Capes de corse : la tension monte au sein de l'université

Capes de corse : la tension monte au sein de l'université 

Par: Véronique Emmanuelli

Publié le: Corse-Matin 23 février 2021 à 15:30

Dans: Education

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C'est au tour des membres du jury du concours mais aussi de l'agrégation de corse de monter au créneau désormais. A ce stade de la mobilisation, leur opposition à la refonte des épreuves se traduit par un courrier collectif adressé au ministère de l'Education nationale

La mobilisation s'amplifie, au sein de l'académie, contre la réforme du Capes de corse. Après les syndicats d'enseignants du second degré, les acteurs associatifs, les représentants politiques, c'est désormais au tour des enseignants-chercheurs et de professeurs certifiés, tous membres des jurys du Capes comme de l'agrégation de langue et culture corses de monter au créneau pour dénoncer "un recul patent, inacceptable d'un point de vue scientifique".

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On fait tous cause commune. 

Depuis l'université de Corse, l'opposition "à cette nouvelle structuration des épreuves du concours" et par conséquent à l'arrêté du 25 janvier 2021, s'exprime, à ce stade, à travers un courrier collectif adressé au ministère de l'Éducation nationale.

Tandis que l'inversion des coefficients entre corse et français reste le principal sujet qui fâche. "L'arrêté du 25 janvier impose un Capes externe de langue corse avec un total des coefficients double soit 8, en ce qui concerne les épreuves en langue française de celui concernant les épreuves en langue corse, 4. Seules les épreuves de traduction mettent à parité les deux langues", dénoncent les signataires du courrier.

Rappel des fondamentaux

Une modification qui doit s'interpréter selon eux comme "un abaissement du niveau de maîtrise de la langue corse et de compétence en culture corse, dans le recrutement des futurs enseignants de langue corse par Capes externe". En parallèle, les rédacteurs s'inquiètent d'une approche dévoyée de la langue corse, dans la mesure où " l'espace du corse se résume trop souvent à une langue-objet et voit considérablement réduit son champ de langue-outil".

Mais, il y a plus global de l'avis commun. Si les mesures préconisées par le gouvernement étaient appliquées, le Capes de corse, capes monovalent par définition depuis sa création, il y a 30 ans, changerait complètement de nature.

Et il n'est pas question de tirer un trait sur les fondamentaux. On remet plutôt l'histoire au clair. Elle fait appel notamment à l'existence d'une " section langue corse ".

"Cette spécificité provient d'une volonté consensuelle d'un concours externe se déroulant en langue corse et axé exclusivement sur la langue et la culture corses. La langue française a ensuite été introduite dans les épreuves orales d'admission, restant, cependant, très minoritaire, tant au niveau des coefficients que du temps d'épreuve", insistent-ils.

C'est pourquoi, la revendication est limpide. " L'università di Corsica demande que soit revu dans la section langue corse, l'arrêté relatif au Capes de corse afin que, partout, à la mention 'en langue française' soit substituée la mention 'en langue corse' sans rien modifier de l'ensemble de la structure du concours afin de garantir les compétences linguistiques et professionnelles des futurs enseignants de collège et lycée".

Les universitaires prônent la concertation "avec les autorités ministérielles".

D'ores et déjà, des échanges ont eu lieu cette semaine avec la rectrice de l'académie de Corse. Avant de faire valoir leur volonté ferme "d'assurer la transmission de la langue corse, patrimoine de l'humanité", mais aussi langue vivante en totale adéquation avec le monde contemporain.