GHJENNAGHJI

G.THIERS

 – 

 

U ghjornu singhjuzzava a vigilia bughjura

I carrughji attuniti cuntavanu i so morti.

Tandu entre u pastore cum’è i battelli à i porti

Calmi, è si indinochja è sdrughje a paura.

 

Prega à core scioltu è si sparghje l’amore.

Si hè zitta ancu l’aria aspittendu a chjama

di a voce portapace chì tutta a ghjente abbrama.

Si hè piatta ancu a zerga, è parla u Signore :

 

« Statu onnipudente, tù chì stai in l’imperu

di forze accanite è di ferru è di focu,

laca mi i mo figlioli è laca mi stu locu ;

ùn mandà più saette contr’à u so addisperu

 

Ùn parlemu di Lege è guardemu li Dritti,

Si sò pisati tutti contr’à a to inghjustizia

di mani è di voce ne cresce una divizia.

Scrizzerà torna u sangue s’è tù ùn li lachi arritti ».

 

Ma quesse ùn sò voce chì sente a preputenza.

Hè debbule u Signore in pettu à u Statupetra.

I fiumi impauriti  correnu à l’ombra tetra

di a guerra chì rinnova quella antica viulenza.

 

Janviers 

 

La veille enténébrée faisait pleurer le jour

et les rues stupéfaites recomptaient leurs morts.

Entre alors le berger, comme les nefs aux ports

sereins, il s’agenouille et la peur s’évanouit.

 

L’amour s’est répandu lorsque a prié ce cœur.

et même l’air s’est tu, qui espérait le signe

de la voix porte-paix, comme la foule digne.

Le courroux s’est terré et parle le Seigneur :

 

“Etat omnipotent, qui détiens ce pouvoir

de forces acharnées, et de fer et de feu,

laisse-moi mes enfants et laisse-moi ce lieu,

ne darde plus tes traits contre leur désespoir.

 

Ne parlons plus de lois, et protégeons le Droit,

ils se sont tous levés contre tes injustices,

et ces mains, et ces voix se lèvent et s’affermissent.

le sang rejaillira, s’ils ne marchent plus droit.”

 

Mais ce n’est pas un cri que comprend l’arrogance.

Le Seigneur est bien faible face à l’Etat-pierre.

Les fleuves apeurés refluent dans l’ombre amère

des armes qui ravivent cette antique violence. (trad.F.M.DURAZZO)

 

 

 

 Poème écrit en hommage aux voix qui intercédèrent en faveur de l’apaisement, lors des événements de Bastelica-Fesch, et en particulier celle de Monseigneur Jean-Charles Thomas pour son attitude courageuse. Le 6 janvier 1980, des barbouzes du mouvement d’extrême droite Francia, furent surpris en train de marauder, par des militants nationalistes dans le village de Bastelica. Il s’en suivit une prise d’otages à Ajaccio à l’hôtel Fesch. Monseigneur Thomas intervint pour tenter de trouver une solution pacifique et négociée. L’affrontement entre nationalistes et forces de police fit plusieurs morts : d’abord un policier, puis quatre passants étrangers aux événements abattus par la police, ayant perdu tout contrôle.