Nouvelles de l'étranger

De «Europe» Nº 464 (décembre 1967)
Traduit du catalan par Antoine Cayrol

Trujillo est mort. Seigneur, il nous faut croire en vous
qui vous montrez si juste et si miraculeux!
Ce n'est pas bien de fêter la mort. Horrible est la haine.
Mais, peut-on rester indifférent à cette joie qu'il ne tourne
plus dans nos rêves, incessamment comme un cruel vautour
qui attend au finish si la peur nous vaincra.
Je puis respecter la mort d'un ennemi qui joue
franc jeu -après tout sa dureté nous aide-
Mais aujourd'hui je suis heureux du sang qui a jailli
-seulement aujourd'hui- car la mort a bien choisi.
Qu'il fût ce Benefactor, fou ou sain. Seul importe
ce mal collé a son vivage
Sa mort ne fléchira le fléau de ces deuils
que ce fils de putain accumula en trente ans.
-Cette mer de douleur, oú nagent les Antilles
le Sud des Amériques rongé par les chacals
Quand aura-t-il la paix que refuse Wall-Street?
Dites, quand donc viendra le jour sur toute cette nuit?
Le dilemme est posé. La nuit américaine
de millions de regards fixe l'heure à Cuba.

«La poésie doit avoir comme but la vérité pratique.»
Paul Éluard