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Corsu

Ma chì Culomba ?

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Cumedia plurilingua
da
Ghjacumu THIERS (Corti) è Marco CINI (Pisa)
Dicembre 2003

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Prisentazione

Le spectacle Ma chì Culomba ? s’articule avec l’exposition Prosper Mérimée au Musée de la Corse. Il en constitue un prolongement original dans l’ensemble des programmes élaborés par les lieux de patrimoine et de mémoire associés à l’événement « Mérimée ». Le Musée de la Corse a fait appel au théâtre pour proposer cette lecture, esthétique et critique, d’une époque cruciale pour l’image de l’identité corse et ses répercussions dans le domaine des idées et des arts. Le projet repose sur une triple déclinaison :

1) Thématique :

Le spectacle Ma chì Culomba ? s’appuie thématiquement sur le contraste des représentations suscitées par la Corse et son identité culturelle de part et d’autre d’une frontière culturelle et socio-politique historiquement constatée . Celle qui distingue, durant tout le XIXe siècle, et particulièrement à l’époque de Mérimée, les deux ensembles idéologiques que sont la France et l’Italie. Or cette période enregistre, à propos de la Corse et de ses habitants, le développement d’images stéréotypées qui vont nourrir bien des œuvres dans les deux ensembles culturels mentionnés.

L’œuvre de Mérimée se trouve précisément engagée dans ce courant jusqu’à en représenter la référence la plus notable, en particulier avec Colomba. Le phénomène est problématique car, au-delà de son caractère proprement littéraire, la fortune du roman et l’illustration de son auteur confèrent rapidement à la fiction l’autorité d’un document ethnologique. Si bien qu’en Corse, en plein XIXe siècle, tout paraît encore barbare : le pays, les préjugés, l’honneur. Les hommes y ont l’air de bandits, « de féroces coquins », se vêtent comme « des brigands de mélodrame », ce qui désigne le costume normal « du bourgeois corse en voyage ». Ils sont guidés par l’instinct, délaissent le travail de la terre, entretiennent des inimitiés extravagantes sous des prétextes qui le sont encore davantage.

Concurremment, les mœurs des Corses et leur culture sont relues par les élites de l’Italie du Risorgimento, à travers la geste paoline et dans la visée d’un renouveau de la grandeur italienne. A la recherche de modèles référentiaires et d’historicité, ce courant favorise une mythification des « vertus » insulaires et de la figure de Paasquale Paoli. Il trouvera son aboutissement littéraire avec des œuvres de valeur et de portée significative dans l’aire italique de la période pré-unitaire. On rappellera à ce sujet l’action du Cercle de Viale fécondée par la fréquentation de grands noms parmi les exilés italiens, Niccolò Tommaseo et Antonio Benci notamment.

On voit donc se cristalliser ici une représentation contrastée, voire résolument conflictuelle de la culture corse qui a ses prolongements dans les attitudes, les mentalités et les représentations contemporaines, qu’il s’agisse d’attitudes psycho-sociales ou de produits culturels et artistiques.
C’est sur cette vision antithétique, propice à la dramatisation scénique, que prend appui le spectacle en projet.

2) Fictionnelle

Sujet : Une compagnie théâtrale répète Colomba, un drame inspiré du célèbre roman de Mérimée. Le spectateur assistera ainsi à la représentation d’une représentation en cours d’élaboration. Par endroits, la répétition est interrompue par l’irruption du questionnement identitaire des comédiens. Les épanchements qui se produisent alors, entre confidences et conflits interpersonnels, mettent au grand jour une chronique sentimentale qui n’est autre que notre vie de tous les jours. Ma chì Culomba ? révèle de la sorte les mille et un « paradoxes du comédien » qui sont aussi ceux de l’identité et confronte le patrimoine à l’actualité.

Lieu : Le lieu suggéré est l’île, espace culturel de référence et théâtre où se superposent et s’opposent les deux images mentionnées plus haut.

Un disparate cependant, avec une brève allusion qui nous transporte hors de Corse : un tableau esquisse la scène de la dictée à Fontainebleau, clin d’œil métaphorique à l’empire du mériméisme dans les confrontations mentionnées plus haut.

Action : Dans notre fiction, la représentation de Colomba se développe sur deux plans alternativement sollicités, les comédiens les plus importants pouvant être amenés à jouer deux rôles.

L’un se réfère aux personnages « historiques » mis en scène par Mérimée. Se profilent ainsi Orso, Miss Nevil, Colomba, les Barricini, les bandits, etc… mais aussi d’autres héros -« positifs » ou non- inspirés du Pietro d’Orezza de Benci, comme le Paoli du Fede e Bellezza de Tommaseo et des ethnotypes des Novelle morali de Renucci ou des Canti popolari. Les rôles choisis sont naturellement porteurs d’une certaine « morale » contemporaine de l’époque romantique et risorgimentale, favorable à la Corse ou critique à son sujet.

L’autre dimension fait intervenir la conscience actuelle de l’identité culturelle et se positionne en prolongement ou en rupture avec la « valeur » de ces personnages historiques. En se dépouillant de son rôle, en donnant à voir et à entendre sa conscience de « moderne », le comédien invite ainsi à une réflexion sur la pérennité et les ruptures des images et représentations de l’identité culturelle et du patrimoine.
Le déroulement de l’action -non linéaire- conduit à l’affirmation de la nature duelle d’une identité qui aspire à l’unité, au-delà des conflits de représentations qu’elle aura pu susciter dans l’histoire. Ce constat se matérialise pour le spectateur dans l’histoire passé/présent des deux comédiens qui jouent les rôles d’Orso et de Miss Nevil. Le spectacle initié par un voceru prend fin avec le sirinatu.

3) Stylistique

Ecriture-tonalités : Bien entendu cette interaction entre deux niveaux de représentation engendre des parties discursives (répliques, prises de position contrastées au cours de séquences dialoguées), mais on évitera de verser dans le propos didactique. Aussi le spectacle fera-t-il appel aux émotions esthétiques plus qu’au discours proprement dit. Les contrastes constitueront la charpente de la dramaturgie et la référence pour les choix scénographiques. Le rapport continuités/discontinuités donnera ainsi sa couleur dominante au drame représenté.

Musique-chant : Les parties musicales (polyphonies traditionnelles et créations) souligneront les atmosphères et, dans certains cas précis (ex : ouverture par le voceru de Colomba ; sirinatu final) seront au cœur de l’action dramatique.
Langues : Les différents registres linguistiques (corse, français, italien) contribueront à marquer la diversité des plans évoqués : les rôles « historiques » parleront italien et français, les rôles « actuels » s’exprimeront en corse et en français. L’interaction des langues revêtira ainsi une dimension dramaturgique pleine et entière.

