Bastianu Cordoleani

Bastianu Cordoleani, designer francese natu in u 1978, stà in Barcelona, Ecchisi è Parigi è, da pocu tempu, ancu in Corsica duv’ellu sarà in residenza sinu à i primi mesi di u 2015. Diplumatu di l’ENSCI in u 2004, hà principiatu in una cellula di design pruspettivu è dopu hè intrutu in u studiu d’Andrée Putman. Dopu cullaburatu cun Franck Fontana da u 2006, in u 2010 apre u studiu sputicu soiu.

 

U so travagliu posa trà una ricerca sperimentale fucalizata nant’à i prucedimenti di fabricazione è l’affirmazione di un dissegnu essenziale incentratu nant’à l’usu.

I duminii duv’ellu intervene interessanu i prudotti industriali, a mubiglia ed u spaziu, da e fase di pruspettiva sinu à u rializatu finale. À tempu à e so cullaburazione Audi, Ricard, Moustache, Gandia Blasco, Cinna, scava u prugettu Matière à Penser, principiatu in u 2006 è chì posa nantu à l’usservazione di i materiali ed i sapè fà. Hè l’occasione di partenariati regulari cun l’artisgiani ed e manufatture cum’è Selaneuf, a Manufattura di Sèvres, a cunfiseria Papabubble, è capartisgiani in Messicu è Giappone.

Issa andatura hè stata ricunnisciuta in parechje occasione : hè statu laureatu di u Gran Premiu da a Cità di Parigi in u 2005, di a residenza à a Villa Kujoyama in Kyoto in u 2007, vincitore di u cuncorsu Audi Talents Awards è dinù, u listessu annu, u Gran Premiu Design Parade 03 à a Villa Noailles.

Portrait: Sébastien Cordoleani, designer de talent

(par Sandrine ORDAN, Corse-Matin, mardi 11 novembre 2014)

Le jeune designer de 36 ans travaille sur plusieurs idées d'objets qui seront tous en bois et rappelleront le territoire et la culture corses.

