LA VISITE - A Barca di a Madonna

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A Barca di a Madonna

(sonu A Barca 1)

A passata ch’o pensu ùn sò s’ella hè un ricordu veru o falsu ma riferisce à un fattu di u mo cutidianu stalvatu trà i mo spiazzamenti usuali trà Bastia è Corti à a fine di l’anni 1980.

Sò in vittura, solu, in traccia di cunduce...

Vecu ...-o mi pare di vede-...una cosa strana: una statula bianca bianca di a Madonna cù u bambinu nantu à una barca chì voca sopra un mare di capi...

Di prima si hè un pocu sottu sopra è dopu omu si ragiuneghja... Alè! Si travaglia troppu :… u sgoba sgoba, si pianta. Un’arretta... A sigaretta. Più nunda. Si ripiglia a strada. Si face e so lezziò, omu si scorda. U lindumane ...–dui ghjorni dopu forse ? o più tardi ? ùn la sò – ... listessa scena. Sta volta sarà stata di menu visione chè sforzu incuscente di rimemurà si. U fattu si stà ch’ella volta listessa maghjina in e stesse circustanze, senza stupore. Oramai aghju decisu d’andà à circà a suluzione.

 

(sonu A Barca 2)

Casca ch’o ne parlu à Mamma chì à iss’epica era sempre viva. Mi risponde ch’ella li ramenta a Madonna di u Gran’ Ritornu! Ma cosa hè iss’affare? Mai n’aghju intesu parlà Mi risponde à pocu pressu... una prucessiò tamanta chì hà francatu a Corsica ind’è l’anni subitu dopu à a Guerra. Ammenta a folla, e scene di devuzione di un altru tempu è u passagiu di a statula è a folla ingiru à a ghjesa di Santa Lucia duv’ella l’aspettava a pupulazione sana sana. O Sangula miseria! Bella sicura! A Vergine! U Bambinu ! ... un mare di ghjente ! A statula, ùn aghju micca vistu ch’ella era posta nantu à un camiò!

  • O mà, ma quandu era quessa?
  • In 1946 o 1947. Eo t’avia in collu, t’avia...

Eccu.! Ùn ci vole di più! Basta per piglià i paesi. Sò natu di ferraghju 1945. Tandu chì hà da esse? u mo ricordu più vechju ?...

 

(sonu A Barca 3)

Sfurmazione prufessiunale. Mi lampu in una vera inchiesta “scentifica”: giurnali, stampa, culleghi suciolughi ed etnolughi, tutta l’artiglieria di u “scentificu” è tandu scopru l’odissea di a Madonna di Bulogna... prima a Guerra è dopu, in Corsica (d’aprile di u 1947 à ghjennaghju di u 1948) è chì dopu parte in ...Martinica (ma fighjate à pena!). U mo amicu Enzo Pace (suciolugu specialistu in storia di e religione à l’università di Paduva) mi risponde subitu subitu: « Questo è una cosa molto conosciuta : è la madonna pelegrina ». Chì stupore: mi conta cumu a Santa Sede è a CIA americana anu fattu girà issa statula nantu à i lochi passati à u cumunisimu durante a Risistenza. Chì campa per almanaccà un racontu!

A sequita hè una bella storia: un’inchiesta piena à scuparte è l’elaburazione d’un rumanzu publicatu di marzu 1996, è dopu à qualchì mese, u fattu di leghje quellu di Raphaël CONFIANT : La Vierge du Grand Retour ! È po dopu, unepochi d’anni dopu un filmu di Serafino FASULO di Livornu : La Visita… Piacè! Solu piacè! Cum’ellu si dice nantu à a scena!

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https://www.potomitan.info/confiant/vierge3.php

In Martinica, duie reazzione opposte ?

http://www.lescrutateur.com/2019/04/television-la-vierge-du-grand-retour-un-mechant-petit-petard-qui-a-fait-pschiiit.html

https://www.montraykreyol.org/article/de-notre-dame-du-grand-retour-la-vierge-miraculeuse-a-la-martinique-en-1948?page=1044

SOUVENIR OU FICTION?