Décors-lumières : A partir d’éléments stylisés et symboliques, le décor sera essentiellement construit par éclairages et jeux de lumière.
Costumes : historiques, puis actuels.

Persunagi

 

Orsu della Rebbia
Miss Nevil
Culomba
Orlanduccio Barricini
Regista
Barricini l’avucatu
Salvatore Viale
Cesare Fabiani
I esiliatu talianu,
II esiliatu talianu
III esiliatu
Pietri, giovanu paisanu
Prefettu
Mérimée
Napoléon III
Eugénie
Madame de Metternich
Alexandre Dumas
Metternich
Octave Feuillet
Servi
Donne è omi

Situazione I

Mérimée, Napoléon III, Eugénie, Madame de Metternich, Alexandre Dumas, Metternich, Octave Feuillet, servi.

In un salottu di Fontainebleau, a famiglia imperiale è i so invitati sente à Mérimée chì li hà fattu fà pr divertimentu u dittatu chì accumpuleghja tante dificultà di l’ortugrafia francese. L’ambiente hè di a risa fine è di u spiritu squisitu.

Mérimée : Souffrez, sire, que nous puissions –respectueusement s’entend- remuer encore un peu le fer dans la plaie, dans votre plaie. Laissez-nous donc vous relire le passage de notre petit divertissement où se sont concentrées vos impériales soixante-quinze fautes… ou plutôt les soixante-quinze défauts de votre impériale vigilance…

Napoléon III : Pour grands que soient les rois, Mérimée, ils sont ce que nous sommes… vous connaissez la suite. Or si les rois ont quelque excuse lorsqu’ils sont… pris en délit de grammaire, vous conviendrez avec moi que les empereurs, étant par leur titre plus élevés en majesté, doivent jouir d’autant plus de votre académique mansuétude. A moins que vous ne considériez, comme votre collègue Hugo qui préfère le séjour humide de Guernesey aux douceurs de l’Ile-de-France, à moins que vous ne pensiez, disais-je que Napoléon III n’est que Napoléon le petit…
(rise)

Mérimée (lighjendu un paragrafu di a so famosa « dictée ») :
« Quelles que soient, quelque exiguës qu'aient pu paraître, à côté de la somme due, les arrhes qu'étaient censés avoir données à maint et maint fusilier subtil la douairière ainsi que le marguillier, il était infâme d'en vouloir pour cela à ces fusiliers jumeaux et mal bâtis et de leur infliger une raclée, alors qu'ils ne songeaient qu'à prendre des rafraîchissements avec leurs coreligionnaires ».

Sur l’ensemble de l’exercice, sa Majesté l’impératrice et la princesse de Metternich ont gagné une indépendance qui distingue le sexe autrefois réputé faible puisqu'elles n’ont commis respectivement –mille excuses, Majesté, mille excuses, Votre Altesse- que soixante-deux et quarante-deux erreurs !
(sciaccamanate)

Quant à l’Académie si dignement représentée par Messieurs Alexandre Dumas et Octave Feuillet, elle a la fermeté de l’institution et totalise quarante-trois insignifiants manquements aux règles du vocabulaire
(sciaccamanate)

De son côté, l’Autriche remporte tous les lauriers de la victoire car Monsieur l’Ambassadeur de Metternich ne s’est écarté que trois petites fois de principes qu’ont réglé nos lettres et nos arts. Votre Altesse démontre si besoin était un intérêt pour la culture et la langue française qui, sans cesser d’appartenir à la France, étendent partout leur empire sur le monde civilisé.
(sciaccamanate ; Metternich si pesa è saluta)

Alexandre Dumas (giratu ver’di Metternich): Quand allez-vous, prince, vous présenter à l'Académie pour nous apprendre l'orthographe?
(rise)

Napoléon III : Mon cher Dumas, Monsieur de Metternich est promis à une plus noble mission. Nous l’enverrons en Corse pour y diffuser, avec la civilisation et les bonnes mœurs, l’excellence de notre langue française. Notre lointaine province insulaire connaît si mal l’idiome de la mère-patrie et Monsieur l’ambassadeur la maîtrise si bien que je vous vois, Messieurs de l’Académie, bien pâles de dépit ! Le prince veillera aussi à ne pas attirer sur lui le courroux de quelque farouche prêtresse de la vendetta. Je vous vois interdits… Vos doctes travaux de langue vous auraient ils ôté l’aise de lire la Colomba de Monsieur Mérimée…
(si pesa è l’altri dinù)

Situazione II

Orsu, Miss Nevil

A si spasseghjanu in qualchì pratu è ragionanu dopu scontru à Culomba.

Orsu : Miss Lydia, franchement, que pensez-vous de ma soeur?

Miss Nevil : Elle me plaît beaucoup. Plus que vous, car elle est vraiment Corse, et vous êtes un sauvage trop civilisé.

Orsu : Trop civilisé!... Eh bien! malgré moi, je me sens redevenir sauvage depuis que j'ai mis le pied dans cette île. Mille affreuses pensées m'agitent, me tourmentent, ... et j'avais besoin de causer un peu avec vous avant de m'enfoncer dans mon désert.

Miss Nevil : Il faut avoir du courage, monsieur; voyez la résignation de votre soeur, elle vous donne l'exemple.

Orsu : Ah ! détrompez-vous. Ne croyez pas à sa résignation. Elle ne m'a pas dit un seul mot encore, mais dans chacun de ses regards j'ai lu ce qu'elle attend de moi.

Miss Nevil : Que veut-elle de vous enfin?

Orsu : Oh! rien... seulement que j'essaye si le fusil de monsieur votre père est aussi bon pour l'homme que pour la perdrix.

Miss Nevil : Quelle idée ! Et vous pouvez supposer cela! quand vous venez d'avouer qu'elle ne vous a encore rien dit. Mais c'est affreux de votre part.

Orsu : Si elle ne pensait pas à la vengeance, elle m'aurait tout d'abord parlé de notre père; elle n'en a rien fait. Elle aurait prononcé le nom de ceux qu'elle regarde... à tort, je le sais, comme ses meurtriers. Eh bien! non, pas un mot sur Barricini et ses fils. C'est que, voyez-vous, nous autres Corses, nous sommes une race rusée. Ma soeur comprend qu'elle ne me tient pas complètement en sa puissance, et ne veut pas m'effrayer, lorsque je puis m'échapper encore. Une fois qu'elle m'aura conduit au bord du précipice, lorsque la tête me tournera, elle me poussera dans l'abîme.

