorité sur la période. Ainsi peuvent être garanties la valeur littéraire et culturelle de l’œuvre ainsi que la portée documentaire de l’événement-spectacle proposé au public.
Il intègre l’idée que les lieux que propose le site cortenais sont des éléments essentiels de l’événement culturel et touristique à construire. Leur exploitation dans la dramaturgie est donc étroitement liée aux événements et aux personnages mis en scène dans la fiction.

Le thème dramaturgique
Le thème dramaturgique mis en exergue par le comité de pilotage est le retour de Pasquale Paoli en Corse en 1790, après les années d’exil à Londres. Il structure l’ensemble de la construction dramaturgique, même si –naturellement- tous les autres épisodes déterminants de l’histoire paoline et les autres “retours” doivent trouver leur juste place dans l’évocation d’ensemble.
Les ressources
Les ressources qui permettent cette intégration sont multiples, des moins spectaculaires (type récit) au plus visualisées (type diapositives, séquences filmées, voire images de synthèse , murs d’images et dispositifs multimédia, éclairage événementiel). Ces procédés relèvent de la scénographie mais proposent à l’écriture dramaturgique des perspectives infinies.

Une double perspective sémantique
Le texte dramaturgique se développe dans le cadre dessiné sur la base des indications fournies au comité par le professeur Jean-André Cancellieri. Ce cadre ouvre sur une double perspective sémantique: d’une part l’exil, et d’autre part la contradiction latente -mais qui éclatera entre 1792 et 1793- entre Paoli et la Révolution, au sujet de l’idée même de démocratie. On doit à ce propos rappeler le clivage important entre la conception paolienne héritée de l’Illuminismo modéré du 18e siècle et l’acception radicale de la Révolution française qui s’accuse rapidement après 1789.

Cadrage historique : le retour de 1790
Pour obtenir une mise en relief et une utilisation appropriée des sites cortenais tels que la Citadelle, Le Palazzu Naziunale, les places et/ou les édifices religieux, le dramaturge Marco Cini (Pise) propose de faire reposer l’ensemble du projet sur la contradiction féconde mise en évidence par le plan du Professeur Cancellieri.
En d’autres termes, le spectacle a été centré sur le point n°5 tout en ouvrant sur tous les aspects de la fresque paoline, avec les autres départs et retours (par la sollicitation de flashes et de tableaux, de brèves et riches évocations offrant toujours la dimension européenne et internationale reliée à la période, aux personnalités et aux événements impliqués, avec le recours à divers procédés évoqués ci-dessus (cf. « Les ressources »).
La période ainsi retenue pour cette évocation centrale est celle qui précède immédiatement l’instauration du Royaume Anglo-Corse. Le Professeur Cancellieri y met en relief des traits essentiels :

5°) Paoli se réinstalle à Corti : Saint-François et Palais National :L’accueil au Palais National, rappel de la prédiction de 1769 (Corti, ricordati che mi chiamo « Fortunato »).Le couple Saint François-Palais National ; scènes d’intérieur et vues extérieures (clocher). La tragédie du royaume anglo-corse : Paoli écarté du pouvoir quitte Corte »)
(extrait de la fiche d’orientation historique)

Nous voyons donc Paoli aux prises avec de graves dissensions internes à la Corse, balançant entre les choix politiques à faire et parfaitement conscient du drame que traverse l’île.
Dans ce climat d’inquiétude et de perplexité, le Général et ses collaborateurs rappellent les événements qui ont ébranlé la société et coïncident, dans une très large mesure, avec la biographie de Paoli lui-même.