A BARCA DI A MADONNA ET SES ... APPARITIONS!

Je ne sais pas si le passage auquel je pense est un vrai ou « faux souvenir » mais il fait référence à un événement du quotidien survenu lors d’un de mes déplacements habituels entre Bastia et Corti (fin des années 1980). 

Je suis au volant, seul dans ma voiture. Je vois (ou crois voir ?) une chose étrange : une statue toute blanche de la Vierge à l’enfant dans une barque glissant sur une mer de têtes !

Un peu paniqué d’abord, et puis, on se raisonne… Bon ! On travaille trop, surmenage, on s’arrête. La pause…. Cigarette. Plus rien. On reprend la route. On fait ses cours, on oublie. Le lendemain -deux jours après ? plus tard ? je ne sais pas- même scène. Moins vision sans doute qu’effort inconscient de remémoration, cette fois-ci. Toujours est-il que la même image revient, dans les mêmes circonstances, moins la stupeur. J’ai désormais décidé d’aller à la recherche de la solution.

J’en parle incidemment à ma mère, encore en vie à cette époque. Elle me répond que ça lui rappelle la Vierge du grand retour ! Mais qu’est-ce que c’est ? Jamais entendu parler ! Elle me répond approximativement… une grande procession qui a traversé la Corse dans les années qui ont suivi la Guerre. Elle évoque la foule, des scènes de dévotion d’un autre temps et le passage de la statue et la foule autour de l’église de Santa Lucia où toute la population l’attendait. Bon sang mais c’est bien sûr ! La Vierge ! L’enfant ! Une mer de gens ! Je n’ai pas vu le plateau du camion sur lequel était posée la statue !

  • Mais c’était quand, Maman ?
  • -En 1946 ou 1947. Je t’avais dans mes bras…

Voilà ! Il n’en faut pas davantage pour gamberger. Je suis né en février 1945. Alors, quoi : mon plus ancien souvenir ? …..

Déformation professionnelle. Je procède à une véritable enquête « scientifique » : journaux, collègues sociologues et ethnologues, toute l’artillerie du « scientifique » et je découvre l’odyssée de Notre-Dame de Boulogne… avant et après la Guerre, en Corse (d’avril 1947 à janvier 1948) puis départ pour la Martinique (tiens, tiens !). Mon ami Enzo Pace (sociologue spécialiste en histoire des religions à l’université de Padoue) me répond sans coup férir : « Questo è una cosa molto conosciuta : è la madonna pelegrina ». Etonnement : il me raconte comment Saint-Siège et CIA ont promené cette statue sur les terres passées au  communisme pendant la Résistance. Quelle aubaine pour bricoler une intrigue!

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La suite est une belle histoire : une enquête pleine de découvertes et l’élaboration d’un roman publié en mars 1996, puis quelques mois après la lecture de celui de Raphaël CONFIANT : La Vierge du Grand Retour ! et quelques années plus tard le film de Serafino FASULO sur une idée de Gabriele BENUCCI de Livourne : La Visite

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Rien que du bonheur ! comme on dit sur la scène !

Un commentaire de psychanalyste qui y a vu « une pépite » !

comment vous remercier pour cette pépite ? En quelques lignes une scène qui donne la dimension de l'inquiétante étrangeté selon la formule de Freud, quelque chose de familier (les statues de la Vierge dans une barque sont légion en Corse, si j'ose dire ! Il y en a même une à Olmi-Cappella, village de montagne par excellence, ce qui surprend toujours les touristes ) là où ça ne doit pas apparaître ! Freud avait évoqué cette scène dans laquelle il voit son image dans la vitre du train qu'il croise et ne la reconnaît pas pour sienne. Cette Vierge, qui apparaît là où elle n'est pas censée se trouver, est en effet un petit évènement qui décolle la réalité et "troue" le rapport paisible entre soi et le monde, traumatisme ou troumatisme mot inventé par Lacan. Il y faut tout le savoir faire de l'homme curieux des choses et poète pour "recoller" le savoir et l'image !

Merci, merci mille fois pour ce témoignage plein d'humour et si délicat.

Ghjacumu Thiers