Elle s’est mis en tête que les Barricini ont assassine notre père et rien, n'a pu convaincre Colomba. Je l'ai vu par sa dernière lettre. Elle a juré la mort des Barricini; et... miss Nevil, voyez quelle confiance j'ai en vous... peut-être ne seraient-ils plus de ce monde, si, par un de ces préjugés qu'excuse son éducation sauvage, elle ne se persuadait que l'exécution de la vengeance m'appartient en ma qualité de chef de famille, et que mon honneur y est engagé.

Miss Nevil : En vérité, monsieur della Rebbia, vous calomniez votre soeur.

Orsu : Non, vous l'avez dit vous-même, ... elle est Corse, ... elle pense ce qu'ils pensent tous. Savez-vous pourquoi j'étais si triste hier ? Nous revenions, votre père le colonel et moi, en bateau. Savez-vous ce que me dit un des bateliers dans son infernal patois: « Vous avez tué bien du gibier, Ors' Anton', mais vous trouverez Orlanducciu Barricini plus grand chasseur que vous. »

Miss Nevil : Eh bien! quoi de si terrible dans ces paroles ? Avez-vous donc tant de prétentions à être un adroit chasseur ?

Orsu : Mais vous ne voyez pas que ce misérable disait que je n'aurais pas le courage de tuer Orlanducciu ?

Miss Nevil : Savez-vous, monsieur della Rebbia, que vous me faites peur. Il paraît que l'air de votre île ne donne pas seulement la fièvre, mais qu'il rend fou. Heureusement que nous allons bientôt la quitter.

Orsu : Pas avant d'avoir été à Pietranera. Vous l'avez promis à ma soeur.

Situazione III

Culomba, Orsu (mutu), Barricini l’avucatu, i dui Barricini giovani, Prefettu, Pietri
Donne è omi
A scena principia cù un quatru chì si precisa à mezu bughju. U publicu distingue forme fisse in giru à un catalettu. Ghjunghjenu parechji persunagi è à pocu à pocu u lume cresce è vene à schjarisce a scena chì hè quella di u voceru.
Tuttu u passu ripiglia in u libru di Mérimée u capitulu 12.
Entre Orsu della Rebbia è scopre a scena : u figliolu di Pietri, stringhje a manu di u babbumortu è dice : « O cum’hè ch’è tù ùn sì mortu di malamorte, o bà ? Chì tandu ti aviamu pussutu vindicà ! ».
Di un colpu l’assistenza si apre è si avanza Culomba chì hà da vucerà u vechju Pietri. Culomba basgia a veduva, li piglia una manu è stà cusì una stundarella, racolta ed capibassa. Dopu si righjetta u mezaru, feghja u mortu, è ghjimbata sopra à u cadaveru, mette à cantà :

O Carulu Battì, Diu accogli u to fiatu
Chì a vita hè suffrenza; ti ne vai in un locu
Duv’ell’ùn ci hè nè fretu nè sole arrabbiatu.
Ùn ti ci ghjuverà nè rustaghja nè focu
Nè zappa nè zappone, nisun straziu per tè.
Dumenica tutti i ghjorni, feghja o Maddalè

O Carulu Battì, Diu accogli u to fiatu
Feghja, tutta a casa, u to figliolu a cura
A leccia hè in pianu, da u libecciu siccata
Ma ci vedi un cacciu s’è tù ci ai primura
Diventerà un arburu, grande, forte è pumposu
È sottu, o Maddalè, ci ai da truvà riposu.

À misura ch’ella canta, si sparghje un ambiente di serenità chì passa nantu à l’assistenza sana. Un solu muvimentu manganieghja tutte e persone à u ritimu lentu, tristu è dolce di issu lamentu.
Di un colpu, u chjerchju si apre è affaccanu u prefettu, seguitatu da u vechju Barricini è i so figlioli, nemichi murtali di i della Rebbia. U cantu ùn stancia micca è Culomba ùn li vede micca subitu. Un recitante si pesa da u publicu è leghje u passu di u rumanzu di Mérimée. In issu mentre l’omi principianu à girà intornu à u mortu è pichjanu in terra cù u ceppu di u so fucile. Hè u caracolu…

Tout à coup un léger mouvement se fit dans l’auditoire : le cercle s’ouvrit, et plusieurs étrangers entrèrent. (…) Celui qui était entré le premier paraissait avoir une quarantaine d’années. Son habit noir, son ruban rouge à rosette, l’air d’autorité et de confiance qu’il portait sur sa figure, faisaient d’abord deviner le préfet. Derrière lui venait un vieillard voûté, au teint bilieux cachant mal sous des lunettes vertes un regard timide et inquiet. Il avait un habit noir trop large pour lui, et qui, bien que tout neuf encore, avait été évidemment fait plusieurs années auparavant. Toujours à côté du préfet, on eût dit qu’il voulait se cacher dans son ombre. Enfin, après lui, entrèrent deux jeunes gens de haute taille, le teint brûlé par le soleil, les joues enterrées sous d’épais favoris, l’oeil fier, arrogant, montrant une impertinente curiosité. Orso avait eu le temps d’oublier les physionomies des gens de son village ; mais la vue du vieillard en lunettes vertes réveilla sur-le-champ en son esprit de vieux souvenirs. Sa présence à la suite du préfet suffisait pour le faire reconnaître. C’était l’avocat Barricini, le maire de Pietranera, qui venait avec ses deux fils donner au préfet la représentation d’une ballata. Il serait difficile de définir ce qui se passa en ce moment dans l’âme d’Orso ; mais la présence de l’ennemi de son père lui causa une espèce d’horreur, et, plus que jamais, il se sentit accessible aux soupçons, qu’il avait longtemps combattus. (sta frasa ultima deve esse pruiettata in tralucente nantu à l’inseme di a scena)

Culomba i vede è tutta a so fisiunumia cambia. Un clima pisiu empie tutta a scena. A voce di Culomba diventa rabbiosa è fosca, in un voceru chì chjama à a vindetta :

L’altagna si hè svegliata è po ne stende l’ale
In u sangue intinghje u bizzicu fatale
L’orfagna pianghje u babbu è face un ghjuramentu :
L’assassini ùn purranu andà à salvamentu
U sangue hà da corre per sopra à Petranera
U sole ci si abbughja è fala a morte nera !

U caracolu si intorchja è ribombanu e voce in un ritimu acceleratu : à l’ultimu, gran muvimentu duv’elli scappanu i Barricini è u prefettu. Fermanu Culomba è Orsu.

