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Le désir

La thèse : dès qu’il s’arrache au baiser l’homme se transforme en serpent
1. La langue amasse un poison sucré. Sans le baiser d’hier soir, Ana,
ç’aurait été un matin ordinaire, conscient. Le temps s’est étiré.
L’à présent est long. Nous nous tûmes à cet instant sans nous voir,
Deus ombres ou deux petites torches, ancrées sur la poitrine,
Offrant le visage désiré dans les ténêbres, les plis des lèvres,
Transvasés des ténêbres en une peau miroitante.
Un grain de raison nocturne, fendu.
Il a duré longtemps, sans souffle, à en perdre la voix.
Je ne pouvais dire en l’embrassant que je l’aimais.
Craignant pour ses lèvres, pour son enfant endormi.
Incessament je cherchais à ce qu’il me soit rendu et renouvelé.