Une succession de tableaux-rencontres
A travers une succession de tableaux le public découvre donc le Général de la Nation en interaction avec :
1-le padre Guelfucci.
Thèmes : le séjour à Londres jusqu’en 1790, la vie des salons de l’élite londonienne, Boswell et Mary Cosway,
2-Saliceti (ou un autre commissaire de la Convention).
Thèmes : le séjour à Paris ; la rencontre avec Louis XVI ; l’espoir et les projets politiques fondés sur l’accueil réservé à l’exilé par les révolutionnaires de l’Assemblée Constituante (de Mirabeau à Robespierre).
3-d’autres personnes de son entourage (conseiller, personne du peuple, jeune partisan).
Thèmes : itinéraire Paris-Macinaghju-Bastia ; entrevue avec le jeune Bonaparte ; festivités et réjouissances ; liesse populaire.
4-Pozzo di Borgo.
Thèmes : voyage de Bastia à Corte ; divergences avec la Convention ; justification de la rupture avec la France révolutionnaire ; appel des Anglais en Corse.

Climats et ambiances
Accompagné des indispensables éléments et supports de la reconstitution historique (costumes, scénographie, sons et lumières appropriés) ce spectacle est conçu non comme commémoration mais remémoration autour du personnage principal, acteur et sujet de son histoire, et de ses interlocuteurs, au cœur même des sites et des lieux qui en portent le sens et la mémoire. Les parties dialoguées et leur enchaînement narratif (récitant et séquences visuelles et musicales) doivent favoriser cette remontée dans une histoire liée à la mémoire d’une cité.
Ce mouvement est associé à la diffusion de tonalités différentes, de « climats » affectifs et intellectuels variés :
• Nostalgie : à propos de la richesse de la vie culturelle durant le séjour en Angleterre ;
• Espérance : à propos de la liberté qu’a recouvrée la Corse lors des premiers mois du bouillonnement révolutionnaire;
• Joie : avec le retour en Corse
• Désillusion provoquée par la situation découverte dans la société insulaire du temps : un ordre social précaire et les sommations de la politique des Conventionnels.

L’intensité dramatique varie suivant les péripéties de l’évocation.

Scénographie
Les choix scénographiques dépendent naturellement de la forme définitive et des contenus du texte dramaturgique, mais une première évaluation des possibilités offertes permet de retenir quatre grands tableaux correspondant aux quatre grandes entrevues qui structurent le projet dramaturgique défini ci-dessus.
Ils se situent sur l’itinéraire qui conduit de la Place Paoli au parking du Musée et traverse successivement Sculiscia, Place du Poilu, Citadelle et Parvis du Musée. Un parcours qui offre des « stations » où les lieux de l’histoire paoline (cortenais et non cortenais) peuvent être animés, montrés ou suggérés, en fonction des choix esthétiques et touristiques, comme des contraintes techniques et de circulation-sécurité.
Le scénographe Mariano Corda (Cagliari) a opté pour la variation dans le traitement de ces quatre grandes séquences.

Quatre tableaux, dominantes stylistiques
Les différents éléments (voix et sons, images et lumières) étant naturellement exploités à parité dans l’ensemble du spectacle, chacun des quatre grands tableaux peut être identifié et caractérisé par une dominante stylistique :

• Théâtrale : jeu d’acteurs et représentation d’un passage dramaturgique ;
• Musicale : mise en oeuvre instrumentale et/ou chorale pour une pièce musicale inspirée d’une autre séquence ;
• Visuelle-effet départ : illumination de sites et projection d’images fixes ou animées sur grands supports naturels (murs, remparts) ou construits (écrans). L’effet recherché est celui de l’élargissement spatial, et prend appui sur la géographie du site cortenais découvert à partir du lieu de la représentation. Cet effet extérieur en panoramique ouvre sur les lieux et l’histoire des sites non cortenais suggérés par la fiche d’orientation historique (Naples, Londres, Paris, Toscane, présides de Corse, etc...) ;
• Visuelle effet-retour : autre effet-lumière bien fait pour suggérer les dominantes psychologiques des événements insulaires (cf.ci-dessus : « Climats et ambiances »). Il sculpte l’obscurité par sources diverses (projecteurs, lampes tempêtes ou à incandescence), procédant par contrastes et effets divers. Lumière dardée ou modelant les corps et les volumes, la conduite consiste à allumer les sources une à une tout au long du travail, suggérant aussi un itinéraire (dans l’histoire, dans la biographie, dans la mémoire de la cité).