Situazione IV

Orsu, Culomba

Hè a prima situazione di cuntrastu forte.

Orsu : Poi esse fiera, vai puru. Ai vistu u cunvugliu ch’è tù ai messu ? Soca ùn ne aviamu à bastanza ? Soca ùn ci ne hè corsu à bastanza sangue ? Soca ci vole à rinnuvà le da leva in purleva e chjame orrende di a vindetta ?

Culomba : Ùn parlate cusì, fratellumu, chì site cum’è noi, pensate cum’è noi. A vindetta hè più insù chè a lege di Francia. A sentite chì passa quì, per sopra à sta nuttata è si imposta vicinu, muta, ma ferma è decisa. A sentite ? Sentite listesse cose chè noi, chì site di listessa sterpa malgradu l’anni di spiccanza è d’esiliu…

Orsu : Di luntananza, d’esiliu micca ! Ùn mi pentu di nunda. Iè, mi ne sò andatu fora da Corsica ma aghju avutu strada splendida sottu à l’ordine di u nostru babbu. Culunellu della Rebbia ! Culunellu, a senti ? Culunellu è più insù, sottu à l’ala imperiale, à serviziu di Napuleone imperatore. È cù elli, ci aghju fattu u mo duvere, di suldatu, d’ufficiale, di Corsu…

Culomba : … È di figliolu, u duvere sacru di u figliolu ? L’avete fattu quessu u duvere, contrà i Barracini, chì ci anu inghjuliatu a famiglia, i genitori, chì ci anu ammazzatu à babbu ! L’avete fattu, issu duvere ? Issu duvere vostru ? L’avete fattu ?
Orsu piglia è esce, cumossu, ma senza una parolla mentre chì u rimbeccu Culomba u scorre :

Rispundite, rispundite ! Ùn dite nunda, chè ? Ùn rispundite nunda chì sapete chì parlu ghjustu ! Parlu chjaru è dirittu ! A mo voce hè stilettu, ma hè stilettu ghjustu :

Eccu quì u sangue seccu
Eccu quì a so camisgia
U piombu chì Babbu hà leccu
U mo core mi si sgrisgia !
O fratè, lu me cunfortu
Fà ch’ellu ùn ne fussi mortu !
Vogliu infurmà i vicini
Tomba tutti i Barricini

Situazione V

Regista, Culomba, Miss Nevil, Barricini l’avucatu, Orlanduccio
In scena l’attori, fermi, muti è intrugniti. U clima hè pisiu. Entre u regista,un pocu azezu. Circarà di prima à accuncià e cose è fà ripiglià u travagliu ma ùn stà tantu à palisà si u cunflittu ch’ellu ci hè trà a so visione è quelle di i teatrini.

Regista: Pronto! Cosa sta succedendo? Sembra che non vogliate continuare. Si può sapere cosa è accaduto? C’è lo scioperò? È vero? Fate lo sciopero? Va bene. Lo sciopero è giusto, è un diritto, ma, come si dice, “the show must go on”…! Vedo che la questione è assai seria… Pronto, chi parla! O Maria Anghjla, cosa dici?

Culomba : Eo ùn dicu nunda, ùn dicu chì sò dicu, dicu troppu Ma ùn possu fà a pezza sola sola ! Dumandate à i giovani chì sò elli i scuntenti. Sò in greva sò ! Eo innò, ma sola ùn possu travaglià !

Regista: Ma cosa mi racconti dello sciopero, dei giovani e dei vecchi? Io sono il regista e basta. Devo mettere in scena uno scritto e cerco di fare il mio lavoro. Si tratta di una cosa seria. Ci siamo presi un impegno e lo dobbiamo portare a termine, e farlo bene! È un incarico per l’anno Mérimée. L’incarico è venuto dal Museo. Il lavoro è molto impegnativo. C’è una data da rispettare, un appuntamento con il pubblico. I contratti da rispettare. È un lavoro mica da ridere o per capriccio. È un affare serio. Ho un lavoro e lo faccio. Avete firmato per Colomba, e faremo Colomba!

Miss Nevil : Culomba, Culomba, d’accordu, ma chì Culomba ? A manera ch’è tù mi dumandi di ghjucà issa Inglese capivana, credi ch’ella mi garbi ? Un rollu, ci vole à crede ci, ci vole à ficcà si ci cumu s’ella fussi a vostra pelle, a vostra identità. Chì o sinnò ùn vale. Ùn funziona. È issa Miss Nevil aghju modu à pruvà, eiu ùn ci entre !

Orsu : Avete pensatu à mè ! Vi rendite contu ciò ch’ellu pò rapresentà un rollu cum’è quessu ! U tippu parte è quand’ellu volta, si face ghjudice di i soi ! Tuttu ciò chì mi và à mè, cù e mo idee ! È le patois, è le pays barbare, è les mœurs sauvages ! Certe cose, mi fermanu in gola mi fermanu !

Regista: Ma bisogna invece che queste cose escano! Siamo qui proprio perché escano! E che escano bene, proprio come le ha scritte il signor Mérimée!

Miss Nevil : Signore Mérimée ! Vai puru ! Un sgiò pariginu à l’oziu, slaziatu è disprezzosu. À noi, i Corsi, ci cunsiderava cum’è salvatichi ghjustu boni per diverte issi viaghjatori inglesi à l’oziu.

Culomba : Quessa ùn hè ghjusta. Mérimée tuttognunu sà ch’ellu hè statu ellu, ispettore di i munimenti chì ci hà amparatu ch’è no aviamu un patrimoniu, tesori di seculi, stantare, cappelle, chjese è oratorii spapersi per issi machjoni… Senza ellu, ancu u nome averiamu persu : Ancu a memoria !

Barricini l’avucatu : Dite, dite ma avete capitu ciò ch’o sò eo, in a manera ch’ellu mi hà fattu ! Una vechja cogliula, è à la fine imbambuliscu ! Ùn sò s’aghju da aspettà a fine per diventà tontu ! Chì cù tutti issi discorsi mi avete da fà scimì !

Culomba : È à mè ! Ci avete pensatu à mè ciò ch’è vo mi fate fà ! Mi stò zitta ma oh ! tantu chì basti ! S’ellu si tratta di lagnà si, vi dumandu di fighjà in chì statu ch’ellu mi mette à mè, issu rollu di Culomba. Ma chì Culomba ? Una mantarellata chì ùn sarà stata cusì quenta per preferisce u sangue, l’assassiniu piuttostu chè i segni di a pace è di l’amore. Ma l’opera hè cusì ed eiu provu à fà la vera, degna, bella è forte cum’ella pare ogni volta ch’ella affacca in l’opera di Prosper Mérimée. Hè ùn hè sfaticata, cridite la puru chì Culomba, in u rumanzu hè una giuvanotta, ed eo, quì, s’o ùn mi sbagliu, sò a più vechja di tutti noi !

