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Ducumentu
Les habitants des montagnes

De nombreux conflits ont marqué l'histoire de Sartène et de sa région. La terre a fait l’objet d’âpres affrontements tout au long des siècles sous l’occupation génoise et par la suite. L’exploitation d’une main d’oeuvre pauvre pour travailler les terres des notables, les sgiò, s’est soldée par des conditions sociales déplorables. Les plus démunis se sont vus contraints de quitter leurs villages de montagne et de venir s'installer dans la plaine. A Sartène même, ils ont longtemps été relégués dans le "borgu", c’est-à-dire hors des murs de la ville. Aussi les relations entre les gens de Sartène et ceux de la montagne apparaissent-ils aux yeux de l’historien (selon Catherine PETR, Strade n°3, 1995) comme une suite de lutte de classes, de conflits et de rejets divers. Aujourd’hui encore dans le discours des habitants se reflètent les représentations issues de cet état ancien des relations ville-montagne.

Les gens de Sartène affirment être très liés avec la région montagneuse de l'Alta Rocca qui n’est pas comprise comme une barrière dans la micro-région sartenaise, mais comme le territoire où se déroule les différents aspects de la sociabilité locale : les mariages, les liens de parenté, les événements (fêtes, enterre­ments) en sont les manifestations les plus fréquentes.

Les artisans et agriculteurs de la Rocca vendent leurs produits  aux consommateurs sartenais, la ville-sous-préfecture accueille les différents citoyens locaux pour leurs démarches administratives. Inversement les Sartenais fréquentent régulièrement les espaces de la montagne voisine: promenades, ramassage des châtaignes, visites à des parents ou des amis, fêtes, bien que ces relations apparaissent bien maigres par rapport aux pratiques de sociabilité et d'hospitalité d’il y a quelques décennies.

Tout en rappelant leurs origines montagnardes et en particulier par rapport à Zicavu, les habitants de la ville s’estiment fortement citadins et se définissent avant tout comme sartenais.

Leurs représentations les relient fortement aux habitants de l'Alta-Rocca et de Portivechju et paraissent les éloigner de Zicavu, Prupià et Bunifaziu, malgré la proximité géographique.

C’est donc des "Rucchisgiani" que les gens de Sartène se disent proches.