C’est sur le bois que travaille Sébastien Cordoleani pour la résidence Fabbrica Design. Un projet mené pour cinq mois depuis son atelier cortenais, en se basant sur le territoire et la culture insulaires
La Corse, Sébastien Cordoleani la parcourt de long en large depuis quelques semaines. Si bien qu'il est parfois compliqué de le trouver dans son atelier cortenais. À 36 ans, ce natif d'Aix-en-Provence est le premier pensionnaire de Fabbrica Design, la résidence imaginée par la fondation universitaire et le département artistique de l'université. Un challenge et un vrai.
« L'appel à projets était relativement large, mais ce n'est pas une mauvaise chose. Cela me permet de réfléchir véritablement à ce qu'est une résidence de design, en mettant l'objet et non son créateur, au centre de la démarche. Et c'est d'autant plus intéressant que la production sera intimement liée au territoire insulaire. »
Sa réflexion, menée autour du bois, Sébastien Cordoleani la nourrit de rencontres, qui,« pour le moment en tout cas, se font un peu de manière improvisée. Je roule, j'observe, j'appelle les gens, et s'ils sont disponibles, je les embête pendant quelques heures ».
Une technique qui devrait porter ses fruits, « même si on ne parle pas encore de collaboration. On pose l'échange, je vois ce qu'ils font habituellement et pourquoi. Et surtout, je profite de leur connaissance assez forte du patrimoine corse. Ces informations-là vont m'être indispensables ».
Un «véritable challenge»
Car, en plus, notre designer a bien l'intention de renouer avec une partie de son histoire personnelle au travers de ce projet pour la Fondation : « Ma famille est originaire de Murato, mais mon grand-père est parti assez jeune sur le Continent et il n'avait pas de maison ici. Nous sommes donc venus régulièrement, mais pas forcément en fonction des attaches familiales. Cela dit, je me suis toujours senti chez moi en Corse, et ça, ça ne change pas. La résidence, c'est un peu l'enjeu personnel qui se mêle à celui d'un appel à projet qui n'est pas vraiment classique. Un véritable challenge. »
Installé dans une belle pièce au Palazzu naziunale, Sébastien Cordoleani passe son temps de croquis en maquette, jette un œil à son ordinateur, le téléphone portable jamais très loin. Et malgré les dizaines de planches de dessins, l'ensemble paraît étonnamment ordonné.
« C'est vrai que pour le moment, les gens qui viennent à l'atelier voient toujours les mêmes dessins. Je travaille comme pour mon projet « Matière à penser » où je pars du matériau pour créer. C'est exactement ce que je fais avec le bois alors que c'est précisément le postulat inverse du design. »
Cette idée, il la traîne avec lui depuis plusieurs années. Elle est née à Barcelone avec son ami Franck Fontana, puis l'a accompagné au Japon, au Mexique. Car ce garçon-là a la bougeotte. Parlez-lui d'un endroit et il en évoque plein d'autres.
Vous raconte qu'il s'arrête discuter avec un peu tout le monde au milieu de nulle part. Finit même par vous dresser une petite comparaison entre les Corses et les Japonais, « qui se rejoignent par leur côté insulaire, mais pas seulement. Sur les deux îles, les gens sont extrêmement chaleureux et accueillants. Mais il en faut tout de même un peu plus pour percer réellement la carapace et créer rapidement des amitiés profondes ».
Au pays du Soleil-Levant, il a vu des artisans considérés comme un « trésor national vivant », alors que l'Amérique centrale lui a donné la sensation d'un chaos « mais qui crée des choses ».
A cette époque-là, entre 2007 et 2009, il est déjà diplômé de la prestigieuse ENSCI depuis quelques années, a remporté des concours, fait des résidences pour des noms célèbres du milieu, travaillé pour de grands groupes… Le curriculum de Sébastien Cordoleani commence à être plutôt conséquent.
Mais ce fils d'architecte a toujours gardé l'envie de faire de la recherche et se lance dans des projets bien à lui en parallèle de ceux menés entre Barcelone et Paris.
Il se met donc en rapport avec des éditeurs, mais se retrouve frustré de ne pas être présent sur toute la chaîne de production, « ce qui m'a engagé à chercher aussi d'autres voies, afin que le réseau ne reste pas quelque chose d'abstrait ».
Il tente alors de réaliser lui-même les objets qu'il imagine, notamment des lampes, et apprend à apprécier la relation avec le client, les échanges « qui permettent de faire évoluer les choses selon les envies, la pièce à laquelle l'objet est destiné. C'est finalement beaucoup plus simple que d'être une machine à produire ».
Impliquer le public dans le rapport à l'objet
Un principe qui le guide aussi dans son aventure cortenaise. Il sait déjà que plein d'objets vont sortir petit à petit de l'atelier aménagé dans la vieille ville, « en tentant de corréler la sortie du prototype avec celle de l'objet. On ne peut pas répondre aux commandes trois ans plus tard, car le public ne suivra évidemment pas ».
Du coup, notre designer travaille aussi sur la communication, « à ne pas débuter une fois l'objet sorti, mais dès le lancement du projet. L'étape de développement est importante pour créer une adhésion ».
Son approche, il le dit volontiers, est « peut-être un peu naïve, mais il y a ici quelque chose d'assez édénique qui existe toujours, des choses simples qui sont restées telles quelles. On a ce luxe d'avoir une densité de population faible, qui façonne aussi l'histoire des objets traditionnels. Finalement, les réponses se trouvent sans doute dans ce que l'on a près de soi ».
S'il explique avoir eu envie de travailler en Corse depuis longtemps - « J'avais été contacté à l'époque du centre des arts du feu de Prumitei à Francardo » - Sébastien Cordoleani se serait bien vu rester un peu plus que prévu, estimant que « cinq mois pour un challenge comme celui-ci, c'est finalement peu. Mais c'est aussi l'un des enjeux de cette première résidence : voir comment elle pourra être amenée à évoluer dans les années qui viennent ». Car il est d'ores et déjà acté que la Fondation renouvellera l'expérience, en changeant, bien entendu, de matériau de base.
Mais avant de découvrir ce que réserve l'avenir, c'est sur la journée du 12 novembre que le designer se concentre : ce sera le premier point d'étape de Fabbrica Design. Une journée pour présenter à quelques chanceux le travail déjà accompli et imaginer, avec eux, tout ce qu'il reste encore à faire.