Regista: E così si deve fare! Non si può certo cavare il sangue dalle pietre. Non è colpa mia se nel 2004 si trovano così poche donne capaci di parlare còrso e recitare in lingua còrsa. Allora, occorreva una donna che parlasse in còrso e sapesse cantare. Non la potevo dunque fare io la parte di Colomba! Io non ho responsabilità di nulla: la distribuzione non l’ho fatta io. Punto e basta! Se la prendi in questo modo, farò come Pilato: me ne lavo le mani! Ha scelto U Teatrinu e la responsabilità è della compagnia teatrale. Mettetevi d’accordo con Cimino e non rimproverate più il regista che è venuto appositamente da Cagliari perché l’avete chiamato voi.
À l’attore chì face Orludanccio, chì pare indiferente à issu cuntrastu ?
Orlandaccio, perché non dici niente? Non ti interessa che siamo in questo imbroglio?

Barricini l’avucatu (zergosu) : Ma chì voli ch’ellu dica, issu casca è pianghji ! À ellu, l’interessa solu una cosa : i soldi ! a paca ! Pocu li impreme ciò ch’ellu face è ciò ch’ellu dice ! Basta ch’elli caschinu ed hè capace à dì n’importa chè ! Hè cunnisciutu cum’è u lupu biancu, in Corsica è in Cervioni…

Orlanducciu (toccu, risponde in modu vivu) : Vi sbagliate tutti quanti è dite quant’è un campu di lupini. Ùn hè cusì mancu à pena. Eiu parlu s’omu mi dumanda u mo parè ; è postu ch’è vo a pigliate cusì, a vi aghju da dì ciò ch’o pensu ! Pensu chì Mérimée hà fattu à bastanza disguasti cusì, cù issa visione nera è ridicula di a Corsica è di u nostru populu ! Pare ch’è vo ùn l’avessite micca lettu u rumanzu ! Ah ghjucà, ghjucate, ùn vi si pò rimpruverà nunda. Ma vi n’accurghjite un pocu tardi di ciò ch’è vo ghjucate…

Barricini l’avucatu: Ma postu ch’è tù sì cusì astutu, cusì criticu riguardu à u cuppione è u ritrattu di i Corsi, dì un pocu cum’è tù feresti, tù ? Cumu vedi e cose, s’è tù ùn accetti micca u sguardu di Mérimée ? Ne vedi un altru modu tù, s’ellu ùn hè alla francese !

Orlanducciu : È cumu chì u vecu ! è u vecu ancu bè ! À a taliana, u vecu, è ci stà d’incanti ci stà! Ed hè un ritrattu più bellu, più degnu, più gluriosu ! È sicuramente più ghjustu è più veru chè issi puttachji ch’ellu scrisse issu pariginu disprezzosu è schifignosu in quantu à u salvaticume di i Corsi ! Un populu immusitu, una schera di paisani muti, tetri è fanatichi ! Ùn la sapete chì propiu à listessu mumentu chì Mérimée si ridia di noi cusì, in Italia, ci era tutta una famiglia d’idee è di pensà chì si primura propiu di i Corsi è di a lezziò ch’elli avianu datu à u mondu sanu cù l’epupea di u Generale de Paoli ! È po, ùn era roba da vantà i sgiò, ma u populu iè, u populu….

Mentre l’altri attori si vede ch’elli anu da sente un discorsu cunnisciutu, u lume sminuisce è l’attori chì ghjocanu l’attu II si vedenu affaccà pianu pianu in l’ombralume di u fondu di scena. U lume stà una cria nantu à Orlanducciu chì cuntinua à vantà a Corsica è, à l’ultimu, i persunagi di a finzione fermanu soli in scena è smarrisce Orlanducciu…

Tenì, vulete sente ciò ch’elli pensavanu i Taliani à listesa epica :
La vera Corsica non istà mica negli ottimati, o nei ricchi, ma nei popolani, ed il popolo è profondamente italiano è ha fatto sentire il primo grido della libertà per sonare in tutto il paese.Ha fatto chiro al mondo la verità delle profezie del Rousseau, che diceva quell’isola chiamata dai cieli a molti gloriosi destini !...

Situazione VI

Salvatore Viale, Cesare Fabiani

In una stanza, duie persone parlanu in modu vivu. Unu, Salvatore Viale, hà una lettera in manu. L’altru, stampatore Cesare Fabiani, u stà à sente, più perplessu chè cunvintu.

Viale: Voi dovete pubblicare questo romanzo! Siete o non siete uno stampatore?

Fabiani: Non è affare semplice, caro Viale. È un impresa molto costosa, e io non sono sicuro di potermi sobbarcare le spese necessarie.

Viale: Eppure voi lo avete conosciuto il povero Antonio Benci. Sapete qual è il suo valore di scrittore. Sapete quanto ha amato la nostra isola.

Fabiani: Certo che l’ho conosciuto; mi ricordo di quanto tempo ha trascorso nel mio gabinetto letterario a leggere libri sulla nostra storia e sui nostri costumi…

Viale: Allora dobbiamo pubblicare questo libro, oppure trovare molti associati disposti a comprarlo, in modo da recuperare i soldi necessari alla stampa. Benci è morto nei giorni scorsi e il manoscritto del suo romanzo sulla Corsica è rimasto lì, sulla sua scrivania. Leggete quanto mi scrive da Firenze il nostro comune amico Giovan Pietro Vieusseux…
 

