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Francese

LES HORIZONS DE L’EDITION REGIONALE (1)

Guy FIRROLONI insiste tout d’abord sur le caractère atypique du développement d’ALBIANA par rapport aux itinéraires habituels des maisons d’édition en région. Il souligne l’énergie, la puissance de l’édition en France et indique la portée culturelle d'un dynamisme qu’il compare à celui de l’Allemagne, de l’Angleterre, de l’Italie et d’autres situations. Il en suit le développement depuis le Siècle des Lumières et la naissance de L’Encyclopédie. Il en indique la fonction sociale de plus en plus affirmée, depuis le premier réseau de libraires parisiens jusqu’aux formes qui démontrent progressivement le rôle de passeur, de médiation entre l’auteur et le lecteur, à mesure que se dessine plus fortement l'action logistique de l'éditeur.

Ainsi l’éditeur voit s’accroître l’impact et la place de son action dans l’espace de la littérature avec l’implication de personnalités qui sont assez souvent elles-mêmes des auteurs  tout au long du 20ème siècle. Un mouvement d’une densité accrue, accompagné par le développement exponentiel des librairies jusqu’aux années 1950-960.

Le conférencier pointe ensuite un phénomène nouveau avec la naissance de groupes de médias –comme Hachette ou Mondadori- qui visent une autre catégorie de lecteurs et modifient la nature du lectorat en faisant du livre un produit commercial. Des changements qui entraînent insensiblement d’importantes mutations car le rôle de l’éditeur évolue et l’entrée du livre dans les grandes surfaces modifie très sensiblement un milieu héritier d’une tradition bien typée. On voit alors s’effondrer des pans entiers de l’édition (ex : PUF), s’effectuer des regroupements considérables comptant des dizaines d’édition tandis que s’accentuent la réification de l’objet livre (raccourcissement du temps de présence en rayon, péremption et passage au pilons) et une certaine dépersonnalisation des directeurs éditoriaux. Ces derniers voient en effet leur fonction souvent assimilée à l'action d'opérateurs commerciaux, de traders exclusivement soucieux de ventes et de profits à grande échelle.
La conclusion de cette première partie pointe ainsi quelques faits saillants :
• Une modification qualitative considérable du livre de plus en plus assimilé à une banale marchandise;
• Une révision complète de la chaîne du livre;
• Une concurrence des savoirs éphémères liés aux NTIC dressés contre la connaissance traditionnellement liée à l’activité de lecture;
• Une profonde crise d’identité que traversent actuellement les acteurs des métiers du livre et de l’édition.