«Firenze 25 gennaio 1843

Mio caro Viale, vi scrivo questa lettera per annunciarvi la morte del nostro povero Antonio Benci. Se ne andato senza avere portato a termine la pubblicazione del suo romanzo storico sulla Corsica, scritto quando fu ospite, per ben tre anni, della vostra accogliente isola. L’ottusità del nostro governo, che lo aveva condannato per le sue idee liberali, lo spinse a cercar rifugio da voi, e voi, come fratelli, lo accoglieste con affetto. A me pare che il nostro compito sia ora quello di pubblicare questo libro, per l’onore della Corsica e dell’autore. Come voi sapete, avendo più volte letto il manoscritto, nel Piero d’Orezza sono contenute molte ed esattissime particolarità fino a ora sconosciute sulla storia del Paoli, sui costumi e sull’indole del popolo còrso. Dico esattissime perché da Benci attinte direttamente nei luoghi dove questa storia si è consumata, essendosi occupato attentamente delle vostre vicende e avendo fatto un lungo viaggio che lo spinse a soggiornare nei luoghi principali dell’isola. La necessità di portare alla luce questo libro mi sembra tanto più urgente ora, dopo la pubblicazione di quell’improvvido romanzo scritto da quell’ispettore francese dei monumenti che tanto discredito ha gettato sulla vostra gente, e tanto ancora ne getterà negli anni a venire. Perché rappresentare il popolo còrso, la sua indole fiera, il suo spirito libero, ricorrendo alla meschina macchinazione di un sordido episodio di vendetta? Perché non scegliere, come invece ha fatto il nostro Benci, di svelare al mondo, che troppo poco vi conosce, il vostro vero carattere raccontando le gloriose gesta del nobile Paoli? Quale migliore esempio del titanico sforzo compiuto da Paoli per edificare un popolo, una nazione, che sapesse reggersi con leggi proprie, che sapesse disciplinarsi superando i mille particolarismi che impediscono la convivenza civile? Non trovo un caso migliore di quanto fatto dal vostro Generale per rappresentare il vero carattere morale di un popolo. Benci lo ha fatto. Mérimée no! Ha preferito dipingervi attraverso i vostri vizi peggiori per soddisfare la morbosa curiosità per l’esotismo di qualche salotto parigino o di qualche madama annoiata della vita quotidiana. Certo, la vendetta è una piaga della vostra isola. Ma perché presentarla come una condizione ineluttabile del vostro essere? Perché non denunciarla come conseguenza dell’oppressione a cui siete sempre stati soggetti ad opera di governi tirannici? Come ha scritto il nostro povero amico, i vostri avi hanno sempre desiderato la libertà e la giustizia, ma nessuno dei governi dispotici a cui sono stati sottomessi le hanno mai garantite. È sempre stato necessario, per voi, combattere per ottenerle, e combattere con le armi, visto che la ragione non è stata sufficiente. Ma lo stare sempre con le armi in mano irrita e corrompe l’anima: e nel dispetto della mente, ogni dubbio è una trama, ogni minaccia è una guerra, e qualunque soperchieria diventa intollerabile. Ecco le vere radici della vendetta! Non è materia per un romanzo di evasione!
Voi lo sapete, io non ho mai visitato la vostra patria, ma ho potuto conoscerla leggendo le pagine del romanzo del nostro amico, e quelle scritte da molti miei compatrioti che sono stati costretti a cercare rifugio da voi per fuggire all’oppressione delle nostre tiranniche polizie. Per questo non ho alcun dubbio a rigettare come falso, e anche infamante, quanto scritto da quel romanziere francese sulle vostre origini. Come si può affermare che le vostre radici sono “galliche” solo perché il mentovato scrittore ha intravisto due pietre che gli hanno ricordato i dolmen druidici? Io credo che abbiate molto da rallegrarvi e onorarvi per la vostra attuale condizione di cittadini francesi. Ma affermare che esiste una anche pur minima somiglianza fra i còrsi e i bretoni, a me pare una vera eresia. Non ho dubbi a credere quanto narrato dal nostro povero Benci, e cioè che vi è tuttora una viva somiglianza tra i montanari còrsi e gli antichi romani: simili nell’educazione severa, nella frugalità del vitto, nella naturale facondia e perspicacia per le cose politiche; simile il genio nell’arte della guerra, simile il dialetto che ricorda quello che si parlava a Roma ai tempi di Rienzo.
Ma ora basta! Quanto vi ho detto mi sembra sufficiente per spingervi a cercare qualche associato nella vostra isola per poter pubblicare finalmente il romanzo del nostro amico, che potrà spazzare via molti dei malevoli giudizi che circolano sulla Corsica.

Attendo con ansia vostre notizie.
Il vostro
Giovan Pietro Vieusseux»

Situazione VII

I esiliatu talianu, II esiliatu talianu, III esiliatu (chì canta à a fine)

Piazza S. Niculà in Bastia. Una mattina spurgulata. Dui omi, di fronte à u mare, scrutanu l’orizonte, cumu in cerca di qualcosa ch’elli anu persu, forse qualcosa ch’elli ùn puderanu più avè…

I Esiliatu: Eccola! Riesci a vederla? È la Toscana, la nostra patria. Sono passati ormai quattro anni da che siamo qui.

II Esiliatu: Sì, la vedo! Quattro anni da quando siamo stati costretti a fuggire in Corsica per evitare la furiosa reazione della polizia. Volevano metterci in galera, privarci della libertà, e solo perché abbiamo amato la nostra patria più di altri, solo perché abbiamo voluto che l’Italia fosse governata dagli Italiani, e non dai Tedeschi. Sono ormai quattro lunghi anni che siamo qui. Riusciremo mai a ritornare? Sarò nostro destino rimanere per sempre su quest’isola?

I Esiliatu: Questa, mio caro amico, è la terra classica dell’esilio, dove fin dall’antichità si sono recati gli italiani che alla servitù allo straniero hanno preferito anteporre l’abbandono del loro paese. È vero. Sono molti anni che soggiorniamo qui, e forse dovremmo restarci ancora a lungo. Ma non bisogna disperare più di tanto. Quest’isola mi sembra un angolo d’Italia e mi piace assai di più della tanto vantata Parigi.

II Esiliatu: Sì, condivido quello che dici. Se venni su questo scoglio è perché di qua posso vedere i monti della Toscana e perché ascolto la mia lingua.

I Esiliatu: I nostri amici Còrsi ci hanno dimostrato in più occasioni il loro affetto e il sostegno per la nostra causa. Ci hanno aiutato a sopravvivere, ci hanno sfamato, mettendoci a disposizione quel poco che avevano… ma non tutti i Còrsi! È il popolo che ci ha aiutato!

II Esiliatu: Sacrosante parole! La vera Corsica non sta certo nei grassi borghesi di Bastia, che scimmiottano in tutto e per tutto le usanze del continente. Cercano di parlare francese e si vergognano di usare la loro lingua, l’italiano. Il risultato? Un incomprensibile e ridicolo miscuglio di lingue: non è francese e non è italiano!

I Esiliatu: Nei villaggi dell’interno, invece, nelle valli e sulle montagne, la lingua non è corrotta. Che delizioso dialetto. Arcaico. Musicale. Vigoroso. A me pare uno dei più puri della nostra lingua.

II Esiliatu: Anche la popolazione è vigorosa, nell’indole e nell’animo. Quelli sono i veri Còrsi che hanno seguito il glorioso Paoli nelle molte battaglie contro gli improvvidi genovesi e contro le potenti divisioni borboniche. Forse, ben presto questi Còrsi potranno mettere il loro braccio a disposizione del nostro risorgimento nazionale, aiutandoci a cacciare gli Austriaci dal suolo patrio.

I Esiliatu: Può darsi, ma non credo che il loro contributo alla nostra causa possa essere questo. Il Risorgimento è compito nostro, è una nostra responsabilità. Dobbiamo cacciare lo straniero contando solo su noi stessi. La Corsica però può aiutarci in altro modo. Deve essere la musa ispiratrice della nostra lotta. I Còrsi sono nostri fratelli, sono sangue del nostro sangue. La storia lo dimostra. Non più di cinquant’anni fa sono stati capaci di combattere, sotto la guida illuminata di Paoli, nemici assai temibili, spinti dal solo desiderio di libertà e di indipendenza. I Còrsi hanno indicato agli Italiani la strada da seguire. Occorre essere intraprendenti, attivi, coraggiosi, disposti a morire per l’ideale! Gli Italiani, invece, si trincerano dietro le loro oziose piume, e scrivono, scrivono…

II Esiliatu: È vero! La storia ci ha dato molti esempi di piccoli popoli indomiti che hanno lottato fino allo strenuo per la propria libertà: i valorosi montanari scozzesi contro il crudele Plantageneto, il coraggioso Guglielmo Tell per l’indipendenza della sua verde Svizzera, e il glorioso Paoli, che con i suoi Còrsi ha tenuto in scacco per anni la declinante Dominante e la temibile Francia. Gli Italiani invece, scrivono e si azzuffano, si dividono su quello che scrivono… Riusciremo mai ad imparare da questi luminosi esempi?

I Esiliatu: Eccole, le vedi le bianche montagne di marmo? Vedi come risplendono? Là c’è il nostro popolo…

Mentre ch’elli parlanu, u terzu esiliatu chì era statu mutu è fermlu si move è mette à cantà :

A te, come a donna ancora sconosciuta

Che la voce e il portamento ci fa innamorare,
Oh Corsica, pensai con amore lieto
Quando vidi spuntare le Sanguinarie,
Tue figlie gemelle, che il mare bacia
E le apre il capo e orna di fiori i lembi

Terra italica sei: nelle accorate ballate
Funebri delle tue donne
Si ascoltano i suoni che amò il mio Dante
Alla ricchezza del suolo veneto
Alle balze del ripido Niolo
Lo stesso albero affidò i suoi semi

Ebbe anche l’Italia anticamente i suoi tiranni;
Li affrontò e li sconfisse, e di famose fatiche
Per agognate aspirazioni bella salì;
E da Amalfi a Milano, da Adria a Tortona,
Fitte, come i pini di Vizzavona,
città combattive pullularono un giorno

Sempre Italia sarai. Sento venire
Dai versi un’armonia che al momento della mia partenza
Tra i poggi e le acque di Bastia, prende il volo.
Come sulle pendici d’Arquà
Così dei tuoi cedri nelle felici
Aure, Venaco, cantò l’usignolo.

Ombre italiche siete. E spesso la sera
Sulle onde brune e mute poste in lunga fila
Vi vidi cercare con amore pietoso
Le spiagge d’Italia. Tornate nel vostro luogo natio
o benedette ombre; avrete un giorno
grandi riconoscimenti e onori di preghiere.

Situazione VIII

Regista, Barricini l’avucatu, Miss Nevil, Orsu, Culomba, Orlanduccio
Si torna à u tempu spaziu di a ripetizione cù a cumpagnia di l’attori ingiru à u regista.

Regista : Allora ragazzi, che cosa facciamo ? Colomba la facciamo al modo francese o in salsa italiana stile Ottocento ? Bisogna prendere una decisione perché il tempo corre…

Barricini l’avucatu : Eo ùn vogliu influenzà à nimu, ma l’una è l’altra rapresentazione sò maghjine ùn sò cumu dì... vechjottule è artifiziale. Ùn ci currispondenu mancu stampa

Miss Nevil : Iè, và bè, ma a verità storica, i ducumenti di l’epica ùn si ponu micca trascorre cusì faciule. U fattu si stà chì a vindetta hè un fattu tracunnisciutu è chì i morti ci sò stati...

Orsu: U fattu ùn hè custì. I morti è a viulenza ci sò stati è ci sò, in Corsica cum’è in altrò. Un’altra cosa sò a literatura è l’arte. Quessi ponu agisce nantu à a realità è ponu ancu, in un certu modu, fà cambià e cose è rende l’omu micca più bonu, ma forse menu pessimu. Ma ùn hà nunda à chì vede cù a storia è a verità. L’arte, a storia è a verità sò affari chì, s’ellu si và à circà, anu pocu à chì vede unu cù l’altru. À u fondu mi impreme pocu di sapè s’è Culomba Bartoli hè propiu stata quella donna nera, trista è una cria feroce ch’ellu hà ritrattatu Mérimée.

Culomba : Parla per tè, parla. S’ellu si và à circà, Culomba a vera hè ancu più nera chè quella di u rumanzu. È po prima, ci hè u locu, Fuzzà, vicinu à Prupià è Arbiddara, un paese cù i so casamentoni tutti accintu à vigneti è castagneti à quelli tempi. Digià in tempi di a Rivuluzione ci eranu i dui partiti . chì si tazzavanu. "u partitu supranu" da una banda direttu da i Paoli è i Durazzo, è "u partitu suttanu" da l’altru latu, cumandati da i Carabelli, i Bernardini è i Bartoli.

Regista : Giusto ! Tutte le relazioni e i diari dei viaggiatori italiani che ho letto descrivono un paese con un incridebile aspetto guerriero, dove lavoravano solo i paesani che non erano impegnati nei partiti e, di conseguenza, non erano partecipi della vendetta…

Orsu :È ancu ! Puru quessi avianu a zappa in manu ma u fucile à collu !

Regista : Giusto. E tutti gli altri stavano chiusi nelle case con le finestre tappate con mattoni e con pietre. In quella regione infatti, all’inizio del 1800, tutta la gente sapeva che il capo del partito soprano era una donna, la Bartoli, il cui nome era Colomba. Nel momento in cui queste violenze si fecero più dure, la donna aveva circa sessant’anni. Come si vede nel romanzo quando arriva il prefetto, le autorità pubbliche avevano provato tante volte a riportare la pace tra le due famiglie. Già alla fine del 1802, il prefetto del Liamone aveva riconciliato i nemici spingendoli a sottoscrivere un trattato. Dopo di che, si ritrova il Generale Morand…
Orsu : L’infamu di Morand !
Regista : Basta, qui non facciamo politica ! Proviamo a fare teatro… è arte ed è già una cosa non facile ! Che cosa dicevo ?
Culomba : di Morand !
Regista: Grazie ! Or dunque il generale Morand, governatore militare della Corsica, fu costretto anche lui a intervenire. L’anno XII della Repubblica, il 3 termidoro, si recò Fozzano e fece chiamare i notabili di quel cantone…
Barricini l’avucatu : Ma fate lu stà zittu! À questu quì, li date a manu è si piglia u bracciu sanu, è po hè ancu capace à ingolle si à voi tutti, u pubblicu, u Museu, a cità di Corti è l’isula sana sana! Allora basta avà! Femu arte è teatru, noi! A storia hè bella è bona ma u teatru hè un’altra cosa! Un altru mondu, fattu di sogni, di sangue è à le volte di lume sulare. Eo ùn vogliu sapè s’ella hè vera chì Edippu si hè maritatu cù a mamma è s’ellu hà avutu cù ellu a capivana di Isimena, a grinta d’Antigona è i furdani di Eteoculu è Puliniziu. Mi interessa u dissegnu stilizatu. U persunagiu tragicu.L’eroe in literatura cum’ellu l’hà dipintu Sofocle. U rè di Teba sì, ma u ritrattu supranu di a disgrazia fatta omu. U Cristu prima di Cristu. L’Edippu cecu quand’ellu parte pè issu mondu a strascinà e so sciagure è chì u so lagnu colla colla sinu à tuccà e stelle...
Regista: Va bene, ma comunque, il dì 30 decembre 1833, François Bartoli, il figlio della vera Colomba…
Orsu : Innò, basta cù a verità storica. In u mondu di l’arte, quessa ùn hè chè u puntu da duv’ellu si parte. Una scusa è dopu intervene l’ingeniu creativu di u rumanzeru, di l’omu di teatru …
Regista: Ma questo lo sappiamo tutti, lo sanno perfino i ragazzi che fanno la scuola media. Non abbiamo bisogno di ripetere queste cose evidenti. Conta una sola cosa : quale Colomba volete rappresentare sul palcoscenico, se non vale per voi né la Colomba vera della storia né la Colomba inventata da Mérimée ?
Miss Nevil : Ma ti l’hà detta u nostru amicu (insegna l’attore chì ghjoca Barracini), per noi conta u lagnu pateticu di l’Edippu cecu quand’ellu sbocca à e porte di Culonna è ch’elli l’accoglie u coru di i vechji è ch’elli cantanu i so guai…
Barricini l’avucatu : … conta u voceru di Culomba più chè u so ritrattu ! Pocu impreme s’ella hè cum’è in u rumanzu qualchì statula di a vindetta o cum’ella dice a storia, una vechja chjuccuta è ostinata chì tutta a pupulazione di Fuzzà à l’ultimu si hè rallegrata di vede la lacà u paese è andà si ne à stà cù a figliola in L’Ulmetu. Conta a so ballata, conta a so voce chì ciotta sin’à l’infernu è porta l’inghjulia di l’ombre per sopra à l’alte cime di a terra di l’omi !
Orlanduccio : È pocu impreme dinù u ritrattu di e virtù di l’antichi Corsi, s’elli sò stati veri cusì cum’ellu l’hà fatti Niccolò Tommaseo o a truppa di l’esiliati taliani in Corsica chì l’isula a vulianu taliana da sullevà e so sfurtune. Conta per noi u so cantu pateticu alzatu da a sponda surella…
Regista: Ho capito, ragazzi, ora ho capito quello che volete. Per rappresentare quello che voi provate in questo preciso momento di fronte a questa immagine di voi stessi che hanno forgiato le letterature dell’esterno, il discorso, la parola, sono inopportune. È il teatro che deve farsi voce. Ampia, comune, eterna e attuale. Non una qualsiasi rappresentazione razionale, non storia reale, non cronache, non ritratti di grandi figure eroiche. Niente di tutto questo. Il canto. Il canto. È la forma di teatro che meglio si addice a noi e che scegliamo questa sera. Il canto che si innalza, che riempie l’aria e penetra nella pietra. Non è più soltanto la parola e non è ancora la sola musica a comunicare. Una complicità incontestabile che stringerete fra voi e con voi stessi in modo poetico. Queste cose vanno al di là delle parole e dei testi, e noi, gente di teatro, dobbiamo essere consapevoli che la Colomba che abbiamo dentro non potrà esprimersi meglio che nel suo canto.
Mentre ch’ellu parla ripiglia u voceru di Culomba

Situazione IX

Orsu, Miss Nevil

Per sta scena finale si prupone un altra manera di principià u spettaculu chjamatu Ma chì Culomba ?
I dui attori chì facenu Orsu è Miss Nevil sò trà mezu à u publicu è discorrenu unu è l’altru in corsu quand’ellu principia u spettaculu. Si accendenu i lumi è si spenghje u spaziu di u publicu. Piglianu è si tiranu tremindui à pena più in là duv’ellu hè u spaziu scenicu. Sò vestuti à modu neutru è piglieranu qualchì accessoriu da figurà i rolli ch’elli diventanu quand’elli principianu à recità.

Orsu : Bon ! a ci femu un’altra volta….

Miss Nevil : D’accordu. Ma sta volta, mi lachi di più rispiru trà una replica è l’altra.

Orsu : Hè detta chì ci hè una tensione in u persunagiu….

Miss Nevil : Tensione sì, micca pressione. Miss Nevil hè in vacanze. Hè una giovana, rumantica, spenserata, ci vole ch’è tù mi lachi u tempu di fà mi à i to penseri…

Orsu : Ma eo sò inchietu, capisci. Ci dice quellu (insegna in u locu qualunque a presenza di u regista) chì Orsu ùn hè micca tranquillu. Hè pocu tempu ch’ellu hà messu u pede in Corsica dopu à tanti anni passati fora.

Miss Nevil (una cria spazientata) : Iè, và bè, a sapemu. Soca per ghjucà à Mérimée, ùn ci hè bisognu à fà ne un cuncistoriu. Alè, andemu ?

Orsu : Andemu puru….

(una stundarella si arricoglienu è principianu…..)

FINE

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